Les Eglises protestantes se mobilisent pour les victimes de placements forcés

Berne, 24 mars 2015 (Apic) Les Eglises protestantes de Suisse versent leur collecte de Pâques 2015 au Fonds d’aide immédiate pour les victimes de placements forcés. L’Eglise catholique a prévu une collecte pour la même cause, le 16 août 2015, a confirmé à Cath.ch Laure Christine-Grandjean, porte-parole du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF).

Pendant des décennies et jusqu’en 1981, en Suisse, des dizaines de milliers d’enfants, orphelins ou retirés à leurs familles considérées comme inaptes à les élever, ont été placés de force dans des familles d’accueil, en foyer, dans des institutions religieuses, voire en prison.

Le Fonds, organisé par la Confédération, n’est pas une indemnisation pour le tort subi, mais un geste de solidarité envers des personnes aujourd’hui âgées qui ont besoin d’aide sans tarder, rapporte le 24 mars la Fédération des Eglises protestantes de Suisses (FEPS).

Bon nombre des enfants placés jusqu’en 1981 ont été maltraités ou n’ont pas pu suivre de formation professionnelle et beaucoup en subissent les conséquences encore aujourd’hui.

Les choses bougent

La Suisse a longtemps fermé les yeux sur cette question, note la FEPS. Mais les choses bougent depuis deux ans, notamment grâce à la Table ronde mise en place en 2013 par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Le dispositif réunit régulièrement d’anciens enfants placés, des représentants des autorités, des services sociaux, ainsi que des délégués des Eglises et du monde paysan. Elle a décidé de mettre sur pied sans attendre un fonds d’aide immédiate pour les victimes aujourd’hui âgées qui vivent dans le besoin.

Un travail historique à mener

Les Eglises protestantes de Suisse ont répondu favorablement à l’appel de la FEPS d’organiser une collecte de soutien au Fonds d’aide immédiate durant le printemps 2015. Beaucoup prévoient de l’organiser le dimanche de Pâques, jour de grande affluence au culte.

Ce geste de solidarité est un premier pas, qui précède le travail de recherche historique encore à mener, assure la FEPS. En effet, si les exemples positifs existent, notamment celui du pasteur Albert Wild qui a dénoncé les abus dans un livre publié en 1907 déjà, certains autres ministres ont eu un rôle moins reluisant, souligne la Fédération. Or les représentants du corps pastoral avaient une grande influence sur la société d’alors et beaucoup se sont tus.

Un fonds estimé à 8 millions de francs

Le niveau des prestations versées dépendra du montant total disponible – estimé entre sept et huit millions de francs – et du nombre de demandes. Les versements uniques effectués seront vraisemblablement de l’ordre de 4’000 à 12’000 francs par victime. Le fonds d’aide immédiate sera alimenté sur une base volontaire par les cantons, les villes et les communes, par des institutions et organisations – dont les Eglises catholique et protestantes –, mais également par des particuliers. Le montant de cette quête devrait se situer, du côté catholique, dans une fourchette oscillant entre 200’000 et 300’000 francs. (apic/feps/rz)

Les victimes de placements forcés sont souvent dans une situation précaire (Photo d'illustration:Indraneel Biswas/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
24 mars 2015 | 16:12
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Enfants (106), FEPS (122), Placements forcés (9)
Partagez!