Valérie Letoffé (à dr.) s'est engagée temporairement dans l'oblature lors de l'office des vêpres dans la chapelle des Sœurs de saint Maurice | © Bernard Hallet
Suisse

Les Sœurs de saint Maurice reçoivent l’engagement de la première oblate

«C’est une première chez les Sœurs de Saint-Maurice», relève Sœur Claire-Isabelle Siegrist, supérieure régionale des Sœurs de saint Maurice. La communauté de La Pelouse, à Bex (VD), a entouré Valérie qui s’est engagée temporairement, le 22 septembre 2025, comme oblate auprès des religieuses. Elle est la première de la congrégation.

«Voilà.» La conclusion de Valérie Letoffé résume la simplicité de l’engagement temporaire d’oblate* qu’elle vient de prendre devant les Sœurs de saint Maurice et quelques proches.

Après les chants et la lecture de l’office des vêpres, Valérie a fait «pour un an en présence de notre Sœur supérieure régionale, les promesses de chasteté, de pauvreté et d’obéissance».

Valérie Letoffé reçoit sa croix, réalisée spécialement pour les oblates des Sœurs de saint Maurice | © Bernard Hallet

Valérie a reçu la croix et les statuts des oblates puis a signé le registre. Pas d’effusions, mais l’accolade chaleureusement échangée dans le silence de la chapelle avec la supérieure en disait long sur la joie profonde, mais discrète de la communauté de recevoir leur première oblate.

La famille de saint Maurice

«Je suis tellement heureuse!», confie Valérie Letoffé à cath.ch. «Maintenant, je fais vraiment partie de la famille de saint Maurice.» Elle concrétise «’quelque chose’ qu’elle vit depuis longtemps avec les sœurs». Dans un an, ou deux, elle s’engagera définitivement. A l’entendre, cela ne fait aucun doute.

Française d’origine, Valérie Letoffé est née en 1973 à Lille, dans le nord de la France. Elle vit en Suisse depuis 25 ans où elle a travaillé dans les soins. En 2012, elle change de vie et devient clown. Elle donne des représentations et organise des sessions «Clown et foi», notamment à la Pelouse. Elle travaille avec un metteur en scène de l’Académie Dimitri avec lequel elle a déjà créé un spectacle. Valérie a aussi un élevage de chiens.

A l’issue de la cérémonie, Valérie Letoffé et Sœur Claire-Isabelle ont signé le registre sur l’autel de la chapelle | © Bernard Hallet

Depuis petite, la foi est un élément central dans sa vie. «J’ai toujours réfléchi à la manière dont je pourrais suivre le Christ dans ma vie quotidienne.» Valérie habite depuis 13 ans à proximité des sœurs. Elle participe à la vie de la communauté, aide à l’accueil et prépare les temps liturgiques. «Cela m’épanouit». Lorsque les sœurs lui ont présenté les statuts d’oblate, cela lui a naturellement correspondu. Elle veut donner un sens à son engagement en apportant de la joie, de la couleur et du respect. «C’est vital dans notre monde actuel!» Outre son activité dans la communauté, elle poursuit son métier de clown.

«C’est un événement pour nous!» commente sobrement Sœur Claire-Isabelle. Une première oblate, même temporaire, ce n’est pas rien. «Deux autres femmes se posent sérieusement la question», indique la supérieure régionale qui a reçu l’engagement de Valérie. Lorsqu’elle se prononcera définitivement, c’est la supérieure générale qui la recevra au nom de la congrégation.

Une longue réflexion

«Nous avons fait quelque chose à nous, en nous inspirant de ce qui se vit ailleurs». L’institution d’une oblature chez les sœurs de saint Maurice est l’aboutissement d’une longue réflexion suite à un constat: «De plus en plus de femmes, proches de la communauté, souhaitent s’engager plus et se rapprocher de nous, mais sans toutefois pouvoir embrasser une vie religieuse», détaille Sœur Claire-Isabelle. Soit parce qu’elles sont engagées dans une vie de couple ou de famille ou qu’elles sont divorcées ou encore pour des raisons de santé. «Notre charisme ne nous appartient pas, rappelle Sœur Claire-Isabelle. Qui sommes-nous pour dire ‘non’ à ce qui est une vocation?»

Les oblats aussi

«Nous souhaitons pourvoir répondre à ces femmes en élargissant notre famille des Sœurs de saint Maurice et en ouvrant l’oblature», précise un préambule aux statuts. La supérieure régionale pense que de plus en plus de laïcs souhaiteront s’engager à travers l’oblature. «Des laïcs, car c’est aussi ouvert aux hommes», précise-t-elle. L’acceptation d’oblats est compatible avec les Constitutions de la congrégation.

La décision a été prise lors du chapitre général de 2023. Les statuts, un document de quatre pages, stipulent ainsi la motivation d’établir l’oblature et les conditions à remplir (voir encadré) par les candidats et les différentes étapes à franchir jusqu’à l’engagement définitif. «Ad experimentum», spécifient les statuts. Non pas que l’expérience devrait s’arrêter, «mais pour faire évoluer l’oblature au gré de ce qui est vécu par les unes et les autres. Les oblates participeront à nos chapitres pour cela». La démarche vaut également pour la communauté de Madagascar, ajoute Sœur Claire-Isabelle.

L’accolade entre Valérie Letoffé et Sœur Claire-Isabelle a précédé les salutations des sœurs à la nouvelle oblate | © Bernard Hallet

Il s’agit d’abord d’une vocation, comme le rappelle le document. Et si les oblates ne s’engagent pas dans la vie religieuse par le strict vœu d’obéissance, elles sont en lien fraternel avec le gouvernement de la congrégation. Comme le précisent les statuts (voir encadré), ces femmes «peuvent prendre part dans la vie apostolique de la Congrégation et peuvent également interpeller une sœur pour une collaboration». Pour l’instant Valérie est seule, mais les sœurs travailleront sur la thématique des liens entre oblates et oblats quand le cas se présentera.

Nous adapterons les liens avec la communauté, selon le lieu de vie de la personne, explique Sœur Claire-Isabelle. Elle espère qu’il n’y aura pas seulement «des gens du coin». Cela permettra aux sœurs d’avoir plus de contacts avec le monde et de faire connaître davantage leur charisme. (cath.ch/bh)

*Un/e oblat/e: (du latin oblatus, qui signifie «celui qui a été offert») toute personne qui s’est agrégée à une communauté religieuse en lui faisant donation de ses biens et en promettant d’observer un règlement, mais sans prononcer les vœux ni prendre l’habit de religieuse et sans abandonner la vie laïque.

Critères d’admission:
La demande d’entrée en oblature est adressée à la Supérieure régionale.
-Une femme quel que soit son état de vie, peut demander l’oblature.
-Âge: de préférence dès 45 ans. Si elles sont célibataires, et ont moins de 45 ans, on proposera d’abord un discernement vocationnel pour la vie religieuse.
-Elles ont un travail, sont indépendantes financièrement et doivent subvenir à leurs besoins. Une promesse privée de célibat pourra être discernée si l’oblate s’y sent appelée.

Plusieurs étapes jalonnent l’engagement définitif à l’oblature:
-Un temps de discernement accompagné par une sœur.
-Une formation initiale, puis continue.
-Une étape de promesse temporaire. La demande d’engagement temporaire est envoyée, en temps voulu, à la Supérieure régionale et son Conseil qui décident de l’acceptation par voix délibérative.
-La promesse perpétuelle.
La demande d’engagement perpétuel est envoyée, en temps voulu, à la Supérieure générale et son Conseil qui décident de l’acceptation par voix délibérative.

Bien que ne vivant pas au quotidien une vie fraternelle en communauté, les oblates sont appelées à:
-Vivre une communion spirituelle profonde avec les sœurs.
-Participer régulièrement à la vie spirituelle et fraternelle de la communauté locale dont elles sont membres externes tout en restant dans leur vocation propre d’oblate.
-Témoigner, dans leur vie quotidienne, de la force et de la beauté de la fraternité en étant «sœurs de toutes». SSM

Valérie Letoffé (à dr.) s'est engagée temporairement dans l'oblature lors de l'office des vêpres dans la chapelle des Sœurs de saint Maurice | © Bernard Hallet
23 septembre 2025 | 15:02
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 5  min.
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