Mexique: La communauté gay de San Elredo obligée de se retirer du diocèse de Saltillo
Le soutien de Mgr Raul Vera Lopez sous le feu de la critique
Saltillo, 2 août 2011 (Apic) La communauté catholique gay de San Elredo, qui lutte contre la discrimination des homosexuels, s’est vue obligée de se retirer du diocèse mexicain de Saltillo, à la frontière américano-mexicaine. Elle entend ainsi préserver son évêque, Mgr Raul Vera Lopez, qui fait l’objet d’une enquête de Rome.
L’évêque de Saltillo, une figure de la lutte pour les plus défavorisés (*), est depuis des mois sous le feu de la critique de l’agence catholique Aci Prensa, basée à Lima. Il est accusé de soutenir des revendications des homosexuels contraires à l’enseignement catholique.
Le prélat dominicain, dénoncé par des catholiques conservateurs locaux et dans le collimateur du crime organisé, doit répondre au Vatican à une série de questions sur son travail avec les homosexuels, a-t-il confié à la presse. En cause, le soutien apporté par cet évêque progressiste à la communauté de San Elredo, une association fondée par le prêtre américain Robert Coogan et jusqu’à présent intégrée au travail pastoral du diocèse.
Accusé de défendre des positions contraires à l’enseignement de l’Eglise
En défendant la communauté de gays et lesbiennes catholiques, l’évêque est accusé par certains paroissiens de défendre des positions contraires à l’enseignement de l’Eglise.
La communauté de San Elredo a annoncé en début de semaine qu’elle continuera à travailler en dehors du diocèse avec les catholiques homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels à partir du Plan pastoral diocésain. C’est le coordinateur de la Commission pour la Pastorale de la diversité sexuelle d’El Saltillo, Fernando Gonzalez, qui s’occupera des aspects purement spirituels. Il va continuer les activités tendant à fortifier la spiritualité des catholiques formant la communauté homosexuelle, comme les retraites et les messes, mais il ne participera plus aux événements organisés en dehors de ce contexte.
Des personnes qui ont une place dans l’Eglise
Les prises de positions sociales et politiques concernant les revendications des gays – comme le Pacte civil de solidarité, pour les couples homosexuels – seront à la charge d’une association civile. Questionné par l’agence de presse catholique américaine CNS, Mgr Raul Vera Lopez a déclaré vouloir «résoudre la totalité de ce genre de question, et je vais le faire volontiers parce que je suis un évêque catholique».
L’évêque de Saltillo a défendu le ministère auprès de la communauté homosexuelle, souvent vue comme une pestiférée, affirmant qu’il est basé sur l’Evangile. Il veut promouvoir une protection des droits de l’homme étendue en aidant ces personnes à développer un sens d’appartenance «spécialement parce qu’il ne leur est pas toujours facile de se sentir les bienvenues dans l’Eglise en général».
Mgr Raul Vera Lopez explique que ce ministère «est basé sur une attention personnelle, une attention spirituelle, … qui montre qu’elles ont une place dans l’Eglise, qu’elles sont traitées comme des personnes pleines de dignité». L’évêque a accusé les rédacteurs de l’agence catholique ACI Prensa de caricaturer son travail et de l’accuser d’être opposé au magistère de l’Eglise. «Malheureusement, ils sont mus par des préjugés et une phobie contre la communauté homosexuelle», a-t-il déclaré à la presse.
(*) Pourfendeur des narcotrafiquants qui ont pignon sur rue au Mexique, Mgr José Raul Vera Lopez, âgé de 66 ans, a reçu le 7 novembre dernier à Bergen, en Norvège, le Prix Rafto 2010 pour sa lutte en faveur des droits de l’homme et de la justice sociale dans son pays natal. L’évêque de Saltillo fut, pendant l’insurrection zapatiste des années 90, coadjuteur du fameux évêque des Indiens du Chiapas Dom Samuel Ruiz Garcia – appelé affectueusement «Tatic» par les Indiens -, à San Cristobal de Las Casas, au Chiapas. Défenseur sans relâche des migrants, des peuples indigènes et des autres groupes à risque dans la société mexicaine, Mgr José Raul Vera Lopez est un critique sans concession des abus de pouvoir commis par les puissants. (apic/cns/com/be)