Les encycliques pontificales: l’Eglise, le monde et la société

Rome: Dans l’attente de la publication de «Caritas in Veritate»

Rome, 6 juillet 2009 (Apic) Rendue publique le 7 juillet, l’Encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI s’inscrira dans une longue liste qui remonte à son lointain prédécesseur Benoît XIV (1740-1758).

A peine élu, ce dernier publia ainsi Ubi primum le 3 décembre 1740, une encyclique sur le ministère des évêques. Depuis, les pontifes romains ont publié une multitude de textes d’enseignement sur des thèmes théologiques, ecclésiaux ou socio-politiques.

Du grec egkuklios, qui signifie «circulaire», et du latin «litterae encyclicae», une encyclique est à l’origine une «lettre circulaire» du pape aux évêques du monde entier, ou à une partie d’entre eux, aussi adressée par leur intermédiaire au clergé et aux fidèles, et même, parfois, «aux hommes de bonne volonté». Ce type de textes laisse au pape une grande latitude pour aborder des sujets extrêmement variés. Le titre des encycliques est toujours tiré de l’incipit (les premiers mots) du texte. La version officielle est en latin. Cependant, parfois adressée à un seul pays, elle est alors écrite dans la langue de celle-ci.

Ces textes pontificaux ont valeur d’enseignement et comportent parfois des mises en garde, plus rarement des condamnations. Mais une encyclique ne promulgue pas de nouveaux dogmes. Elle propose une lecture de la doctrine, propose des remèdes et des analyses, exalte des figures exemplaires, comme la Vierge.

Hormis celui de Jean Paul Ier qui ne dura que 33 jours, chaque pontificat de la période contemporaine a été marqué par de nombreuses encycliques. Celles de Jean Paul II étaient particulièrement longues. Mais c’est à Léon XIII (1878-1903) que l’on en doit le plus, avec un total de 86 publications. Une grande partie de ces textes, souvent courts, seraient plutôt qualifiés, aujourd’hui, de Lettres apostoliques ou même de Messages pontificaux.

Parmi les encycliques les plus mémorables, on compte Rerum novarum de Léon XIII, évoquant les conditions de travail inhumaines de la classe ouvrière et les moyens pour les catholiques d’y remédier. Publiée en 1891, elle fut la première d’une longue liste d’encycliques ›sociales’. Ainsi, Rerum Novarum a été plusieurs fois mise à jour, en particulier lors d’années anniversaires : par Pie XI, 40 ans plus tard, dans Quadrajesimo anno (1931) ; par Jean XXIII, dans Mater et Magistra (1961), et par Jean Paul II, dans Laborem exercens (1981), ainsi que dans l’Encyclique du centenaire, Centesimus annus (1991). Dans le domaine du magistère social, il convient aussi de citer Pacem in terris de Jean XXIII, publiée en 1963, sur «la paix entre toutes les nations», publiée en pleine Guerre froide, ou encore Populorum progressio de Paul VI, en 1967 sur le «développement des peuples».

Nombre d’encycliques ont aussi été l’occasion pour les papes de fustiger les erreurs de leur temps. Dans Inscrutabili divinae sapientiae, en 1775, Pie VI a déploré les progrès de l’athéisme et les idées du siècle des Lumières. Dans Ubi primum, en 1824, Léon XII a condamné les erreurs modernes, essentiellement l’indifférence à l’égard du catholicisme. L’une des encycliques de ce genre, la plus célèbre, reste Quanta cura, publiée par Pie IX en 1864 pour désavouer l’évolution du monde moderne. Cette publication fut accompagnée d’un Syllabus, une liste de 80 erreurs contemporaines concernant la doctrine catholique. Elle souligna, entre autres, qu’affirmer que «le pontife romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne», était une erreur.

En 1884, dans Humanum genus, Léon XIII a condamné pour sa part la franc-maçonnerie et les sociétés secrètes. Quant à Pie X, en 1907, il a réprouvé le modernisme dans Pascendi dominici gregis. Dans Humanae vitae, en 1968, Paul VI abordait le mariage et la régulation des naissances en réaffirmant la condamnation de la contraception artificielle.

Parmi les encycliques politiques, on peut énumérer Respicientes ea omnia de Pie IX, en 1870, condamnant l’entrée dans Rome des troupes italiennes et la fin du pouvoir temporel des papes. Pie X, lui, est l’auteur en 1906 de Vehementer nos, condamnant la loi française de séparation des Eglises et de l’Etat votée en 1905. En ce début de 20e siècle, on trouve aussi Ad beatissimi apostolorum principis de Benoît XV, en 1914, sur la paix et la charité chrétienne face aux horreurs et aux misères de la Première Guerre mondiale puis la condamnation du paganisme et du racisme nazi par Pie XI, en 1937, dans Mit brennender sorge et, enfin, l’Encyclique Summi pontificatus de Pie XII, en 1939, proposant une théorie chrétienne de la paix au début de la Seconde Guerre mondiale.

Enfin, sur le plan de l’ecclésiologie, on peut citer parmi tant d’autres les 11 encycliques de Léon XIII consacrées à Marie et au Rosaire, mais aussi Maximum illud de Benoît XV, en 1919, sur les missions, Musicae sacrae de Pie XII, en 1955, sur la liturgie et la musique sacrée ou encore Ut unum sint de Jean-Paul II, en 1995, sur l’engagement œcuménique. (apic/imedia/ami/pr)

6 juillet 2009 | 17:04
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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