Le travail des enfants en recul en Asie
Le travail des enfants est globalement en recul dans le monde, constate le 12 juin 2025 un rapport de de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de l’Unicef. Le recul en quatre ans est de 22 millions. Toutefois, 138 millions d’enfants restent victimes de ce fléau, particulièrement dans l’agriculture et l’économie informelle.
A l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants le rapport conjoint de l’OIT et de l’Unicef, constate que près de 138 millions d’enfants en sont toujours victimes de l’exploitation au travail à l’échelle mondiale. Ce chiffre reste alarmant et éloigné des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. Il représente néanmoins une baisse de 22 millions en l’espace de quatre ans – après une augmentation entre 2016 et 2020.
Baisse significative en Asie
La région Asie-Pacifique est celle qui a enregistré la baisse la plus significative, passant de 5,6% à 3,1% d’enfants au travail, (de 49 à 28 millions). Alors que le nombre d’enfants a augmenté de 230 millions à l’échelle mondiale depuis 2000, on compte environ 108 millions d’enfants travailleurs en moins sur la même période, soit une baisse de 44 %.
«Les conclusions de notre rapport offrent de l’espoir et montrent que les progrès sont possibles. Les enfants sont censés être à l’école, pas au travail », souligne le directeur général de l’OIT, Gilbert F. Houngbo. En effet, 59% des enfants de 5 à 14 ans victimes d’exploitation par le travail n’iront jamais à l’école.
Selon le rapport, outre les campagnes et les efforts de sensibilisation, la croissance économique en Asie est la principale cause du recul du travail des enfants.
87 millions d’enfants au travail en Afrique
Par contraste, l’Afrique subsaharienne continue de subir de plein fouet le travail des enfants, avec près des deux tiers de l’ensemble des enfants concernés à l’échelle mondiale soit environ 87 millions.
L’agriculture reste le secteur dominant pour le travail des enfants (61%), suivi des services (27%) tels que les emplois domestiques et la vente sur les marchés, et enfin l’industrie (13%) dont l’exploitation minière et les chaînes de production. Ces pourcentages s’appliquent également à l’Asie et au Pacifique.
Des défis particuliers pour l’économie informelle
«La lutte contre le travail des enfants dans l’agriculture comporte des défis particuliers », explique Insaf Nizam, spécialiste de l’Asie du Sud de l’OIT. Le secteur rural, est difficile à contrôler et à inspecter, car basé sur des systèmes familiaux et informels». Une attention particulière sur la chaîne d’approvisionnement agricole semble être une stratégie gagnante.
Les chaînes logistiques globales sont toujours plus conscientes des violations des droits de l’homme et sont contraintes de respecter les normes légales. Sans parler de leurs soucis de réputation qui les poussent à faire supprimer le travail des enfants, explique Insaf Nizam.
Les garçons plus touchés que les filles?
Les garçons sont plus susceptibles d’être impliqués dans le travail des enfants que les filles, quel que soit l’âge. Mais pour ce qui des travaux domestiques non payés de 21 heures et plus par semaine, les filles sont nettement plus nombreuses.
Pour l’Asie-Pacifique, les normes de genre restent très conservatrices et placent un poids disproportionné sur les filles et les femmes qui doivent assumer les responsabilités ménagères. En outre le travail est défini comme une activité à l’extérieur du foyer ou qui génère un revenu. Donc le travail des filles qui participent aux tâches ménagères durant de longues heures n’est pas reconnu par la société.
Les Objectifs de développement durable restent hors de portée
Les progrès restent trop lents pour permettre d’atteindre les Objectifs de développement durable qui visaient la suppression du travail des enfants en 2030.
Le vieillissement progressif de la population asiatique pourrait contribuer à ralentir les progrès enregistrés dans la région à ce jour. Cette tendance signifie qu’il y aura un poids toujours plus lourd à porter pour les familles, et qui risquera d’être partagé de manière disproportionnée par les enfants et les femmes. Le travail d’enfants ne doit pas devenir la principale stratégie d’adaptation pour les familles face aux difficultés, conclut, Insaf Nizam. (cath.ch/adextra/mp)