Moscou: Rencontre entre les patriarches Bartholomée Ier et Kirill Ier

Les deux patriarches prônent l’unité et la lutte contre la sécularisation: vent nouveau

Moscou, 26 mai 2010 (Apic) Le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier et le patriarche de l’Eglise orthodoxe russe Kirill Ier, qui cherchent à surmonter plusieurs décennies de tensions, ont rencontré le président Dmitri Medvedev au Kremlin à Moscou, indique mercredi 26 mai l’Agence œcuménique ENI. Les deux patriarches prônent l’unité et la lutte contre la sécularisation. Un vent nouveau semble souffler depuis l’accession de Kirill Ier à la tête de l’Eglise orthodoxe russe.

La rencontre avec le président russe n’était à l’origine pas prévue à l’ordre du jour de la première visite officielle de Bartholomée Ier depuis 1993 – il avait également assisté aux funérailles du patriarche Alexis II en décembre 2008 – mais a été annoncée par le service de presse du Kremlin la veille de l’audience du 25 mai.

Bartholomée Ier est arrivé à Moscou le 22 mai, déclarant aux journalistes présents à l’aéroport moscovite de Vnukovo que c’est en tant que pèlerin qu’il se rendait en Russie.

Le président Medvedev a qualifié la visite de Bartholomée Ier d’»événement très important qui contribue indubitablement à la consolidation du dialogue qui a toujours existé entre les deux Eglises sœurs», selon un compte-rendu de la partie officielle de la réunion.

Kirill Ier s’est félicité de la visite en Russie du patriarche œcuménique Bartholomée Ier, la qualifiant d’événement «de grande importance pour les relations bilatérales».

«Nous croyons que Dieu mène nos deux Eglises et toutes les Eglises orthodoxes sur le chemin qui est entre ses mains», a déclaré Kirill Ier le 25 mai selon l’agence de presse russe Interfax-Religion.

Cette visite semble marquer un dégel des relations entre les deux Patriarcats, après plusieurs décennies de tensions qui ont caractérisé la période soviétique et les bouleversements politiques qui ont suivi la chute de l’URSS.

L’Eglise orthodoxe russe est la plus grande Eglise orthodoxe au monde. Le Patriarcat œcuménique est souvent considéré comme le plus important sur le plan symbolique, mais Moscou s’irrite lorsque le patriarche de Constantinople, basé à Istanbul, est décrit comme un pendant orthodoxe au pape catholique romain.

Le 24 mai à Moscou, des centaines de prêtres orthodoxes russes et plusieurs milliers de fidèles ont rempli la cathédrale du Christ sauveur de Moscou, située à deux pas du Kremlin, où les deux patriarches ont concélébré un office.

Evoquant la présence du patriarche œcuménique, Kirill Ier a déclaré: «En communiant avec vous, nous percevons que nous sommes tous des membres d’une tradition ecclésiale unique et indivise.»

Andreï Zubov, historien et directeur d’un centre pour l’étude de l’Eglise et des relations internationales au MGIMO, l’université du Ministère des Affaires étrangères, a déclaré à la correspondante d’ENInews que le patriarche Kirill Ier s’efforçait de surmonter le passé soviétique dont l’Eglise russe avait hérité.

«Le patriarche Kirill Ier est arrivé à la tête de son Eglise avec l’idée d’améliorer radicalement les relations tant avec Rome qu’avec Constantinople et il est très actif dans ces deux tâches», a déclaré Andreï Zubov dans une interview du 21 mai.

Kirill Ier, qui a été intronisé patriarche en février 2009, avait rendu visite à Bartholomée Ier au siège du Patriarcat œcuménique à Istanbul en juillet dernier. A cette occasion, les deux patriarches avaient abordé la nécessité de mettre de côté les différences et de présenter un front orthodoxe uni contre les maux de la laïcité.

La visite de Bartholomée Ier à Moscou intervient après une mission au Vatican du métropolite Hilarion, le successeur de Kirill en tant que président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou. «Les mauvaises relations avec Constantinople et avec Rome étaient une condition sine qua non de l’idéologie d’Eglise soviétique», a déclaré Andreï Zubov. «Le Patriarcat de Moscou avait été restauré par Staline en 1943 avec pour objectif de contrecarrer la prépondérance du Vatican et de Constantinople comme centres de christianisme non contrôlés par le régime soviétique.»

L’Eglise russe a été pendant des décennies influencée par ce mode de pensée, a-t-il ajouté. «On assiste à la restauration de relations normales et naturelles entre les Eglises après les relations contre nature de la période soviétique», a conclu Andreï Zubov.

26 mai 2010 | 17:28
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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