Les évêques rencontrent les initiateurs de «Des croyants prennent la parole»

Belgique: L’Eglise belge se met à l’écoute de la base catholique flamande

Malines, 10 février 2012 (Apic) Les initiateurs du Manifeste en vue d’une réforme de l’Eglise «Des croyants prennent la parole» (Gelovigen nemen het woord) ont été reçus au palais archiépiscopal de Malines, jeudi après-midi 9 février 2012, par les évêques flamands, en marge de l’assemblée mensuelle de la Conférence épiscopale de Belgique.

«La démarche est inhabituelle mais augure peut-être un début de changement dans les esprits de la hiérarchie catholique, pour l’heure principalement flamande», note vendredi 10 février le quotidien belge francophone «La Libre Belgique».

Ce Manifeste, qui prône des «réformes indispensables» pour que l’Eglise catholique sorte de son marasme, a réuni plus de 8’200 signatures, dont pratiquement un prêtre ou un responsable de paroisse sur dix, d’après l’édition de cette semaine de l’hebdomadaire chrétien flamand «Tertio». Parmi ces demandes: la communion pour les divorcés remariés, l’ordination d´hommes et de femmes mariés et l’accès des laïcs à la prédication. Le Père Johan Dekimpe, un prêtre de Courtrai âgé de 69 ans, est l´initiateur de cette démarche, qui s’inspire de pétitions de ce genre lancées en Autriche, en Allemagne et en Suisse.

Le désir de changement ne laisse pas les évêques insensibles

Les évêques du Nord de la Belgique ainsi que Mgr André-Mutien Léonard, président de la Conférence épiscopale de Belgique, ont accueilli les membres du «Werkgroep kerkenwerk» qui sont à la base de cette initiative. Le Manifeste «Des croyants prennent la parole», venant des catholiques de base, réclame plus de démocratie dans l’Eglise. Dans leur communiqué, les évêques flamands disent avoir «pris attentivement connaissance du Manifeste». Le désir de changement qui émane de ce texte ne les laisse pas insensibles. «Nous sommes, nous aussi, à la recherche de renouvellement et d’une plus grande authenticité, fidèles aux Ecritures et à la Tradition de l’Eglise».

La situation présente de l’Eglise n’est pas confortable, reconnaissent les évêques flamands. «On attend beaucoup des responsables pastoraux de l’Eglise. Nous n’avons plus la position sociale ni l’impact que nous avions antérieurement. Nous faisons beaucoup d’efforts pour rejoindre le mieux possible l’Evangile et la vie des gens. Mais cela n’est pas simple dans un contexte social où la sécularisation prend de l’ampleur». Et de se demander comment annoncer l’Evangile de manière telle que le cœur de l’homme d’aujourd’hui en soit touché. «C’est la question qui nous habite. Les réformes de structures ou les adaptations n’y changeront rien. Et pourtant, elles peuvent nous aider. Mais nous comprenons aussi que la progressivité des réformes puisse mettre notre patience à l’épreuve. Les évolutions dans notre société sont tellement fondamentales qu’elles demandent du discernement pour les orientations futures».

La question des ministères «sont du niveau de l’Eglise universelle»

Le Manifeste donne aussi aux évêques l’occasion de clarifier leur position. Certains éléments, comme les liturgies dominicales de la Parole, dépendent des évêques et font actuellement l’objet de concertation. D’autres, comme les ministères dans l’Eglise ou le sacerdoce, sont du niveau de l’Eglise universelle, rappellent-ils.

«Pour les questions qui touchent à la vie personnelle des gens, nous plaidons pour une attitude pastorale et pleinement respectueuse. Même si tous les états de vie dans l’Eglise ne sont pas équivalents, aucune personne ne peut être dévalorisée, parce que toute personne est toujours plus que la somme de ses actes et que sa situation de vie. La communauté de l’Eglise, fondée sur le Christ et son Evangile, est envoyée à tout homme. Elle puise sa mission au cœur de l’eucharistie. C’est là que se créent les liens entre la vigne et les sarments (Jn 15, 5)».

Notons que de très nombreux prêtres et religieux ont adhéré au Manifeste, ainsi qu’une série de personnalités publiques comme le ministre Geert Bourgeois, du parti nationaliste flamand «Nieuw-Vlaamse Alliantie» (N-VA), le gouverneur de Flandre-Occidentale Paul Breyne, et d’autres élus du CD&V à côté de professeurs d’université – dont le recteur émérite de l´Université catholique de Louvain Roger Dillemans – et de «simples» catholiques.

Encadré

#Diagnostic très sévère pour l’Eglise en Flandre

Le Manifeste pose un diagnostic très sévère pour l’Eglise catholique en Flandre, déplorant le nombre croissant de paroisses sans prêtres, de célébrations à des heures indues, d’offices de prière sans communion. Il interpelle directement les évêques de Belgique afin que les catholiques osent entreprendre de vrais changements dans l’Eglise. Il plaide pour que la direction des paroisses soit confiée à des laïcs, femmes comme hommes, qui auraient reçu une formation «ad hoc». Le Manifeste demande encore que des laïcs puissent faire l’homélie s’ils ont de bonnes bases théologiques et prend la défense des divorcés remariés. Les initiateurs demandent finalement que l’Eglise permette, tant à des hommes qu’à des femmes mariées, d’accéder au sacerdoce. (apic/com/be)

10 février 2012 | 10:55
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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