Les jeunes pèlerins Romands ont bravé le soleil ardent de Rome pour participer à l'Audience générale du 30 juillet 2025 | © Raphaël Zbinden
Suisse

Les jeunes pèlerins romands à la rencontre de Léon

La page Instagram officielle de Léon XIV (@pontifex) et la page francophone de Vatican News affichaient toutes les deux, le 30 juillet 2025, un grand drapeau suisse accompagné d’un drapeau de… la Broye.

Les 400 Romands, dont les Broyards, en pèlerinage depuis le 28 juillet, y étaient donc bien visibles. Le désormais célèbre drapeau a été offert par la Communauté régionale de la Broye (COREB), explique non sans fierté à cath.ch Lazare Preldakaj, responsable de la pastorale jeunesse de la Broye. «Il nous fallait quelque chose qui représente toute la région, pas seulement une unité pastorale ou une paroisse», explique-t-il.

Le fameux drapeau Suisse-Broye visible lors du pèlerinage des jeunes Romands à Rome | © Raphaël Zbinden

Un pape proche des gens

La petite région partagée entre Fribourg et Vaud a ainsi été mise à l’honneur lors de la messe d’accueil du Jubilé des jeunes et de l’Audience générale qui a suivi le lendemain. Lors de cette première célébration, présidée par l’archevêque italien Rino Fisichella, le pape a surpris les 120’000 pèlerins réunis sur la place St-Pierre en faisant une apparition sur sa papamobile, provoquant une énorme excitation. «J’ai été très marquée par le contact chaleureux que le pape a avec les gens», note Anna. La jeune fille de 16 ans, venue avec le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), a vécu de grands moments d’émotion lors des deux rencontres. Elle a été notamment touchée par les gestes d’affection du pontife envers les nombreux bébés qu’il a pris dans les bras lors de ses tournées sur la place St-Pierre.

Violence réelle et virtuelle

L’audience générale, qui se déroule en fin de matinée du mercredi 30 juillet, rappelle aux pèlerins qu’ils sont à Rome en plein été, et que les jours de pluie sont terminés. Beaucoup de parapluie sont à nouveau sortis, mais cette fois pour lutter contre le soleil.

Le soleil était ardent à l’Audience générale | © Raphaël Zbinden

Relayé sur grand écran, le pape s’adresse sans doute plus particulièrement aux jeunes en déplorant une société «qui tombe malade à cause d’une ›boulimie’ des connexions des réseaux sociaux». Léon XIV s’inquiète aussi de l’augmentation de la violence et des conflits dans le monde. Il estime indispensable de persévérer dans le dialogue, de renforcer la collaboration et de faire de la diplomatie la voie privilégiée pour prévenir et résoudre les conflits. Les interventions, en reflet de l’universalité de l’Église, sont traduites dans sept langues, dont le français.

Chanter en latin et danser autour de l’autel

Les jeunes Romands présents à Rome ont bien compris le message du pape en se mêlant joyeusement et fraternellement. «J’ai déjà échangé avec des jeunes de beaucoup d’autres pays, souligne Iris, de Montreux, originaire du Rwanda. Je trouve cela très rassurant de voir autant de jeunes du monde entier qui aiment Jésus.»

Le pape Léon XIV prenant un bain de foule lors de l’Audience générale du 30 juillet 2025 | © Raphaël Zbinden

«On atteint une profondeur spirituelle nouvelle chez les jeunes. », assure à cath.ch le cardinal luxembourgeois Jean-Claude Hollerich, rencontré sur la Via della Conziliazone. Et qui accompagne à Rome une délégation de 80 jeunes de son pays. Il fait remarquer que dans un État aussi sécularisé que le Grand-Duché du Luxembourg les messes, notamment du mercredi des Cendres et des Rameaux «étaient combles».

L'abbé burkinabé Xavier en mélange des cultures | © Raphaël Zbinden

Un besoin accru de rituel qui doit être bien compris par l’Église. «Il faut que les jeunes trouvent des lieux qui parlent leur langue, souligne le cardinal. Certains d’entre eux, il est vrai, recherchent des formes plus classiques de célébration. Mais il faut aller au-delà des formes et accueillir la diversité. J’ai pu constater que des jeunes sont capables un jour de chanter en latin et, un autre jour de danser autour de l’autel.»

Les coulisses de la Garde suisse

Après les émotions de la matinée, les jeunes Romands peuvent parfaire, le 30 juillet, leur connaissance de Rome et du Vatican en visitant la Garde suisse. Les pèlerins découvrent l’armurerie, qui outre les hallebardes et les casques, abrite un armement autrement plus moderne, tels que des fusils ou des mitraillettes.

Une immersion historique dans les coulisses de la plus petite armée du monde qui plaît beaucoup au vu du très grand nombre de questions posées à la fin, au point de retarder passablement le programme. «Fait-il chaud sous l’habit?», «Comment faites-vous pour tenir aussi longtemps debout?», «Quelles bêtises avez-vous déjà faites?», le garde-guide répond avec bonne humeur à toutes les demandes.

Le cardinal luxembourgeois Jean-Claude Hollerich et son vicaire général accompagnent des jeunes de leur pays à Rome | © Raphaël Zbinden

Il apprend notamment à l’assistance que les bandes sur les vêtements ne sont pas là pour faire joli, mais qu’elles servent à masquer les mouvements des jambes qui pourraient révéler une passe lors d’un combat. Le militaire se souvient également que le pape François avait l’habitude de sortir de sa chambre pour offrir un livre au garde se trouvant la nuit devant sa porte. Certains gardes auraient ainsi amassé de véritables bibliothèques.

Malgré l’allongement de la visite à la Garde pontificale, les pèlerins sont à l’heure à la messe à l’église Santa Maria del Rosario in Prati. Dans son homélie, l’abbé jurassien Antoine Dubosson approfondit la parabole du trésor et de la perle (Matthieu 13 :44-58), dans lequel Jésus explique: «Le royaume des cieux ressemble à un trésor enfoui dans un champ. Un homme le découvre: il le cache de nouveau, s’en va, débordant de joie, vend tout ce qu’il possède et achète ce champ.»

La visite de la Garde suisse a été très instructive | © Raphaël Zbinden

À la recherche d’une plus grande famille?

«Les jeunes ont toujours besoin de Dieu, car le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme», commente l’abbé Fortunat Badimuene, aumônier francophone de l’Université de Fribourg. Au cours de cette année, lui aussi a constaté une forte augmentation de fréquentation à la messe des Cendres, mais aussi aux Rorate. Cette messe traditionnelle en l’honneur de la Vierge Marie pendant le temps de l’Avent est pourtant assez contraignante, car elle est célébrée à l’aube ou même avant le lever du soleil. Ce qui fait penser au prêtre que les jeunes ne recherchent pas forcément une pratique aisée et confortable.

L’abbé Fortunat Badimuene est aumônier à l’Université de Fribourg | © Raphaël Zbinden

Fortunat constate parallèlement une grande demande de conseils et de renseignements sur la foi de la part des étudiants. «Les questions portent souvent sur les relations humaines, familiales. La solitude pèse parfois sur les étudiants, notamment ceux, maintenant assez nombreux, qui sont issus de familles séparées. Ils sont à la recherche d’une forme de communauté, de liens fraternels. Ce qu’ils tentent notamment trouver lors de pèlerinages comme celui que nous vivons. Et je crois sincèrement que l’Église peut être pour eux cette mère qui accueille sans juger.» (cath.ch/rz)

Les jeunes pèlerins Romands ont bravé le soleil ardent de Rome pour participer à l'Audience générale du 30 juillet 2025 | © Raphaël Zbinden
31 juillet 2025 | 17:28
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 5  min.
Année sainte (22), Jeunes (275), Jubilé 2025 (68), pèlerinage (229)
Partagez!