Protestinfo est dans les turbulences
Suisse

Les deux journalistes de 'Protestinfo' licenciés

Au lendemain de l’annonce, par le journal 24h, du licenciement des deux journalistes de l’agence Protestinfo, un service de Médias-Pro, les protagonistes de l’affaire ont livré quelques informations supplémentaires sur la nature du conflit qui les oppose. Entre journalisme indépendant et communication institutionnelle, le débat n’est pas clos.

«Il ne s’agit pas d’un désaccord sur le droit légitime d’investigation journalistique, mais d’une divergence persistante quant à la manière d’assurer la mission de Protestinfo dans son équilibre entre liberté éditoriale et responsabilité institutionnelle, indique dans un communiqué Yves Bourquin, référent pour le département médias au sein de  la Conférence des Eglises réformées romandes (CER). «Ces tensions ont ainsi mis en évidence la difficulté, pour une agence financée par les Églises, de préserver durablement cet équilibre délicat entre indépendance journalistique et attentes des partenaires ecclésiaux.»

Journalisme institutionnel?

Une «complexité» que confirme à cath.ch, la rédactrice en chef en chef Anne-Sylvie Sprenger. «Il existe un véritable manque de connaissance du métier chez certains responsables d’Églises, peu au fait des exigences de notre pratique. Un article anglé sur un sujet précis (et qui appelle donc à des clarifications) peut vite est  compris comme orienté et manquant d’impartialité.»

Le communiqué de la CER décrit la même situation en des termes plus génériques : «Cette décision intervient à l’issue d’une période marquée par des échanges soutenus et par des démarches de médiation entreprises par le Conseil exécutif avec certaines Églises membres au sujet du travail de l’agence. Ces efforts visaient à désamorcer des tensions récurrentes, à restaurer une confiance perdue avec ces Exécutifs et à ajuster la collaboration entre les parties. Malgré ces tentatives, le constat s’est imposé qu’un équilibre durable ne pouvait plus être retrouvé dans la manière de travailler ensemble.»

Des questions éditoriales et pas déontologiques

Après avoir mis en cause dans 24h ‘les méthodes d’investigation’ de Protestinfo, Yves Bourquin n’a pas repris ce terme dans son communiqué de presse. «Je regrette fortement ce terme, qui renvoie dans l’imaginaire collectif à des méthodes frauduleuses», déplore Anne-Sylvie Sprenger, promettant ne s’être jamais déguisée pour enquêter incognito. «Nous avons toujours affirmé l’attachement à un journalisme neutre dans le plus grand respect de notre déontologie professionnelle.»

Quel avenir pour Protestinfo? 

Pour l’heure après le renvoi de ses deux journalistes l’avenir de Protestinfo semble très incertain. Le communiqué de la CER indique qu’une «phase de recalibrage de la mission de Protestinfo sera poursuivie, en concertation avec les Églises membres. Cette réflexion, en accord avec la Déclaration des devoirs et des droits du/de la journaliste, portera sur un nouveau cadre mais également sur les attentes et responsabilités des partenaires ecclésiaux, afin que les relations entre les Églises et la rédaction reposent à nouveau sur une compréhension mutuelle de leurs rôles respectifs.» (cath.ch/mp)

Protestinfo est dans les turbulences
15 octobre 2025 | 17:06
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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