Les terroristes veulent détruire les racines du peuple syrien, dénonce l’Œuvre d’Orient

Paris, 25.08.2015 (cath.ch-apic) La destruction, dans l’oasis de Palmyre, par les terroristes de Daech (le soi-disant Etat islamique/EI) du sanctuaire dédié à Baalshamin, dieu des cieux phénicien, vise à «une destruction systématique des Syriens et de leurs racines», a dénoncé le 25 août 2015 l’Œuvre d’Orient à Paris. Les djihadistes tentent ainsi d’effacer les traces de l’histoire préislamique du pays.

Cette association française qui vient en aide aux chrétiens du Moyen-Orient «s’élève avec force contre les nouvelles exactions de Daech», tant au plan humain que patrimonial. L’Œuvre d’Orient qualifie d’»actes barbares» l’exécution de Khaled al-Assaad, âgé de 82 ans, directeur des Antiquités de Palmyre de 1963 à 2003, accusé par les terroristes islamiques d’être un partisan du régime et d’avoir été le directeur des «idoles» à Palmyre. Elle dénonce également les prises d’otages et la destruction du temple de Baalshamin, dédié au «maître de la terre, de la pluie et de la rosée», et du monastère syriaque catholique de Mar Elian (Saint Julien), datant du 5e siècle.

Des actions criminelles qui accélèrent la fuite des Syriens

Exécutées la même semaine, ces actions criminelles accélèrent la fuite des Syriens et particulièrement celle des chrétiens, déplore Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient.

L’association française qualifie les destructions de monuments historiques de «crimes culturels contre l’humanité». L’Œuvre d’Orient salue la tenue le 8 septembre prochain à Paris d’une conférence internationale organisée par le Ministère français des Affaires Etrangères. Elle a pour objectif de venir en aide aux victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient. En effet, les yézidis, les shabaks, les mandéens et les chrétiens subissent de plein fouet la progression des djihadistes de l’Etat islamique en Syrie et en Irak.

La protection des populations et de leur patrimoine est prioritaire

Près de 60 Etats seront représentés à Paris, dont les Etats-Unis, la Russie, l’Irak, l’Arabie saoudite et la Turquie, ainsi que plusieurs organisations internationales, au premier rang desquelles l’ONU et ses différentes agences. Parmi les participants, on note la présence de Mgr Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens, à Bagdad. Mgr Pascal Gollnisch affirme que «la protection des populations et de leur patrimoine n’est pas une option, mais une priorité».

De son côté, Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, a fermement condamné la destruction du temple antique de Baalshamin, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. «La destruction systématique de symboles culturels incarnant la diversité culturelle de la Syrie révèle la véritable intention de telles attaques, qui privent le peuple syrien de son savoir, de son identité et de son histoire».

«Une semaine après le meurtre du professeur Khaled al-Assaad, l’archéologue chargé du site de Palmyre depuis quatre décennies, cette destruction est un nouveau crime de guerre et une perte considérable pour le peuple syrien et pour l’humanité», a déclaré la Directrice générale.

Effacer l’histoire préislamique de la Syrie

Construit il y a près de 2000 ans, le temple de Baalshamin témoigne de la richesse de l’histoire préislamique du pays. D’après un certain nombre d’informations, l’édifice a subi une explosion dimanche 23 août. Sa cella, ou partie intérieure, a été sérieusement endommagée et les colonnes qui l’entouraient se sont effondrées. La structure du temple de Baalshamin date de la période romaine. Elle a été érigée au premier siècle après J.-C. et agrandie par l’empereur romain Hadrien, note l’UNESCO.

Le temple est l’un des édifices les plus importants et les mieux conservés de Palmyre. Il fait partie du site de Palmyre, l’un des plus importants centres culturels du monde antique, célèbre pour ses vestiges gréco-romains monumentaux. Il a été régulièrement pris pour cible par Daech depuis mai 2015.

Les criminels «devront répondre de leurs actions»

«L’art et l’architecture de Palmyre, à la croisée de plusieurs civilisations, est un symbole de la complexité et de la richesse de l’identité et de l’histoire syriennes. Les extrémistes cherchent à détruire cette diversité et cette richesse et j’appelle la communauté internationale à faire preuve d’unité face à la poursuite de ce nettoyage culturel. Daech tue des personnes et détruit des sites, mais ne peut museler l’histoire et ne parviendra pas à effacer cette grande culture de la mémoire mondiale. Malgré les obstacles et le fanatisme, la créativité humaine prévaudra, les édifices et les sites seront réhabilités et certains d’entre eux seront reconstruits», poursuit Irina Bokova.

Elle affirme que de tels actes relèvent des crimes de guerre «et leurs auteurs devront répondre de leurs actions». L’UNESCO soutient les efforts consentis par le peuple syrien pour sauvegarder son patrimoine, «qui est un patrimoine de l’humanité toute entière». (apic/orient/unesco/be)

Le temple de Baalshamin, à Palmyre
25 août 2015 | 16:14
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
Daech (157), Oeuvre d'Orient (15), Palmyre (2), Syrie (436), Unesco (44)
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