La ville d'Habila, dans la province soudanaise du Darfour Occidental  (IPhoto: MSF)
International

Le Soudan met fin à la peine de mort pour apostasie

Le gouvernement soudanais a annoncé le 11 juillet 2020 l’abolition de la peine de mort pour apostasie de l’islam. Petit à petit, le pays renonce à une application stricte de la charia imposée par le dictateur Omar el-Béchir renversé en 2019.  

D’autres mesures ont été adoptées, parmi lesquelles l’interdiction de l’excision des filles et la possibilité pour les chrétiens d’importer, de vendre et de consommer de l’alcool, rapporte le journal La Croix. Le ministre de la justice, Nasr al-Din Abdel-Bari, a présenté lors d’une émission télévisée, le 11 juillet, une série de mesures adoptées par le gouvernement de transition.

La plus forte de ces décisions est l’abandon de la peine de mort en cas d’apostasie de l’islam, c’est-à-dire pour les musulmans décidant de quitter leur religion. L’objectif, a assuré Nasr al-Din Abdel-Bari, est de «garantir la liberté de religion et l’égalité en matière de citoyenneté et d’application du droit».

Garantir leurs droits aux non-musulmans

Le risque de la peine capitale pour apostasie au Soudan avait suscité à plusieurs reprises l’indignation de la communauté internationale. En 2014, une jeune femme chrétienne avait ainsi été condamnée à mort pour ne pas avoir suivi la religion de son père musulman mais n’avait pas été exécutée en raison des pressions internationales.

Interdiction de l’excision

Parmi les autres nouveautés de cette législation, figurent l’interdiction de l’excision – désormais passible de trois ans de prison – et le droit pour les femmes de voyager avec leurs enfants sans avoir une autorisation de leur mari.

L’alcool permis aux chrétiens

Autre mesure favorable à la petite minorité chrétienne du pays : la possibilité pour les chrétiens d’importer, vendre et consommer de l’alcool. «Nous voulons garantir leurs droits aux non-musulmans», a déclaré la ministre de la justice. En revanche, l’interdiction de consommation d’alcool s’applique toujours aux musulmans. Et si un musulman venait à être surpris en train de boire de l’alcool avec un chrétien, celui-ci pour être accusé de complicité.

Ces nouvelles dispositions ont suscité l’ire du prédicateur islamiste Abdel-Hay Youssef, féroce opposant au Conseil de souveraineté mis en place après la chute d’Omar el-Bechir. Il a estimé qu’elles constituaient «une guerre contre les vertus et une agression contre la religion et l’identité de la nation«. (cath.ch/cx/mp)

La ville d'Habila, dans la province soudanaise du Darfour Occidental (IPhoto: MSF)
14 juillet 2020 | 16:52
par Maurice Page
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