Les prêtres nicaraguayens soumis à une inspection hebdomadaire de la police
Selon un nouveau rapport de l’ONG anglaise Christian Solidarity Worldwide (CSW) la police nicaraguayenne exige désormais des prêtres qu’ils se présentent chaque semaine dans les postes de police pour y être interrogés et qu’ils soumettent leurs homélies hebdomadaires et la liste de leurs activités à un examen.
Les prêtres catholiques de plusieurs diocèses du Nicaragua doivent désormais se rendre chaque semaine au poste de police le plus proche pour y être interrogés, indique un récent rapport de Christian Solidarity Worldwide (CSW). Certains de ces prêtres ont déclaré qu’ils étaient affectés d’une surveillance permanente et qu’ils ne pouvaient pas quitter leur communauté sans autorisation.
Le journal local La Prensa a rapporté que dans d’autres diocèses, les prêtres ne sont pas obligés de se rendre au poste de police, mais que la police se rend dans les paroisses pour leur demander un résumé des activités hebdomadaires de la paroisse.
Menace de ne pas reconnaître les évêques nommés par Rome
La répression intervient quelques semaines après que Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa en exil à Rome, a accordé une interview dans laquelle il déclarait qu’il continuerait à exercer ses fonctions. Le régime nicaraguayen a réagi deux jours plus tard, qualifiant l’interview d’«attaque» contre la souveraineté du Nicaragua. Le communiqué du gouvernement qualifie le Vatican d’institution «dépravée et pédophile» et affirme que l’Église dans le pays est remplie de «menteurs et de pharisiens» qui veulent influencer la politique intérieure.
La déclaration du régime affirme en outre que «rien n’autorise l’État du Vatican, qui doit suivre les règles du droit international et respecter les institutions et les gouvernements nationaux, à procéder à quelque nomination que ce soit sur le territoire souverain de notre Nicaragua». Cette déclaration laisse présager que le gouvernement pourrait refuser de reconnaître les futures nominations épiscopales dans le pays.
Deux évêques ont eu 75 ans l’année dernière, dépassant ainsi l’âge nominal de la retraite: le cardinal Leopoldo Brenes, de la capitale Managua, et l’évêque Carlos Herrera de Jinotega, récemment exilé, qui est également président de la conférence épiscopale. Il est de plus en plus difficile de savoir quand et comment le Vatican sera en mesure de leur nommer des successeurs.
Répression tous azimuts
Le régime de Daniel Ortega a persécuté les partis d’opposition, fermé la quasi-totalité des universités privées et des médias, et exilé les hommes d’affaires, les politiciens, les activistes et de nombreux prêtres qui ne soutenaient pas son régime.
L’Église catholique reste pratiquement la seule institution nationale indépendante même si elle a vu la saisie ou la fermeture de nombre de ses institutions. Prêtres et évêques refusent de soutenir la dictature – à quelques exceptions près.
Dans le même temps, la pratique religieuse reste forte dans le pays. Les catholiques nicaraguayens continuent de remplir les bancs tous les dimanches et les séminaires sont presque pleins, même si le gouvernement n’a autorisé pratiquement aucune ordination sacerdotale depuis plus d’un an. Les évêques en exil, comme Mgr Álvarez, restent en contact avec leurs prêtres au Nicaragua et sont très populaires.
Droit de veto sur les nominations épiscopales
Certains observateurs soupçonnent le gouvernement du Nicaragua de se préparer à demander au Vatican de lui concéder un droit de veto sur les nouvelles nominations épiscopales, en échange d’une diminution de la pression sur le clergé et les institutions ecclésiastiques. La pression menée par le gouvernement pour forcer les évêques en exil à démissionner de leur siège viserait à les faire remplacer par des évêques favorables au régime. Le Nicaragua ne compte que neuf diocèses, dont quatre ont déjà leurs évêques en exil.
Le pape François ne cédera pas
Le pape François n’a donné aucun signe de vouloir céder aux exigences d’Ortega concernant l’approbation par le gouvernement des nominations épiscopales. En 2023, il avait comparé Ortega à Hitler dans une interview. En 2024 il a peersonnellement nommé l’évêque en exil Mgr Álvarez comme délégué à la deuxième session du Synode sur la synodalité. (cath.ch/thepillar/mp)