Le collège éthiopien se situe en haut de la colline vaticane, entouré de magnolias et de conifères (Photo: dr)
Vatican

Le Vatican méconnu: le collège éthiopien

Rome, 18 juin 2015 (Apic) Situé en haut de la colline vaticane, entouré de magnolias et de conifères, à l’ombre de la coupole de la basilique Saint-Pierre, se trouve un lieu particulièrement méconnu du grand public: le collège pontifical éthiopien, au service de l’Eglise d’Ethiopie et d’Erythrée depuis 1481. Lié à la petite église Saint-Etienne-des-Abyssins, d’abord hospice réservé aux pèlerins et aux malades, il héberge peu à peu des étudiants, avant de devenir officiellement un séminaire au 20e siècle. Aujourd’hui, le collège est un lieu d’accueil, mais surtout de rencontres, notamment œcuméniques.

Le premier document attestant de la présence de pèlerins éthiopiens à Rome date de 1351. En 1481, Sixte IV (1471-1484) dédie l’hospice situé derrière la basilique Saint-Pierre à l’Eglise d’Ethiopie et d’Erythrée et renomme la petite église de Saint-Etienne-le-Grand en Saint-Etienne-des-Abyssins. Comme depuis des centaines d’années, l’hospice continue alors d’héberger les pèlerins, les malades et les personnes démunies se rendant à Rome, particulièrement ceux d’Abyssinie, l’empire d’Ethiopie.

Lieu d’accueil et d’études

Cet hospice tombe peu à peu en désuétude jusqu’en 1919. Les pèlerins sont alors remplacés par un nombre croissant d’étudiants et l’afflux devient si important que Benoît XV (1914-1922) décide de la création d’un collège pontifical. Encore aujourd’hui, une inscription en tigrinya, langue officielle en Erythrée et Ethiopie, rappelle au-dessus de l’entrée cette décision. Pie XI (1922-1939) finalise le projet et inaugure en 1930 le séminaire pontifical éthiopien, aménagé dans un bâtiment plus vaste par son architecte de confiance, le piémontais Guiseppe Momo, et permettant aux séminaristes d’Abyssinie de venir suivre leurs études ecclésiastiques à Rome.

Le collège est construit de manière très simple, de style roman-gothique, en forme de fer à cheval, à flanc de colline entre le Gouvernorat et la grotte de Lourdes. Il possède une bibliothèque, un petit musée et une chapelle de style éthiopien, avec une iconographie typique. Les séminaristes occupent les lieux jusqu’en 1977, remplacés ensuite par des prêtres venus d’Ethiopie ou d’Erythrée, étudiant dans les diverses universités pontificales.

Aujourd’hui, deux franciscains éthiopiens ont succédé aux Lazaristes pour s’occuper du collège, devenu entre autre un lieu de rencontres, notamment entre les évêques catholiques et orthodoxes. Benoît XVI s’y est rendu en 2005, à l’occasion d’une visite Ad limina des évêques d’Ethiopie et d’Erythrée, lors de la célébration du 75e anniversaire de l’inauguration de l’édifice actuel. Le cardinal Angelo Sodano s’est installé dans un vaste appartement au sein du collège éthiopien, un an après avoir quitté ses fonctions de secrétaire d’Etat. Le coll&egr ave;ge garde toujours sa fonction d’hébergement, en particulier pour les prêtres originaires d’Ethiopie.

Saint-Etienne-des-Abyssins

L’église la plus ancienne du Vatican se situe juste derrière le chevet de la basilique Saint-Pierre, à droite du palais du Tribunal. Sa fondation remonte à Léon Ier (440-461) qui lui donne le titre de Saint-Etienne-le-Grand. Elle était associée à l’hospice qui accueillait les pèlerins d’Abyssinie. En 1479, Sixte IV la confie aux moines coptes et en change le nom, pour montrer qu’elle est servie par des Ethiopiens.

Aujourd’hui, elle est toujours rattachée au collège éthiopien, mais fait partie de la vie du Vatican au même titre que les autres églises du petit Etat. Ainsi, Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier de Benoît XVI, y a célébré ses 25 ans de sacerdoce en 2009. En 2011, Benoît XVI lui-même est venu se recueillir sur la dépouille d’une laïque de la communauté des Memores Domini, au service des appartements pontificaux pendant de nombreuses années. La petite église accueille aussi parfois des mariages d’officiers de la Garde Suisse ou de gendarmes du Vatican.


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.

Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.

Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.

Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/pp)

Le collège éthiopien se situe en haut de la colline vaticane, entouré de magnolias et de conifères
18 juin 2015 | 11:19
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 4 min.
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