Les obsèques de F. Mitterand ont eu lieu à Jarnac Mgr Dagens: «Un homme,

avec son dialogue intérieur» =

Jarnac, 11 janvier 1996 (CIP)

Ce qui mesure l’oeuvre de François Mitterand, ce ne sont pas seulement ses

combats politiques, ni l’influence de l’homme d’Etat, c’est aussi et

surtout le dialogue intérieur, a souligné Mgr Claude Dagens, évêque

d’Angoulème, aux obsèques de l’ancien président.

Dans une très brève homélie, l’évêque d’Angoulème a évoqué «tant d’amitiés

partagées, tant de fidélités» qui ont rassemblé sa famille et ses amis les

plus proches en l’église St-Pierre de Jarnac, sa ville natale, notamment sa

fidélité à ses racines, «dont il était simplement fier».

Après avoir rappelé que le président Mitterand «a marqué notre histoire, en

servant sa patrie, en défendant avec acharnement les droits de tous les

hommes, en luttant contre les injustices, en encourageant l’union et la

réconciliation des peuples, en Europe et dans les autres régions du monde»,

Mgr Dagens a souligné que ce qui mesure son oeuvre «ce ne sont pas

seulement les combats politiques, ni même le prestige et l’influence de

l’homme d’Etat», c’est «aussi et surtout le dialogue intérieur, ce débat

avec lui-même qúil a mené jusqúau bout, à travers ombres et lumières».

Et de poursuivre: «Qui que nous soyons et quelles que soient nos

convictions, nous ne pouvons pas ne pas reconnaître en lui cette foi en

l’intériorité de l’homme, cette certitude selon laquelle un homme ne se

réduit jamais à ses luttes extérieures, parce que tout être humain est

porteur d’un mystère intime, «ce mystère d’exister et de mourir», comme il

l’a écrit lui-même, ce mystère qui ne peut pas être aboli par la mort,

parce qúil appelle, parce qúil attend (je le cite encore) «un

accomplissement, quelque chose que la mort met au monde, fait naître

ailleurs.

«Ce mystère intime, personne n’a le droit de l’évaluer à la place des

autres, et encore moins de l’enfermer dans ses propres interprétations.

Personne. Nous sommes simplement appelés à reconnaître et à respecter le

témoignage ainsi rendu, tout au long d’une vie, à la vérité de l’homme, à

travers bien des combats.»

Rappelant le baptême du défunt en cette même église de Jarnac, «signe de

cette nouvelle naissance qui s’opère non plus selon les lois de la chair et

du sang, mais selon la Loi nouvelle du Don de Dieu qui est sans

repentance», l’évêque d’Angoulème a conclu: «Là, nous croyons que se trouve

pour nous comme une source. Et nous osons croire que François Mitterand,

enfant de Dieu, est passé mystérieusement du côté de la Source. Il voit,

au-delà de toute obscurité. Nous prions pour lui, avec respect, avec

reconnaissance, avec le désir aussi, pour chacun de nous, de poursuivre ce

dialogue intérieur qúil a tant pratiqué, ce dialogue qui passe par nos

doutes et nos tâtonnements, mais que rien ne peut interrompre, puisque Dieu

s’y engage avec nous.»

11 janvier 1996 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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