Les effets de la sécularisation sont-ils inéluctables? | © Pixabay
Suisse

Les Églises nationales seraient-elles sur la touche?

Sorties d’Églises, manque de personnel… La vie ecclésiale ne sera-t-elle bientôt en Suisse qu’un privilège réservé à quelques centres? La vision présentée le 24 septembre 2025, à l’Université de Lucerne, par Urs Brosi, président de la RKZ, n’est guère optimiste.

Kath.ch, Francesco Papagni. Traduction et adaptation Lucienne Bittar

Avec son cycle de conférences publiques intitulé «La religion est-elle encore pertinente?» l’Université de Lucerne se propose d’examiner les scénarios d’avenir possibles pour l’Église. Le 24 septembre, Urs Brosi, secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), et Christoph Weber-Berg, président des Églises réformées d’Argovie, auraient dû en débattre. Ce dernier ayant dû s’excuser, Urs Brosi s’est retrouvé seul sur le podium. Les contestations sont donc venues du public.

Un manque à venir de personnel

Selon Urs Brosi, l’Église catholique en Suisse a jusqu’à présent bénéficié de deux mouvements: l’immigration de catholiques d’Europe du Sud et de l’Est et le soutien de théologiens allemands qui n’ont pas trouvé d’emploi dans leur pays d’origine. Ce deuxième effet s’affaiblit, car de moins en moins de personnes étudient la théologie en Allemagne.

Urs Brosi, secrétaire général de la RKZ | © Bernard Hallet

La question du personnel va dons se poser de manière de plus en plus urgente dans les années à venir, d’autant plus que les baby-boomers arrivent à la retraite. Selon Urs Brosi, les perspectives sont particulièrement sombres en ce qui concerne les prêtres, ce qui constitue une question vitale pour une Église sacramentelle.

Un deuil à traverser

Que faire face à ces perspectives? Le secrétaire général de la RKZ s’est inspiré des cinq étapes du deuil définies par Elisabeth Kübler-Ross pour classer les réactions des acteurs ecclésiastiques. Dans de nombreux endroits, les Églises nationales sont restées au stade 1, c’est-à-dire à la phase du déni, décrypte-t-il. Les ordres religieux en Suisse sont beaucoup plus avancés, selon lui. Ils se trouveraient déjà au stade 4, celui du deuil et du retrait. Les communautés religieuses sont en train d’adapter leurs structures. Le stade 5 correspond chez Kübler-Ross à l’acceptation et à l’assentiment.

La crise de l’Église catholique touche également les structures de droit public ecclésiastique. Celles-ci existent pour permettre la vie ecclésiale. Si celle-ci disparaît, le droit public ecclésiastique sera également affecté, a fait remarquer son plus haut représentant.

Ne pas oublier la diaconie

Existe-t-il des stratégies pour l’avenir? Urs Brosi a souligné que des équipes de bénévoles pourraient prendre en charge des tâches accomplies aujourd’hui par des employés de l’Église. Rien n’indique cependant que cette stratégie puisse durablement fonctionner.

Le secrétaire général de la RKZ a aussi mis en garde contre le fait de miser uniquement sur la liturgie pour assurer l’avenir de l’Église, rappelant que celle-ci vit aussi dans la diaconie. C’est du reste elle qui lui confère sa pertinence sociale. Mais une assistante sociale salariée peut-elle résoudre tous les problèmes sociaux et son salaire peut-il être garanti à long terme?

Ne pas saupoudrer les ressources

Pour le secrétaire général de la RKZ Brosi, la vie ecclésiale devra forcément se concentrer à l’avenir sur quelques centres, car il n’est pas judicieux de répartir les maigres ressources «comme les ingrédients sur une pizza». Mais cela risque aussi de signer la fin d’une Église allant à la rencontre des gens.

Contradiction dans le public

Professeur de politique et religion à Lucerne, Antonius Liedhegener a alors interpellé Urs Brosi. Le discours sur la sécularisation inexorable n’a-t-il pas pour effet de décharger les responsables, qui «peuvent ainsi se détendre» face à l’inéluctable? a-t-il demandé. Et d’appeler à se libérer de cette résignation, de ce fatalisme.

Une auditrice a cité pour sa part des informations en provenance d’Angleterre et de France, selon lesquelles les jeunes seraient de plus en plus nombreux à rejoindre l’Église. À sa question de savoir si c’était également le cas ici, Urs Brosi a répondu qu’il n’en avait pas connaissance. Et que même si la réponse était positive, ce phénomène resterait quantitativement mineur. (cath.ch/kath.ch/fp/lb)

Des nouveaux baptisés
Une tendance à la hausse des confirmations de jeunes et de baptêmes d’adultes en Europe et en Suisse semble se confirmer comme l’indique plusieurs articles de cath.ch à retrouver sous ce lien. https://www.cath.ch/tag/catechumenes/ LB

Les effets de la sécularisation sont-ils inéluctables? | © Pixabay
28 septembre 2025 | 11:49
par Rédaction
Temps de lecture : env. 3  min.
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