Les Jésuites
Les Ordres religieux (150190)
Fondée le 15 août en 1534 à Paris par le Basque Ignace de Loyola et ses
amis et reconnue officiellement par la bulle «Regimini militantis Ecclesiae» délivrée par Paul III le 27 septembre 1540, la Compagnie de Jésus
s’étend rapidement à toute l’Europe, au point de devenir entre 1550 et 1650
l’élément le plus dynamique de l’Eglise catholique. Adversaires résolus de
la Réforme, les Jésuites sont les pionniers du Renouveau catholique et la
Compagnie devient l’un des facteurs déterminants de sa préparation et de sa
mise en oeuvre.
Présente à tous les échelons de l’Eglise et de la société, elle
représente, au début du XVIIe siècle, une force religieuse et politique
redoutable. Véritable milice religieuse soutenue par le pape – ses membres
prononcent un voeu d’obéissance au Souverain Pontife – et exemptée de la
juridiction épiscopale dès 1545, elle jouit d’une liberté d’action qu’aucun
Ordre n’avait connue jusque là : elle saura la gérer avec intelligence et
diplomatie pour parfaire son oeuvre de restauration.
Une telle puissance ne se développe pas sans faire des envieux : méfiance, calomnies, haine issues surtout des milieux soucieux de maintenir leur
privilèges se sont alliées jusqu’à provoquer l’expulsion de la Compagnie
entre 1597 et 1603. Rentrés en France pour promouvoir le relèvement moral
et intellectuel, les Jésuites rencontreront une hostilité grandissante qui
culminera au XVIIIe siècle dans une persécution généralisée et un éclatement de l’Ordre. En attendant, l’opposition, inquiète, contrôle de plus en
plus les agissements des Jésuites et tentent de les discréditer aux yeux de
tous.
Les raisons du succès
Jamais un Ordre religieux n’a connu une extension aussi rapide et joué
un rôle si décisif dans l’histoire de l’Eglise que la Compagnie de Jésus;
ses membres, soigneusement formés, sont à la pointe de l’avance catholique
dans tous les domaines : enseignement, recherche théologique, évangélisation, mission. Hardis, entreprenants, les Jésuites renouvellent les méthodes d’acquisition des connaissances et diversifient le savoir, ouvrent des
pistes aux théologiens pour une meilleure compréhension de l’âme humaine,
remettent en honneur en les revivifiant les pratiques de la piété populaire
et envoient des missionnaires sur tous les continents.
leur succès, s’il est le fruit d’un labeur inlassable, s’appuie également sur la confiance de tous, et en premier lieu du pape, dont ils sont la
«milice» et dont ils dépendent directement; leur collèges formet les fils
des classes aiséesa et leur vie de clercs réguliers – -une nouveauté pour
l’époque – les rapporche de la masse des fidèles.
L’inflence de la Compagnie de Jésus, si elle est visible et active au
temps de la Réforme catholique, sera encore bien réelle quelques générations plus tard : en moins d’un siècle, les Jésuites possèdent la plus
grande partie des collèges français et leurs établissements sont des foyers
reconnus où se forment à leurs méthodes de pensée et à leur discipline intelligences et caractères. Ils y dispensent un enseignement de qualité fondé sur une méthode nouvelle et originale, la «Ratio Studiorum», un programme d’études aussi solide que logique, dont les humanités sont la base. Ils
s’inspirent ainsi des intuitions de leur fondateur : «Notre tâche est de
relever la religion, mais pour cela, et d’abord, il faut préparer des élèves. Cette préparation consiste dans la culture de l’intelligence par les
sciences inférieures, à savoir : les humanités, la philosophie, les sciences».