Malaisie: Islamistes et progressistes se déchirent sur la question de la liberté religieuse
Les radicaux musulmans veulent imposer la charia
Kuala Lumpur, 8 novembre 2012 (Apic) A l’approche des élections législatives de 2013, les polémiques se multiplient autour de la question religieuse en Malaisie. Les musulmans conservateurs s’opposent aux partis progressistes qui veulent établir la liberté de conversion pour tous les Malaisiens. Les radicaux musulmans projettent d’appliquer la loi islamique à tous les habitants.
Le sujet de la religion est particulièrement sensible en Malaisie, pays multiethnique et multiconfessionnel. Près de 60 % des 28 millions de citoyens du pays sont d’appartenance ethnique malaise, donc considérés comme musulmans.
Conversions à sens unique
«Je suis favorable à ce que la liberté religieuse bénéficie à tous les Malaisiens, y compris aux Malais», a déclaré le 3 novembre 2012 Nurul Izzah Anwar, vice-présidente du Parti progressiste Keadilan Rakyat (PKR). Actuellement, ce droit est nié aux musulmans. Elle s’est attirée de vives critiques de la part de groupes islamiques conservateurs ainsi que de membres de l’ United Malays National Organisation (UMNO), le parti malais conservateur au pouvoir.
Ces groupes l’ont accusée d’être favorable à «l’apostasie» des musulmans. «Nous sommes musulmans et nous ne changeons pas de religion», a répliqué le 7 novembre l’ancien Premier ministre Mohamad Mahathir. «Quant aux autres, leurs croyances les autorisent peut-être à se convertir, mais nous ne devrions pas nous laisser influencer par les idées occidentales», a-t-il asséné.
La charia pour tous?
Les semaines précédentes, des groupes musulmans et des parlementaires de l’UMNO ont lancé une campagne demandant l’introduction des «hududs» dans la législation malaisienne. Les hududs sont les dispositions légales inspirées de la charia. Elles définissent les peines appliquées pour les différents crimes, comme l’amputation de la main pour les voleurs.
En Malaisie, Etat laïque dont la religion officielle est l’islam, des lois inspirées de la charia existent déjà. Elles s’appliquent aux seuls musulmans et concernent les secteurs de la vie civile tels que le mariage, le divorce, l’héritage et des questions morales. La Constitution fédérale donne aux Etats la possibilité d’assurer l’application de telles lois issues de la charia. Mais elles réservent le domaine du Code pénal au gouvernement fédéral.
Selon les propositions avancées, les hududs devraient être imposées aux non musulmans. Les organisations défendant les intérêts des minorités religieuses en Malaisie se sont immédiatement élevées contre ce projet.
Un pays multiconfessionnel
L’islam est la religion officielle de la Fédération de Malaisie. De 55 à 60 % de la population y adhère. 24 % des Malaisiens sont adeptes de la religion chinoise traditionnelle, 6 % du bouddhisme, 8 % de l’hindouisme, 7 % du christianisme, et les 2 % restants se répartissent en sikhs, animistes et autres. (apic/eda/rz)