Le vicaire patriarcal latin: «C’est une décision politique et pas religieuse»

Israël: Mgr William Shomali conteste la loi qui distingue Arabes chrétiens et musulmans

Jérusalem, 26 février 2014 (Apic) Le texte de loi approuvé le 25 février 2014 par une grande majorité des députés à la Knesset, le parlement israélien, faisant pour la première fois la distinction entre les citoyens israéliens de confession musulmane et de confession chrétienne, ne plaît pas aux chrétiens. «C’est une décision politique et pas religieuse», a estimé Mgr William Shomali, vicaire patriarcal latin pour Jérusalem et la Palestine, destinée à préparer le terrain pour enrôler les chrétiens dans l’armée israélienne.

La nouvelle loi proposée par le député de la droite nationaliste Yariv Levin (Likoud), accorde, par exemple, au sein de la Commission nationale pour l’égalité des chances dans l’emploi, des sièges distincts à des représentants des travailleurs chrétiens et musulmans de la communauté arabe israélienne.

«Les chrétiens, depuis treize siècles, se considèrent comme des Arabes»

Dans une interview accordée le 26 février à Radio Vatican, Mgr Shomali affirme qu’une telle distinction est «contre l’histoire parce que les chrétiens, depuis treize siècles, se considèrent comme des Arabes, et les musulmans les considèrent comme des Arabes».

Pour l’évêque catholique, on ne peut pas changer le cours de l’histoire en une session de la Knesset. «Ce sera contre la volonté des chrétiens eux-mêmes qui ne veulent pas devenir une entité à part, un ghetto ou une minorité à l’intérieur d’une autre minorité, c’est-à-dire qu’ils seront doublement minoritaires: en tant qu’Arabes, on ne veut pas réellement changer leur statut, et en tant que chrétiens parmi les Arabes».

La société israélienne est toujours plus à droite

Mgr Shomali voit un grand danger de tenter de séparer le fait d’être chrétien du fait d’être Arabe, parce que dans les autres pays arabes, tout le monde considère les chrétiens comme des Arabes. «Cela créera une séparation terrible entre les deux communautés et ce sera la source d’une souffrance pour les chrétiens, en plus du fait qu’ils ne veulent pas ce changement. Il n’est pas opportun et il n’est pas juste de promulguer des lois si les chrétiens ne le veulent pas. On a défini le statut d’un chrétien sans consulter les chrétiens eux-mêmes, ce qui n’est pas juste en soi».

Le prélat estime que ce sont toujours les minorités qui souffrent du fanatisme religieux. «et cela s’applique aussi à Israël, où la droite commence à être plus forte». Si on veut abolir toute ségrégation envers les chrétiens, souligne-t-il, alors on abroge toute ségrégation envers la minorité arabe. «Dans ce cas-là, tout le monde jouira d’un même statut!»

Préparer le terrain pour enrôler les chrétiens dans l’armée israélienne

«Certainement, c’est une décision politique et pas religieuse, a-t-il ajouté. C’est certainement une décision politique qui prépare le terrain pour enrôler les chrétiens dans l’armée. Quand on les sépare des musulmans, ce sera plus facile de faire une autre loi pour les enrôler dans l’armée d’une façon obligatoire. C’est certainement une décision politique».

Les réactions n’ont pas manqué, notamment de la part de certains députés arabes israéliens qui ont dénoncé une manœuvre politique de la droite israélienne. Même un journal israélien comme «Haaretz» a qualifié cette nouvelle loi de «raciste». (apic/radvat/be)

26 février 2014 | 17:42
par webmaster@kath.ch
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