L'Eglise catholique apporte sa contribution à la lutte pour la sauvegarde de la Création | © Jérémy Sauterel/Flickr/CC BY 2.0
Suisse

L'Eglise toujours engagée pour l'environnement

Les Eglises chrétiennes continuent d’être actives pour la protection du climat. C’est ce qu’a confirmé le climatologue suisse mondialement connu Thomas Stocker, début septembre 2018, à la paroisse catholique de Horw (LU).

Alors que l’Europe a brûlé sous la chaleur, que les incendies de forêt ont ravagé la Grèce et la Suède, que la sécheresse a meurtri le Pakistan, des pluies diluviennes ont frappé le sud de l’Inde et l’Asie du Sud-Est, provoquant la rupture d’un barrage et des inondations au Laos. Ces catastrophes à répétition suscitent beaucoup d’inquiétudes au sein des Eglises.

Réinterpréter la Genèse

L’Unité pastorale (UP) de Horw se sent particulièrement concernée par ces problématiques. Elle a ainsi lancé un programme d’action à grande échelle baptisé «Heb Sorg» (Prends soin). Son objectif est de sensibiliser les croyants aux questions cruciales concernant la relation de l’homme à l’environnement. Au programme, plusieurs homélies, des conférences, des ateliers pour enfants et jeunes, ainsi que des cercles de lecture sur l’encyclique écologico-sociale Laudato Si’, du pape François.

Monika Zumbühl, membre du conseil de l’UP, est à l’origine de «Heb Sorg». Agissant par conviction personnelle, elle a décidé d’approfondir la thématique «urgente» de l’environnement, notamment en promouvant les débats à ce sujet. Monika Zumbühl souligne le côté particulièrement «explosif» de ces questions. Elle a relevé l’effet «désastreux» du verset du Livre de la Genèse enjoignant les hommes à «dominer la terre» (1;28). Pour la paroissienne lucernoise, cette injonction a provoqué beaucoup de dégâts. Elle a appelé à réinterpréter le sens de ce verset.

La canicule 2018 était prévue

Le professeur Thomas Stocker, «guest star» de la manifestation, a exprimé son accord complet avec les propos de l’organisatrice. Le climatologue né à Zurich est l’un des plus grands spécialistes mondiaux des changements climatiques, particulièrement de l’effet de serre. Il a reçu en 2017 le prix scientifique suisse Marcel-Benoist.

Thomas Stocker est un climatologue mondialement connu | © Zero Emission Resource Organisation/Flickr/CC BY 2.0

Cet été, avec son équipe de scientifiques de l’Université de Berne, il est parti au Groenland pour prélever des carottes de glace. L’objectif était d’établir des modèles des changements climatiques passés et futurs. Ainsi, pour Thomas Stocker, les températures estivales extrêmement élevées en Europe en 2018 n’étaient pas surprenantes: «C’est une confirmation de ce que prédisent les climatologues depuis des années. Le changement climatique n’est pas uniquement observable à travers la hausse des températures ou dans la modification des précipitations, mais également à travers la fréquence plus grande des phénomènes extrêmes». La force des dernières sécheresses ainsi que l’abondance des précipitations correspondent à peu près à ce que les modèles climatologiques ont prévu.

Précieuse contribution des Eglises

Thomas Stocker est convaincu que face à cette situation menaçante, tous les acteurs de la société doivent s’extraire du schéma politique habituel «gauche-droite» et assumer leur responsabilité pour l’avenir de la planète. Le climatologue se réjouit donc que les Eglises s’engagent activement dans ce processus, notamment en apportant leur propre contribution à la solution du problème. Il connaît personnellement un exemple positif: un monastère qui a misé sur les énergies renouvelables pour le chauffage de ses bâtiments.

Thomas Stocker a également relevé la contribution précieuse de Laudato Si’ à cette prise de conscience. «J’ai appris avec beaucoup de joie la publication de ce document. J’ai un grand respect pour ce texte, car il parle un langage clair, mentionnant sans équivoque les causes du changement climatique».

La création, expression de l’amour de Dieu

Une vision partagée par Susann Schüepp Brunner, Cheffe du département Politique de développement et recherches à l’œuvre d’entraide catholique Action de Carême. Selon elle, l’encyclique du pape François démasque avec des propos sans demi-mesure «le mensonge sur la disponibilité illimitée des biens de la planète» qui se dissimule derrière l’idée d’une croissance sans limite. L’attitude d’attention et de responsabilité exprimée par Laudato Si’ se base sur la conception selon laquelle la création est un don de Dieu, l’expression de son amour, de sa tendresse infinie envers les hommes, ainsi qu’un lieu de sa présence. Susann Schüepp Brunner a rappelé que l’encyclique reprend largement les éléments de la doctrine sociale de l’Eglise. Mais avec un aspect innovant dans le fait de mettre en exergue le lien entre justice sociale et responsabilité écologique, ce qui s’articule dans le concept «d’écologie intégrale». (cath.ch/cuw/bb/rz)

L'Eglise catholique apporte sa contribution à la lutte pour la sauvegarde de la Création | © Jérémy Sauterel/Flickr/CC BY 2.0
26 septembre 2018 | 17:20
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
Ecologie (132), Laudato si (216)
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