Egypte: Incidents à Nagaa Hamadi après l’assassinat de 6 coptes et d’un policier
Les chrétiens de Haute-Egypte dans le collimateur
Le Caire, 7 janvier 2009 (Apic) Plusieurs milliers de manifestants coptes se sont affrontés jeudi à la police égyptienne à Nagaa Hamadi, après l’assassinat mercredi soir de six chrétiens coptes et d’un policier au sortir de la messe à la veille du Noël copte. Les affrontements ont eu devant l’hôpital de cette ville de Haute-Egypte située à une soixantaine de kilomètres de Louxor, où ont été déposés les corps des victimes de cette attaque.
Mercredi soir, au sortir de la messe de minuit, trois inconnus à bord d’une voiture ont mitraillé les fidèles qui quittaient la principale église copte de Nagaa Hammadi. La ville est située dans le gouvernorat de Qena, à quelque 700 kilomètres au sud du Caire. Deux passants musulmans font partie de la dizaine de blessés dans cette attaque indiscriminée.
Le prétexte invoqué par les autorités pour expliquer cette attaque sanglante serait une vengeance après des accusations de viol en novembre dernier d’une musulmane âgée de 12 ans par un chrétien de Farchout, près de Nagaa Hammadi. Cet incident avait provoqué la colère des musulmans de la ville, qui avait vécu cinq jours d’émeutes. Des maisons, des magasins et des pharmacies appartenant à la minorité copte ont été attaqués et incendiés.
Les chrétiens de Nagaa Hamadi sont menacés depuis des mois
L’évêque copte Kirollos a déclaré qu’il y avait eu des menaces dans les jours précédant la messe de minuit, ce qui l’avait décidé à terminer la célébration une heure plus vite qu’à l’accoutumée, rapporte jeudi la BBC. Quelque 10 à 15% des 80 millions d’Egyptiens sont des chrétiens coptes, en très grande majorité orthodoxes, sous la houlette du pape Chénouda III. Les coptes catholiques et protestants, ainsi que les autres communautés chrétiennes, forment une petite minorité.
Les chrétiens coptes forment la principale minorité religieuse, notamment dans les régions de Haute-Egypte (Beni Suef, El Minya, Assiout, Sohag, Qena, Louxor). Avant l’arrivée de l’islam au VIIe siècle, le christianisme était la religion dominante dans le pays.
La minorité chrétienne se plaint de discriminations et de chicanes
La minorité copte s’est souvent plainte ces dernières années de discriminations et de chicanes de la part des autorités égyptiennes. Les précédentes attaques visant les chrétiens égyptiens sont souvent restées impunies ou les agresseurs s’en sont tirés avec des peines très légères. L’un des assaillants serait un musulman de la ville de Nagaa Hamadi du nom de Mohamed Ahmed Hussein, selon les services de sécurité.
Après les incidents de Farchout, en novembre dernier, le Père Athanasios Henein, qui dessert la communauté copte en Grèce, affirmait déjà que les chrétiens coptes, la plus importante communauté chrétienne de tout le Moyen-Orient, faisait face depuis quelques années en Egypte à un véritable «génocide culturel».
Face à un véritable «génocide culturel»
Il déclarait au cours d’une conférence à Vienne: «Nous nous sommes presque habitués à voir nos églises brûler, nos femmes êtres kidnappées et forcées à se convertir à l’islam, nos possessions être confisquées et les jeunes générations de coptes n’avoir pas les mêmes chances de formation». Selon ce prêtre, la situation des coptes en Egypte peut-être comparée à un véritable «génocide culturel», étant donné la discrimination et les limitations à leur liberté intellectuelle qu’ils subissent. (apic/com/bbc/be)