Pour le Conseil national, tout soldat suisse a droit à une aide spirituelle de sa confession | photo d'illustration © Kecko/Flickr/CC BY 2.0
Suisse

Les aumôniers musulmans pas interdits dans l'armée

Le Conseil national suisse a refusé, le 13 mars 2019, l’initiative parlementaire du Valaisan Jean-Luc Addor visant à interdire à l’armée d’engager des aumôniers musulmans. Le conseiller national UDC mettait notamment en avant des risques de prosélytisme djihadiste.

Les députés ont refusé par 102 voix contre 67 et 9 abstentions de donner suite à l’initiative de Jean-Luc Addor, rapporte l’ATS. Seul le propre parti du Valaisan l’a suivi, estimant nécessaire de clarifier la situation au vu de l’augmentation des militaires musulmans. Rappelant que «la Suisse est un pays aux racines chrétiennes», le texte se demandait «aux ordonnances de quelle ‘Eglise’ un aumônier militaire musulman, adepte d’une religion sans Eglise ni clergé, devrait-il obéir?» Jean-Luc Addor brandissait également les «les multiples conflits qui existent entre l’islam, religion certes mais aussi idéologie politique et système juridique (la charia) ayant vocation à supplanter notre loi civile, et des valeurs fondatrices de la Confédération suisse». L’initiative s’inquiétait en outre d’un éventuel prosélytisme islamiste voire djihadiste envers les soldats musulmans.

Bons garde-fous contre l’islamisme

Ces arguments n’ont pas convaincu la majorité de l’organe législatif, qui s’en est remis à la liberté de religion. Le Conseil national a souligné que les militaires avaient droit à une prise en charge spirituelle par des aumôniers, cela indépendamment de leurs croyances.

En 2018, le Conseil fédéral avait estimé que l’armée pourrait avoir des aumôniers musulmans, mais que les conditions n’étaient pas remplies actuellement. L’exécutif avait relevé que les militaires de religion musulmane ne posaient pas davantage de problème de comportement que ceux d’autres confessions. Il avait en outre mis en avant que les conditions à remplir pour accomplir un service en tant qu’aumônier musulman constituaient un bon garde-fou contre d’éventuels recruteurs islamistes. Afin d’être nommé au grade de capitaine dans l’aumônerie de l’armée, il faut impérativement avoir suivi, en Suisse ou dans l’un des pays voisins, une formation théologique reconnue, de préférence dans une université. Il faut aussi démontrer une indéniable loyauté vis-à-vis de la Suisse et de ses institutions, être disposé à s’intégrer dans les structures de l’armée et prodiguer une assistance spirituelle à tous les militaires, quelle que soit leur confession. (cath.ch/ats/rz)

Pour le Conseil national, tout soldat suisse a droit à une aide spirituelle de sa confession | photo d'illustration © Kecko/Flickr/CC BY 2.0
14 mars 2019 | 10:43
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 1 min.
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