Le Vatican confirme une enquête sur un garde suisse soupçonné d’acte antisémite
À la suite d’un incident qui a défrayé la chronique ces derniers jours, le comportement d’un Garde suisse fait actuellement l’objet d’une enquête, a confirmé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, ce 10 novembre 2025. D’après deux plaignantes, le soldat du pape est soupçonné d’avoir commis un acte à caractère antisémite pendant son service.
Sans rendre encore ses conclusions, le Vatican évoque la possibilité d’un malentendu survenu lors d’une demande de photo de visiteurs.
La Garde suisse pontificale, petite armée de 135 hommes, a reçu un signalement pour un épisode durant lequel «auraient été relevés des éléments interprétés comme présentant des connotations à caractère antisémite», informe Matteo Bruni. D’après les informations d’I.MEDIA, les faits se seraient déroulés le 29 octobre au niveau de l’Arc des cloches, l’un des accès de l’État de la Cité du Vatican situé au pied de la basilique Saint-Pierre, et gardé en permanence par deux gardes suisses.
Attitude de mépris?
Deux femmes seraient impliquées: Michal Govrin et Vivian Liska, deux filles de survivants de la Shoah, venues à Rome avec une délégation internationale juive pour l’anniversaire de la déclaration Nostra Aetate – texte du Concile Vatican II qui a redéfini les relations entre l’Église catholique et les autres religions, et condamné l’antisémitisme. Selon la version de Michal Govrin qui s’est confiée à l’agence de presse catholique autrichienne Kathpress, un soldat de la Garde suisse en poste aurait lancé «’les juifs’ avec un profond mépris» lors de leur passage pour se rendre de la Salle Paul VI à la place Saint-Pierre à l’occasion de l’audience générale.
Toujours selon l’auteure israélienne, Vivian Liska, directrice de l’Institut d’études juives d’Anvers, se serait alors tournée vers le garde: «Vous avez dit ›les juifs’». Le soldat aurait nié, puis «fait mine de cracher dans notre direction avec un mépris évident». «Lorsque nous avons porté plainte auprès des autorités du Vatican, le responsable s’est excusé abondamment et a assuré que le garde ferait l’objet d’une enquête», ajoute Michal Govrin.
Pour une demande de photo?
L’affaire fait actuellement l’objet d’une «procédure interne de vérification», assure le Saint-Siège, se prévalant des «principes de confidentialité et d’impartialité» pendant la phase d’investigation. Il précise cependant que «sur la base d’une reconstitution préliminaire, le signalement ferait référence à un différend survenu à l’occasion d’une demande de photo auprès du poste de service».
Dans les cercles proches de la Garde suisse, on explique que des incidents peuvent survenir pendant les services. Les militaires, souvent sollicités pour des photos improvisées, sont régulièrement contraints d’y opposer un refus parfois abrupt — ce qui peut, à l’occasion, dégénérer. Lorsque des plaintes remontent à la Garde suisse, ses responsables engagent des vérifications et font en sorte d’aboutir à une conciliation.
Quoi qu’il en soit, alors que l’enquête est toujours en cours, la plus petite armée du monde réaffirme son engagement constant au «respect de la dignité de chaque personne ainsi que des principes fondamentaux d’égalité et de non-discrimination». (cath.ch/imedia/ak/rz)





