Fribourg: Une foule recueillie accompagne Mgr Genoud à sa dernière demeure

Les funérailles de l’évêque célébrées en la cathédrale St-Nicolas samedi 25 septembre

Fribourg, 25 septembre 2010 (Apic) Une foule recueillie et émue a accompagné samedi 25 septembre Mgr Bernard Genoud à sa dernière demeure, la crypte de la cathédrale St-Nicolas, où sont enterrés les évêques du diocèse, de Mgr Cosandey, à la fin du XIXe siècle, à Mgr Pierre Mamie, en 2008. Les fidèles qui n’avaient pu entrer dans la cathédrale – un grand groupe – ont pu rejoindre l’église des Cordeliers, également comble, où la cérémonie était retransmise sur grand écran.

L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), qui était une figure très populaire en Romandie, est décédé d’un cancer à l’âge de 68 ans mardi soir à l’EMS La Providence, à Fribourg. Jeudi et vendredi, les fidèles avaient déjà défilé en nombre pour rendre un dernier hommage dans la chapelle de l’évêché à cet évêque féru de musique et de philosophie qui s’était fait connaître d’un large public par ses rencontres intitulées l’«évêque au bistrot». Afin d’approfondir certaines notions de la foi catholique, sur la base d’un commentaire du «Catéchisme de l’Eglise catholique», il avait également mis en place dès 2006 des «Ecoles cathédrales» appréciées des fidèles.

Un long défilé de prêtres et d’évêques

Dès avant 9h00, une bonne centaine de fidèles se pressaient déjà sur le trottoir devant la cathédrale aux portes fermées. Alors que sonnaient les cloches de la cathédrale, le convoi funèbre est arrivé et le cercueil du défunt a été déposé à même le sol sur le parvis de St-Nicolas. Il a alors été salué par les drapeaux des anciens Gardes suisses pontificaux, des fanfares (Union instrumentale, Concordia, Landwehr…), des sociétés d’étudiants, de sa commune d’origine Châtel-St-Denis… Puis ce fut le long défilé des prêtres du diocèse, des diacres, de prêtres des Eglises grecque-orthodoxe et copte, des chanoines de la cathédrale et finalement de tous les membres de la Conférence des Evêques Suisse (CES).

Seul Mgr Kurt Koch, nouveau président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens à Rome – et administrateur apostolique du diocèse de Bâle jusqu’à l’entrée en fonction du nouvel évêque – était absent, retenu par une importante conférence œcuménique à Vienne. Le nonce apostolique en Suisse, Mgr Francesco Canalini, et le nonce de la Mission permanente auprès de l’Organisation des Nations Unies à Genève, Mgr Silvano Tomasi, étaient également présents, ainsi que Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy (Haute-Savoie), et un évêque du Burundi de passage à Fribourg. Le pasteur Daniel de Roche représentait l’Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg.

«Au ciel, feu !»

Après une prière devant la cathédrale dite par le président de la CES Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion, qui a présidé la messe des funérailles, la septantaine de membres du contingent des Grenadiers fribourgeois commandé par le colonel Pierre Dessibourg ont tiré une salve d’honneur lorsqu’a été lancé la consigne «Au ciel, feu !» Cinq membres du conseil d’Etat fribourgeois étaient présents, plusieurs préfets, les autorités de la ville, des parlementaires fédéraux ainsi que des délégations des autres cantons diocésains, Vaud, Genève et Neuchâtel. Le conseiller d’Etat Pascal Corminboeuf a souligné la présence neuchâteloise: «le président du Grand Conseil neuchâtelois a tenu à faire le déplacement de Fribourg, malgré la séparation entre l’Eglise et l’Etat dans ce canton», a-t-il déclaré à l’Apic.

A l’intérieur, l’abbé Marc Donzé a déployé l’aube de Mgr Genoud sur son cercueil, suivi par l’abbé Jean-Jacques Martin, qui a déposé l’étole sur l’aube, tandis que le chanoine Kurt Stulz plaçait en dessous l’évangéliaire et le chanoine Nicolas Betticher le calice.

Mgr Rémy Berchier plaçait la crosse épiscopale sur un socle à côté du catafalque, et Mgr Pierre Farine y déposait la mitre du défunt. Dans son homélie, l’évêque auxiliaire à Genève a rappelé la devise épiscopale de Mgr Genoud, «Ma grâce te suffit», et souligné «l’abondance de dons» que l’on rencontrait chez l’évêque défunt, «dont nous avons pu bénéficier». Et de relever que Bernard Genoud, son ami depuis le séminaire, a toujours mis l’homme au centre et ne s’est jamais enorgueilli de sa fonction.

Il avait accepté «de montrer sa faiblesse à visage découvert»

«Bernard, notre frère, nous donne par delà sa mort, un témoignage de faiblesse, mais également de force». Acceptant «de montrer sa faiblesse à visage découvert», Mgr Genoud avait en effet révélé l’existence de son cancer inéluctable. Mgr Farine n’a pas caché que son frère dans l’épiscopat avait beaucoup souffert de découvrir que dans l’Eglise tout n’était pas harmonie, mais il a œuvré pour la réconciliation.

Soulignant que ce musicien doué, ce philosophe à la profonde sensibilité, ce théologien et pasteur à la suite des apôtres, était un homme simple, qui ne courait pas après les honneurs. Son «frère Bernard» a certes toujours été préoccupé par les brebis du bercail, mais il s’est soucié aussi de celles restées sur le parvis, notamment avec son initiative de «l’évêque au bistrot». La quête de la messe était destinée à la Fondation du cardinal Journet, dont Mgr Genoud – pour qui Charles Journet fut un maître – était le président.

A la fin de la cérémonie, Beat Vonlanthen, président du Conseil d’Etat fribourgeois, a relevé que même si on s’y attendait, «la mort de notre évêque nous a plongés dans une profonde tristesse». Il a relevé que ce «prêtre heureux», cet «être d’exception», a conquis les cœurs par son intelligence, son humour, sa sagesse, sa modestie et son humilité. «Cet homme-là nous manquera vraiment… Une lumière familière s’est éteinte, mais cette lumière brille encore et continuera de briller !» (apic/be)

25 septembre 2010 | 16:30
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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