Les confréries du Tessin entre tradition, renouveau et vie fraternelle
On reconnaît les laïcs des confréries à leurs vêtements de cérémonie. Ils étaient récemment à Rome par milliers, venus du monde entier: parmi eux, une cinquantaine de Tessinois qui ont participé à la messe d’inauguration du pontificat de Léon XIV, le dimanche 18 mai 2025, sur la Place Saint-Pierre.
Cristina Vonzun, catt.ch / traduction et adaptation: Raphaël Zbinden
Les confréries, anciennes sodalités de charité et de service liturgique, représentent la plus grande réalité associative laïque catholique dans le monde. À Rome, leurs membres ont participé au Forum paneuropéen des confréries et au Jubilé qui leur a été consacré (du 16 au 18 mai).
Le Tessin possède un lien fort avec les confréries puisque le Forum paneuropéen, qui en est à sa sixième édition, est né à Lugano en 2020. Depuis, les représentants se sont rencontrés une fois par an dans divers lieux d’Europe. Sur le continent, il existe 28’000 confréries regroupant 6 millions de membres. La Suisse en compte 200, dont 60 au Tessin. Explications du chercheur tessinois Davide Adamoli, qui a été le premier dans le canton à raconter l’histoire de cette ancienne réalité associative catholique laïque dans l’ouvrage Confraternite della Svizzera italiana (2015).
La Faculté de théologie de Lugano (FTL) a accueilli l’événement fondateur du Forum paneuropéen des confréries en 2020. Comment la FTL s’est-elle intéressée à cette réalité?
Davide Adamoli: Cela s’est fait à travers les contacts du recteur de la FTL, le professeur René Roux. Les confréries sont un très important mouvement dans le monde, mais qui n’a jamais été étudié au niveau académique, théologique ou même pastoral. Il s’agit d’un héritage de foi que l’Église a toujours promu, mais qui a été laissé, pendant de nombreuses années, un peu à l’abandon.
Les confréries offrent de nombreuses possibilités de dévotions et de charismes différents. Elles peuvent partager un objectif commun mais le mettre en œuvre dans un style différent selon le lieu, répondant ainsi à la nécessité de vivre l’Évangile dans l’histoire, en fonction des différents contextes et besoins locaux.
Qu’attendez-vous, en tant que confréries, d’un pape qui a choisi le nom de Léon, en référence explicite à son prédécesseur Léon XIII, le pape de l’éthique sociale catholique?
Léon XIII est le pape qui a relancé la dévotion du Rosaire et donc les confréries dédiées à cette forme de prière. C’était un pape proche de la piété populaire et de la foi des gens simples. Robert Prevost, en tant qu’évêque au Pérou, était également très proche de la piété populaire, à tel point qu’il l’a citée dans son premier discours en tant que pape parmi les éléments importants de la vie de l’Église.
«Il est nécessaire que l’Église favorise davantage l’accompagnement et la reconnaissance de cette réalité de chrétiens laïcs engagés»
Le pape Léon XIV, qui vient du Pérou, est aussi lié à la confrérie du «Señor de los Milagros» (Seigneur des miracles), qui, du Pérou, s’est ensuite répandue dans de nombreux pays: aux États-Unis, au Japon, en Europe, en Australie.
Comment vous êtes-vous senti interpellé par votre prédécesseur, le pape François?
Le pape François a ajouté la mission aux tâches liturgiques et caritatives demandées par les papes récents aux confréries, d’où le fait de créer un lien avec les réalités locales des confréries pour annoncer le Christ. Les forums, comme le Forum paneuropéen, sont des réseaux qui permettent à la fraternité individuelle, spécifiquement liée au local, de vivre et de participer à la dimension universelle de l’Église.
Les confréries d’aujourd’hui peuvent évoquer une spiritualité un peu vieillotte, si l’on pense notamment aux processions. Un renouveau est-il en vue?
Les confréries sont un instrument que l’Église possède depuis mille ans. Il est vrai que les finalités pourraient aussi être revues. À la liturgie, on pourrait ajouter des expériences communautaires plus marquées par la fraternité.
Quelles sont vos attentes avec Léon XIV?
Il serait bien que le pape, dans la continuité des derniers pontificats, permette la visibilité des confréries et leur confie des tâches. Il est nécessaire que l’Église favorise davantage l’accompagnement et la reconnaissance de cette réalité de chrétiens laïcs engagés. (cath.ch/catt/cvz/rz)