Inde : Une juge réclame la castration pour les pédophiles et les violeurs récidivistes

Les abus sexuels commencent à faire débat en Inde

Dehli, 21 février 2012 (Apic) Un juge de la Cour de Delhi a déclenché une vive polémique en Inde en déclarant que la castration était la peine la plus appropriée aux pédophiles et délinquants sexuels récidivistes.

«La castration est la sentence la plus appropriée qui puisse être prononcée pour les pédophiles ou les violeurs en série, mais les mains de cette cour sont liées parce que la loi ne l’a pas prévu», a déclaré la juge Kamini Lau, lors de l’énoncé de son verdict. Elle jugeait un homme d’une trentaine d’années qui avait kidnappé et violé sa nièce âgée de six ans, rapporte l’agence d’information des Mission étrangères de Paris Eglises d’Asie (EDA)

Après avoir prononcé une condamnation à l’emprisonnement à vie, peine maximale prévue par la loi indienne, elle a également évoqué la nécessité de mettre en place une «justice réparatrice» pour les victimes, afin de leur apporter une assistance médicale et juridique, un soutien psychologique au travers de structures d’aide et d’accueil.

Un sujet qui reste généralement tabou

Ces propos, rapportés par le ’Times of India’, ont déclenché une vive polémique en Inde, où le sujet, traditionnellement tabou, commence tout juste à faire l’objet de débats au sein des institutions du pays. Il y a quelques semaines, la juge avait déjà déclaré dans la presse «avoir été choquée du peu de cas que l’Etat et la justice» faisaient des enfants gravement traumatisés par les abus sexuels.

Swami Agnivesh, président du Bonded Labor Liberation Front, (BMM), une ONG qui travaille notamment pour l’abolition du travail des enfants, a approuvé sans réserves le jugement de Kamini Lau. Il a expliqué que le message face aux pédophiles devait être clair et net, ajoutant que «la plupart de ces actes n’étaient même pas déclarés et ceux qui l’étaient, seulement sanctionnés d’une peine trop légère».

Le Père Babu Joseph, porte-parole de la Conférence épiscopale des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), a relevé la nécessité de peines particulièrement sévères pour ce type de crime. Mais mutiler un être humain par la castration reste un acte grave et moralement inacceptable. Pour lui, ce châtiment est «extrêmement cruel et incompatible avec les principes constitutionnels du pays».

De l’avis de la psychiatre Anita Hingorani, il est plus urgent et nécessaire, aujourd’hui en Inde, de se préoccuper de la prévention des abus sexuels que de se focaliser sur les peines à infliger aux coupables. La plupart des abus commis sur des enfants se produisent au sein du cercle familial et les faits sont encore trop souvent étouffés. Les comportements doivent changer, conclut-elle, et les victimes comme leur entourage, doivent être encouragés à parler et à dénoncer de tels abus. (apic/eda/mp)

21 février 2012 | 17:18
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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