sur la dignité et la vocation de la femme

Lettre apostolique de Jean Paul II (300988)

Note de l’épiscopat français

Paris, 30septembre(APIC) Dans une note sur la lettre apostolique «Mulieris dignitatem» du pape Jean Paul II sur la dignité et la vocation de la

femme présentée vendredi au Vatican par le cardinal Joseph Ratzinger, le

Secrétariat de l’épiscopat français relève qu’il s’agit d’une méditation et

non de propositions d’ordre pastoral. Celles-ci viendront dans l’exhortation post-synodale qui devrait bientôt être publiée

Le propos du pape est de donner un double éclairage : sur les grandes

interrogations humaines (sens de la vie, mal …) et sur la dignite de la

femme. Pour cela il faut resituer l’être humain dans sa vocation fondamentale. Cette vocation est illustrée par Marie, la Mère de Dieu : par son

union extraordinaire à Dieu, elle illustre «la finalité profonde de l’existence de tout homme». «La dignité de tout être humain et la vocation qui

lui correspond trouvent leur mesure définitive dans l’union à Dieu».

Homme et femme, créés à l’image de Dieu

C’est dans le livre de la Genèse que se trouve la base de l’anthropologie chrétienne : l’être humain a été créé, à l’image de Dieu, homme et femme. L’être humain ne peut donc exister que «comme unité des deux» et donc

«en relation avec une autre personne». L’homme et la femme, dans le mariage, mais aussi dans toutes leurs relations, sont appelés à vivre, à l’image

de Dieu, la communion d’amour et «à exister réciproquement l’un pour

l’autre».

Comme elle contient l’explication sur l’essence de l’homme, la Genèse

contient aussi l’explication sur le péché. Et ce péché n’est pas imputable

à Eve mais aux deux… ce péché, refus de l’être humain d’être une créature

de Dieu à son image, est à l’origine et du mal et de la dignité bafouée des

femmes. Il brise l’unité de l’homme avec Dieu, entre l’homme et la femme et

à l’intérieur de l’individu lui-même.

«Le déséquilibre dans les rapports originels entre l’homme et la femme»

est donc introduit par ce péché et c’est un «devoir» pour les femmes comme

pour les hommes que de travailler à dépasser ce «mauvais héritage» du «lui

domineras sur toi», pour restaurer la dignité de la femme.

Jésus-Christ, avocat de la dignité de la femme

Jésus-Christ pour sa part «s’est fait auprès de ses contemporains l’avocat de la vraie dignité de la femme et de la vocation que cette dignité implique». Son comportement avec les femmes de l’Evangile «ne reflète pas la

discrimination de la femme habituelle à son époque». Plus : il leur révèle

des vérités importantes et fait de leur compréhension et de leur disponibilité un exemple. Elles sont les premiers témoins de la Résurrection. Quant

à la femme adultère c’est l’occasion de souligner que trop souvent les femmes sont montrées seules dans un péché dont les hommes sont pour tant coresponsables. Maternité et virginité sont les deux dimensions de la vocation de la femme.

La maternité illustre tout particulièrement ce don de soi auquel sont

appelés aussi bien les hommes que les femmes, bien qu’elle repose davantage

sur les épaules des femmes, et qu’elle les marque symboliquement. En effet

toute maternité est «en rapport avec l’Alliance que Dieu a établie avec le

genre humain grâce à la maternité de la Mère de Dieu». C’est donc encore la

femme qui éclaire l’humanité sur sa vocation.

Affirmation incessante de l’égalité des femmes

De même la virginité qui annonce le Royaume et ouvre à la maternité spirituelle. L’Eglise exerce cette maternité spirituelle. Comme l’homme et la

femme sont appelés à ne faire qu’un, ainsi le Christ et l’Eglise. En reprenant cette symbolique traditionnelle de l’Alliance le pape tient à souligner que dans cette Alliance la femme n’est ni un deuxième rôle ni «soumise». Ce qui compte c’est la «soumission mutuelle». D’ailleurs c’est le

Christ qui est soumission par exellence. Cela n’est pas réservé aux femmes.

Et même si la femme symbolise l’épouse, les hommes comme les femmes sont

appelés à être «épouses» du Christ. Compte tenu de cette liberté du Christ

et de son affirmation incessante de l’égalité des femmes, il est clair

qu’»en n’appelant que des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d’une

manière totalement libre et souveraine». Ce qui n’entache en rien, bien

sûr, le fait que «tous les baptisés participent à ce sacerdoce unique».

L’enseignement des fondements que nous venons de voir nous éclaire sur

la vocation de la femme dans le cadre des changements significatifs de

notre temps. «La femme est celle en qui l’ordre de l’amour dans le monde

trouve le lieu de son premier enracinement» : «la dignité de la femme est

de l’ordre de l’amour»…«l’amour qu’elle reçoit en raison même de sa féminité et d’autre part l’amour qu’elle donne à son tour». Sa vocation est

aussi la lutte contre le malin, «la lutte pour l’homme, pour son véritable

salut». A la femme, Dieu confie l’être humain d’une façon spécifique. Dans

ces temps ou l’humain est menacé, «on compte sur la manifestation du génie

de la femme». Le pape termine par une action de grâce pour le mystère de la

femme et prie pour que toutes les femmes «se retrouvent dans ce mystère» et

qu’elles «concourent au bien commun de l’Eglise et de l’humanité».

(apic/segecef/bd)

30 septembre 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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