Rome: Discours vigoureux du représentant du Patriarcat de Moscou au Synode
Le Vatican n’a toujours pas publié l’intervention du métropolite Hilarion
Rome, 24 octobre 2014 (Apic) Invité par le pape François parmi les «délégués fraternels» du Synode des évêques sur la famille au Vatican, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, a prononcé un discours vigoureux dans la Salle du Synode, à huis clos, dans la soirée du 16 octobre 2014. Une semaine plus tard, le Vatican n’a toujours pas rendu public cette intervention au cours de laquelle le président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a dénoncé l’attitude de l’Eglise gréco-catholique en Ukraine mais aussi «l’influence du relativisme moral», y compris «chez de nombreux chrétiens». Il a aussi fait l’éloge de l’ordination sacerdotale d’hommes mariés.
Alors qu’il a publié les interventions de tous les autres représentants des Eglises chrétiennes, le Vatican s’est abstenu jusqu’alors de diffuser l’intervention du «numéro deux» de l’Eglise russe orthodoxe, disponible en revanche sur le site Internet du Patriarcat de Moscou. Le métropolite Hilarion, sortant du thème du synode, a en effet dénoncé le «rôle-clef» de l’Eglise gréco-catholique dans le conflit en cours en Ukraine. En présence du pape François, il a accusé les Uniates – en communion avec Rome – de «coopérer activement avec des groupes schismatiques», à savoir l’Eglise orthodoxe nationale indépendante, dirigée par le patriarche Filarète, créée en 1992 après la chute de l’URSS et en opposition avec le Patriarcat de Moscou.
L’Eglise gréco-catholique interpellée
«Au nom de l’Eglise orthodoxe russe et de ses nombreux millions de fidèles, a affirmé le métropolite Hilarion, je voudrais désormais m’adresser aux représentants de l’Eglise gréco-catholique présents dans cette salle pour leur demander de s’abstenir de déclarations sur des thèmes politiques et de toute forme de soutien aux schismatiques, ainsi que d’appels à la création d’une Eglise nationale ukrainienne unifiée». «Une vérité très simple se cache derrière cet appel», a poursuivi le religieux russe, à savoir «arracher les fidèles orthodoxes ukrainiens à l’Eglise mère du Patriarcat de Moscou».
Ensemble contre le relativisme
Evoquant largement le thème du Synode des évêques sur la famille, trois jours après un rapport intermédiaire partiellement contesté, le métropolite Hilarion a par ailleurs dénoncé devant les pères synodaux «l’influence du relativisme moral y compris chez de nombreux chrétiens». Ceux-ci, a-t-il expliqué, «professent en parole l’enseignement de l’Eglise sur la famille, mais s’en écartent dans la pratique».
Le religieux russe a alors fustigé, dans la société actuelle, «le processus de démontage des valeurs enracinées dans les traditions religieuses», «la manipulation des concepts de liberté et de tolérance», ainsi que «l’agressivité toujours plus grande» avec laquelle sont prêchées «les idées du relativisme morale». Il a dénoncé «les unions du même sexe» et le droit à l’adoption pour les couples homosexuels dans certains Etats, ainsi que la propagation «des soi-disant relations libres» ou du «prétendu droit à l’avortement qui légitime l’anéantissement de millions de vies humaines».
«Le moment est venu, pour nous chrétiens, d’unir nos forces et de faire un seul front pour la défense de la famille face aux défis du monde laïque, au nom de l’avenir de la civilisation», a assuré le métropolite Hilarion. Il a alors souhaité que les chrétiens défendent leurs «positions» dans «le dialogue avec les pouvoirs législatifs et exécutifs des différents pays» mais aussi «avec les organisations internationales comme les Nations unies et le Conseil de l’Europe».
La richesse de l’ordination d’hommes mariés
Au fil de son intervention, Hilarion a également évoqué la richesse de l’ordination sacerdotale d’hommes mariés dans l’Eglise orthodoxe: «Le prêtre, qui possède une expérience personnelle de la vie familiale et de l’éducation des enfants, est en mesure de mieux comprendre les problèmes des relations familiales et d’assurer un soin pastoral adéquat à ses fils spirituels». En outre, le métropolite russe a rappelé que «l’Eglise orthodoxe proclame l’idéal du mariage unique et indissoluble» mais que, «par indulgence pour la faiblesse de la nature humaine», elle reconnaît «dans des cas exceptionnels une seconde union matrimoniale, en cas de la dissolution de la première». (apic/imedia/ami/bb)