Mgr Daniel DiNardo, président de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB)  (Photo:YouTube.com)
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Les évêques américains débattent vivement de la crise des abus sexuels

Plus de vingt évêques et cardinaux sont intervenus lors de l’intense débat sur la crise des abus sexuels ouvert lors de l’assemblée de la Conférence épiscopale des Etats-Unis le 13 novembre 2018 à Baltimore. L’affaire de Mgr Theodore McCarrick, ancien archevêque de Washington, déchu de son rang de cardinal, a lourdement pesé sur la discussion.

Le cardinal Daniel DiNardo de Galveston-Houston, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), a ouvert les discussions en annonçant qu’il avait créé un groupe de travail «délibérément restreint», composé de lui-même et des anciens présidents de l’USCCB.

Le groupe de travail, qui comprend DiNardo et le cardinal Timothy Dolan, l’archevêque Joseph Kurtz et l’archevêque Wilton Gregory, travaillera en étroite collaboration avec les commissions de la conférence pour examiner les cas de maltraitance et de mauvais traitements. Leurs travaux aboutiront à un rapport présenté à la prochaine rencontre des évêques en juin.

L’affaire McCarrick cristallise le débat

L’intense débat ouvert entre les évêques a beaucoup tourné autour du cas de Mgr Theodore McCarrick, récemment contraint d’abandonner son titre de cardinal après la révélation d’abus sexuels sur mineurs. Or les penchants homosexuels du prélat semblaient largement connus et n’ont en aucun cas empêché sa carrière et son ascension dans la hiérarchie. «S’il y a une chose qui dérange tout le monde, c’est bien l’archevêque McCarrick. Cette affaire semble omniprésente. Il faut la régler, c’est mauvais pour notre peuple», a constaté le cardinal DiNardo.

Le cardinal William Levada, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a reconnu que la situation de Mgr McCarrick aurait pu être évitée si des enquêtes plus approfondies avaient été menées lors du transfert de l’évêque dans différents diocèses.

L’homosexualité en cause

Parmi les nombreuses interventions, celle de Mgr Salvatore Cordileone, archevêque de San Francisco, a particulièrement retenu l’attention. A l’écoute des réactions des fidèles, Mgr Cordileone a constaté que les catholiques ont tendance à se diviser en deux camps. Le premier estime que l’Église ne parle pas du vrai problème, qui est la prévalence de l’homosexualité parmi le clergé et sa corrélation avec les abus.

Le deuxième camp juge que le vrai problème est une hiérarchie entièrement masculine, «parce que les femmes n’auraient jamais permis que cela se produise», et donc que les femmes doivent être admises tous les niveaux du clergé.

Même si ces conclusions sont trop simplistes, elles ne sont pas sans fondement, a estimé Mgr Cordileone. «Nous agissons parfois comme un bon vieux club de garçons, avec des problèmes de copinage, de favoritisme et de dissimulation.»

Mgr Cordileone a mis aussi en garde contre la conclusion selon laquelle l’homosexualité entraîne des abus sexuels. Pour le prélat, cette préoccupation a néanmoins une certaine validité. Une récente étude a démontré les liens entre l’abus sexuel des mineurs et deux facteurs: un nombre disproportionné de membres du clergé homosexuel, et la manifestation d’une «sous-culture homosexuelle» dans les séminaires.

Les actes homosexuels restent des péchés

Mgr Joseph Strickland, évêque de Tyler, au Texas, une petite région rurale avec une population catholique minoritaire, a interpellé directement ses confrères: ‘comment McCarrick a pu se retrouver dans les positions où il était «si nous pensions vraiment que ce qui se passait était mal? Si les homosexuels sont «des enfants de Dieu qui méritent une grande attention» et non une condamnation personnelle, l’Église devrait enseigner clairement que les actes homosexuels restent des péchés, a souligné Mgr Strickland.

Mgr Andrew Cozzens, évêque de l’archidiocèse de Saint-Paul et Minneapolis, a souhaité voir plus de correction fraternelle entre les évêques. «Je rêve d’un jour où, en tant que frères, nous serons assez forts pour dire à un confrère: «nous pensons que vous devriez démissionner».

Ne pas se laisser distraire par les médias

Pour Mgr Joseph Naumann, archevêque de Kansas City, les médias «ont été très négatifs» à l’égard de l’Eglise et ont perpétué un mythe selon lequel rien n’a changé depuis la Charte de Dallas de 2002. Les évêques doivent faire un meilleur travail pour parler de ce qui a déjà changé.

Un avis appuyé par Mgr Thomas Wenski. L’archevêque de Miami, en Floride, a plaisanté en disant que les évêques devraient être heureux que Donald Trump soit président, sinon l’Église recevrait encore plus d’attention et de mauvaise presse. Il a exhorté les évêques à ne pas se laisser distraire par les médias et à ne pas céder à «l’industrie et à la dépendance» de l’indignation. La plupart des gens ne sont pas obsédés par la crise des abus sexuels. «Les gens viennent à l’église, ils prient, ils envoient leurs enfants au catéchisme, la vie de l’Eglise avance. Nous avons beaucoup fait, nous devons mieux raconter notre histoire et revenir à ce que nous sommes censés faire en tant que pasteurs», a-t-il conclu. (cath.ch/cna/mp)

Mgr Daniel DiNardo, président de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB)
14 novembre 2018 | 11:23
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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