Afrique: Le téléphone portable: un facteur de croissance pour l’Eglise en Afrique?

Les Eglises l’affirment, mais les sectes en profitent aussi

Nairobi, 11 février 2010 (Apic) Le téléphone portable est un facteur de croissance pour l’Eglise en Afrique. Aujourd’hui, les responsables d’Eglise couvrent d’éloges le mode de communication, parce que selon eux, il permet aux «paroisses de grandir». Les Eglises sont d’autant plus contentes que ce moyen permet aussi de récolter des fonds plus facilement. Reste que les sectes sont également ravies de ce moyen d’entrer plus facilement dans le quotidien des gens.

Le téléphone accroché à la ceinture autour de la taille est en effet une vision courante parmi les paroissiens d’Afrique. Un geste machinal, là aussi. Les opérateurs se frottent les mains.

L’utilisation de la téléphonie mobile a connu une forte croissance en Afrique il y a dix ans. A l’époque, certains chrétiens du continent critiquaient le téléphone portable, le considérant comme une «marque de matérialisme», mais les choses ont changé.

«C’est comme si ce type de téléphone avait tout révolutionné, même le christianisme», commente l’évêque anglican Charles Gaita, de Nyahururu, dans le centre du Kenya. «Ils font changer les choses très rapidement.»

L’évêque Gaita dit que grâce aux téléphones portables, il est plus facile et moins cher pour l’Eglise de faire passer le mot sur ses activités, comme les études bibliques et les réunions. Les téléphones permettent d’obtenir des informations plus rapidement et ils améliorent la qualité de vie.

Selon l’évêque, le boom de la téléphonie mobile au Kenya inspire la créativité chez les chrétiens. Des versets bibliques sont échangés par sms, le service de messagerie. Les jeunes utilisent leur téléphone pour aborder des questions religieuses sur les réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter, et pour télécharger des mélodies de gospel comme sonnerie pour leur portable.

Brancher des micros sur les téléphones pour enregistrer les prédications afin de les envoyer à des paroisses dans des régions reculées peut sembler étrange, mais c’est ce que font les églises, selon l’archevêque Mweresa Kivuli, président du Chapitre kenyan de l’Organisation des Eglises d’institution africaine.

«S’il y a quelque part un prédicateur que les paroisses considèrent comme important, nous les connectons au pasteur par ce moyen», a déclaré à ENI l’archevêque Kivuli. «A certaines occasions, nous avons connecté nos églises à des prédicateurs à l’étranger.»

Le nombre d’abonnés aux services de téléphonie mobile se monte à près de 300 millions en Afrique, selon les dernières statistiques de l’Union internationale des télécommunications. Il est prévu que ce chiffre double d’ici à 2020.

L’Afrique du Sud, où environ 80% des quelque 50 millions d’habitants sont chrétiens, domine le palmarès des pays les mieux dotés en téléphones portables. Le Nigeria arrive en deuxième position et le Kenya est troisième.

«L’Eglise voit le téléphone portable comme une bénédiction et un don de Dieu», affirme le père Martin Wanyoike, secrétaire national de la Commission des communications sociales de la Conférence épiscopale catholique du Kenya. «Nous devons l’utiliser pour servir le monde.»

Récemment, les sociétés de téléphonie mobile ont mis en place des services de transfert d’argent, que certains chrétiens utilisent désormais pour faire une offrande. Les Eglises n’ont qu’à informer la paroisse du numéro de téléphone nécessaire pour ce service.

«Nous obtenons de l’argent au moyen des téléphones portables lorsque nous donnons les informations bancaires. Nous nous sommes rendu compte qu’il y a beaucoup de Kenyans qui ne touchent pas un salaire mensuel. Alors pour faciliter leur offrande, nous utilisons le service de transfert d’argent», explique le pasteur évangélique Wellington Mutsio, secrétaire général de l’Alliance évangélique du Kenya.

Selon le pasteur Mutsio, les téléphones se sont révélés utiles comme outil de «suivi pour les convertis au christianisme». «Si nous ne les voyons pas à l’église [après leur conversion], nous les appelons ou nous leur envoyons un sms. La réponse est immédiate», affirme-t-il. «Je peux vous assurer que les téléphones aident l’Eglise à grandir.»

Par ailleurs, les services de transfert d’argent constituent un moyen supplémentaire pour les Eglises de collecter des fonds de secours. En janvier, par exemple, suite au séisme en Haïti, l’Eglise catholique au Kenya a appelé à faire des dons au moyen d’un des services de transfert d’argent par téléphone.

«La réaction a été positive. Nous avons collecté 500’000 shillings (4535 euros). L’argent a été envoyé au moyen des téléphones portables. Ce service est fantastique», affirme le père Wanyoike. (apic/eni/pr)

11 février 2010 | 16:59
par webmaster@kath.ch
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