Taëf comme le maximum dans la situation actuelle

Liban: le patriarche Sfeir considère l’accord de

Colère dans le camp chrétien après l’attaque contre le patriarcat maronite

Beyrouth, 7novembre(APIC) L’attaque dans la nuit de dimanche à lundi du

siège du patriarche maronite du Liban Mgr Nasrallah Sfeir par des manifestants chrétiens hostiles aux accords de Taëf et au nouveau président de la

République ont provoqué réprobation et colère dans de larges couches de la

population libanaise et dans les milieux d’Eglise au Liban et à l’étranger.

«Jusqu’à maintenant, même durant les confrontations les plus dures au

Liban, les chefs spirituels des communautés religieuses avaient toujours

été considérés comme intouchables», a déclaré mardi un représentant du patriarcat à l’agence catholique autrichienne «Kathpress». Il a qualifié cette agression contre une personnalité religieuse hautement estimée tant au

Liban qu’à l’étranger «d’inexcusable».

Comprenant combien de tels agissements, perpétrés par des gens scandant

son nom, nuisent à sa cause, le général Michel Aoun lui-même a tout de suite envoyé son représentant, le général Harrouk, présenter ses sympathies au

prélat molesté par des émeutiers déchaînés.

La réaction de refus populaire face au nouveau président de la République libanaise, le député maronite de Zghorta René Moawad élu dimanche, continue à se développer dans les régions chrétiennes du Liban contrôlées par

le général Michel Aoun. Cette colère, surtout le fait des jeunes, s’exprime

depuis l’élection tenue dans la zone sous contrôle syrien par la grève et

des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes criant

«non au président imposé par les forces d’occupation», «honte aux députés

collaborateurs».

C’est dans cet état d’excitation que quelques centaines de personnes se

détachant d’une manifestation la nuit du 5 au 6 novembre ont forcé les portes du patriarcat, saccageant bureaux et salons et forçant sa Béatitude le

patriarche Sfeir à embrasser la photo du général Aoun, le qualifiant au

passage de «traître». Une photo du pape Jean Paul II a même été arrachée

d’une paroi et substituée par celle d’Aoun. Certains manifestants chrétiens

ont même proposé que l’Eglise maronite se détache de Rome et se constitue

en Eglise nationale pour protester contre l’appui mesuré du Vatican aux accords de Taëf.

Le patriarche, considérant sa résidence de Bkerke comme pas assez sûre,

s’est réfugié dans sa résidence d’été de Dimane, au Liban Nord sous contrôle syrien. Le patriarcat est d’avis qu’il faut préserver ce qui reste des

institutions du pays et garder l’espoir de rétablir par des voies pacifiques un Liban uni et souverain, libéré de toute occupation étrangère. C’est

pour cela que le patriarche insiste pour avoir un seul président, un seul

gouvernement et un seul parlement, affirme le Centre catholique d’information de Beyrouth (CENCA). Par rapport à l’accord de Taëf, Bkerke, comme

d’ailleurs le Vatican, n’ont ni approuvé ni refusé, affirme le CENCA. Ils

ont laissé cette décision aux parlementaires libanais. Toutefois, le patriarche maronite semble considérer cet accord comme un maximun qu’on puisse

atteindre dans les circonstances présentes, ce qui lui vaut l’hostilité des

plus radicaux du camp chrétien. (apic/kpr/be)

7 novembre 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!