pas un problème de droit de l’homme, mais d’ecclésiologie
Légalisation de l’Eglise catholique uniate d’Ukraine : (120988)
Interview de l’archevêque Cyrille de Smolensk
Lvov/Genève, 12septembre(APIC) Des représentants de l’Eglise catholique
ukrainienne de rite oriental (uniate), une Eglise intégrée de force à l’Eglise orthodoxe du Patriarcat de Moscou en 1946, ont lancé un appel au
chancelier Helmut Kohl qui se rendra prochainement en visite officielle en
URSS. Ils demandent que le chancelier allemand intervienne auprès des autorités soviétiques pour qu’elles légalisent l’Eglise uniate interdite. Dans
une interview accordée à l’agence APIC, l’archevêque orthodoxe Cyrille de
Smolensk a déclaré que le problème uniate n’était ni un problème de droits
de l’homme ni de liberté religieuse, mais une affaire d’ecclésiologie.
Présent au Centre Oecuménique à Genève dans le cadre d’une délégation
officielle soviétique dirigée par Konstantin Khartchev, président du Conseil des affaires religieuses de l’URSS, Mgr Cyrille a souligné que l’»uniatisme» représente un obstacle important pour les relations oecuméniques
entre le Patriarcat de Moscou et le Vatican. Pour l’archevêque orthodoxe
russe, la question est très complexe, et comporte à la fois des aspects religieux, nationaux, politiques et surtout ecclésiologiques.
«Si l’on développe l’uniatisme, cela signifie que c’est impossible d’avoir un dialogue avec le Vatican, relève Mgr Cyrille, car l’uniatisme signifie prosélytisme». L’uniatisme, à ses yeux, est une vision particulière
de l’unité qui appartient à l’Eglise catholique des XVIème et XVIIème
siècles, mais qui ne devrait plus avoir cours depuis le Concile Vatican II.
Auparavant, affirme-t-il, l’Eglise catholique se reconnaissait elle-même
comme «una sancta», et toutes les autres Eglises, y compris les orthodoxes,
étaient considérées comme schismatiques. L’uniatisme était ainsi présenté
comme un combat contre le schisme.
Ce problème de l’uniatisme ne se pose pas seulement dans les relations
entre Rome et le Patriarcat de Moscou, précise-t-il, mais également avec
les Eglises orthodoxes grecque, roumaine, polonaise, tchécosolovaque, arabes… «Si nous voulons entrer sur le chemin du dialogue, il ne peut y
avoir d’uniatisme maintenant, déclare Mgr Cyrille, bien que nous traitions
avec respect les uniates vivant au Canada, qui sont des communautés déjà
établies». «Pour nous, une nouvelle Eglise uniate en Ukraine signifierait
un éclatement à l’intérieur de l’Eglise orthodoxe, dont beaucoup de fidèles
et de prêtres sont Ukrainiens; comment peut-on chercher l’unité en faisant
éclater notre Eglise ?» «Depuis le Concile Vatican II, conclut-il, l’uniatisme est un non-sens complet, et le pape Paul VI l’avait bien compris». A
ses yeux, la légalisation de l’Eglise catholique uniate clandestine pourrait également menacer l’unité nationale de l’Ukraine. (apic/be)