Egypte : Après la chute de Morsi, les chrétiens sont inquiets tout en étant pleins d’espérance
«Les islamistes se vengent sur nous autres chrétiens»
Assiout, 15 août 2013 (Apic) «Les islamistes se vengent sur nous autres chrétiens», affirme Mgr Kyrillos William Samaan, évêque catholique copte d’Assiout, dans une interview accordée à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique «L’Aide à l’Eglise en détresse», le 14 août 2013. C’est ainsi qu’il explique les récentes violences islamistes perpétrées lundi 12 août 2013 contre des chrétiens et des institutions chrétiennes en Egypte.
L’évêque s’est notamment rapporté à des incidents qui se sont déroulés dans les villes de
Sohag, Fayoum, Beni Souef ainsi que sur la presqu’île du Sinaï. Des églises y ont été attaquées par des
islamistes, des chrétiens ont été menacés et il y a eu des morts. Dans la ville de Sohag, des extrémistes islamiques auraient hissé le drapeau noir d’Al-Qaïda sur une église.
Ayman al-Zaouahiri, le chef d’Al-Qaïda en Egypte, avait accusé les chrétiens d’être co-responsables avec l’armée et les forces du régime de Hosni Moubarak de la chute du chef d’État
islamiste Mohamed Morsi, destitué de la présidence le 3 juillet 2013.
«C’est évidemment absurde. Il y a eu 33 millions d’Égyptiens ont exigé sa démission. Nous autres chrétiens n’étions pas les seuls à manifester contre Morsi», poursuit Mgr Samaan. Eu égard à la situation actuelle en termes de sécurité, il a certes exprimé son inquiétude, mais ne voulait avancer aucun reproche envers les forces de l’ordre. «Actuellement, la police et les autres organes de l’État sont pleinement occupés à maintenir les islamistes sous contrôle.»
«Nous nous sentons à nouveau chez nous en Egypte»
L’évêque a toutefois souligné qu’après la chute de Morsi, l’ambiance pour les chrétiens d’Egypte
avait considérablement changé. «Nous nous sentons à nouveau chez nous en Egypte», assure
Mgr Samaan. Par ailleurs, il a avancé qu’entretemps, des journalistes non-chrétiens s’engageaient
également en faveur des chrétiens en insistant sur le fait que ceux-ci ne devaient pas payer le prix de
la démocratisation du pays. Pour l’évêque, la défense d’églises chrétiennes contre des manifestants
islamistes, telle qu’elle a été prise à Sohag ou à Assiout par des musulmans modérés, serait aussi à
considérer comme un signe positif. «Telle est la véritable Egypte: chrétiens et musulmans sont
unis», poursuit Mgr Samaan.
Toujours selon lui, le message exprimé cette année par le pape François à l’occasion de la
fin du mois de jeûne islamique qu’est le Ramadan, aurait été accueilli de manière très positive. Pour
la première fois, le pape s’était adressé personnellement aux musulmans du monde entier à cette
occasion. Les années précédentes, cette missive avait toujours été publiée au nom du souverain
pontife par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
L’évêque a reproché aux Frères musulmans évincés du pouvoir de ne pas accepter les propositions
de réconciliation émises par le nouveau gouvernement. «Le problème, c’est qu’ils continuent de
vouloir un État islamique, mais la majorité des Egyptiens est contente de ne pas en être
arrivés là. Ils veulent un État libéral», assure Mgr Samaan, qui s’est aussi exprimé de manière optimiste quant à la future Constitution égyptienne. Très bientôt, un comité composé de 50 personnes remaniera la Constitution élaborée sous l’islamiste Morsi et approuvée lors du référendum constitutionnel. Des représentants des chrétiens égyptiens contribueront aussi à cette nouvelle Constitution. «Toutes les forces de la société y participeront. Je suis confiant que l’État et la religion seront dorénavant séparés, car le mélange des deux est source de beaucoup de maux.» (apic/com/cw)