Liban: Le Pays du Cèdre, partie de la Terre sainte, rappelait Martiniano Pellegrino Roncaglia
L’auteur de «Sur les pas de Jésus en terre phénicienne» est décédé
Beyrouth, 17 janvier 2008 (Apic) Le Pays du Cèdre fait aussi partie de la Terre sainte, comme la Palestine biblique, aimait à rappeler Martiniano Pellegrino Roncaglia, décédé Beyrouth dans les premiers jours de janvier à l’âge de 85 ans. Le célèbre orientaliste italien, né le 19 janvier 1923 à Reggello, près de Florence, était connu pour ses travaux sur les origines du christianisme.
Ex religieux franciscain de l’Ordre des frères mineurs, cet élève de l’orientaliste Louis Massignon s’était installé au Liban dès les années 60. Ce «Libanais de coeur» aura un engagement à long terme à l’»Orient Institut» de Beyrouth. Il collaborera 37 ans avec cette prestigieuse institution, avec des interruptions fréquentes dues à des engagements académiques, note jeudi 17 janvier le quotidien beyrouthin «L’Orient-Le Jour»
«Sur les pas de Jésus, le Messie, en Phénicie/Liban» est l’ouvrage de maturité de l’orientaliste Martiniano Pellegrino Roncaglia, rappelle le journaliste libanais Fady Noun. Il y a mis l’essentiel d’une recherche entamée au début des années 80, à la demande du patriarche grec-catholique Maximos V Hakim.
Pour l’orientaliste, aucun doute n’est permis: le Liban fait partie de la Terre sainte, tout comme la Palestine biblique. «Les pieds du messie ont foulé la Galilée des nations (Jalil al-Oumam). Il s’est rendu à Tyr et Sidon, à Sarepta, à Cana, ainsi que dans la Césarée de Philippe, au pied du mont Hermon, où pour la première fois l’apôtre Pierre a proclamé sa foi dans l’origine divine de son maître», écrit-il.
Dans son ouvrage, édité en 2004 en anglais par Samir el-Khadem, directeur de l’Institut arabe d’études orientales et occidentales, Roncaglia situe au voisinage de la ville libanaise de Tyr le village de Cana-de-Galilée, où Jésus a accompli son premier miracle, le changement de l’eau en vin. Il n’est pas le premier à localiser au Liban le village de Cana cité par l’Evangile de Jean. Des historiens et des hommes de lettres l’avaient également affirmé, en se basant sur les mêmes documents, mais l’orientaliste italien a eu le mérite d’en faire l’exposé exhaustif et fouillé. «Ce qui rend plus difficile la réfutation des faits et vérités qu’il établit», écrit Fady Noun.
L’Eglise libanaise doute toujours de l’authenticité de Cana-de-Galilée
Et de déplorer que l’Eglise au Liban n’ait pas encore pris l’entière mesure de l’importance de cette découverte historique. «Elle continue de douter de la véracité des faits, les attribuant à quelque exaltation poétique infondée, en référence notamment au poète Saïd Akl, fervent partisan de la localisation en terre libanaise du Cana biblique».
Malgré un méritoire aménagement du site de Cana, le ministère libanais du Tourisme pourrait tirer de meilleures conséquences de ce que la présence de Cana au Liban signifie, sur le plan touristique et culturel, écrit le journaliste libanais, qui met en cause avant tout «la frilosité de l’Eglise du Liban».
L’ouvrage de Roncaglia, insiste le journaliste Fady Noun, introduit à une véritable «archéologie évangélique» et révèle des pans entiers de présence culturelle «phénicienne» indissociablement mêlée au quotidien du Jésus de l’histoire.
«Grâce à cette archéologie, nous suivons Marie et Joseph, puis Jésus adulte, dans le temple; nous voyons le Christ déposant dans le trésor de la monnaie frappée à Tyr; on nous rappelle que ce sont des artisans envoyés par le roi Hiram de Tyr qui ont construit le temple, avec du bois de cèdre généreusement acheminé du Mont-Liban; on suit encore Jésus marchant sur les routes de Tyr, Sarepta (Sarafand) – où le prophète Elie l’avait précédé – et Sidon, gravissant la haute montagne de l’Hermon, site probable de la Transfiguration, fuyant les questions pièges des Pharisiens et prenant quelques jours de repos dans la Césarée de Philippe, non loin de Banias, des sources du Jourdain. et de Marjeyoun, où une Eglise dédiée à saint Pierre commémore toujours sa confession de foi».
Martiniano Pellegrino Roncaglia, avant son installation au Liban, était également passé par l’Egypte, où il rédigera une monumentale Histoire de l’Eglise copte, en sept volumes, dont trois attendent encore d’être imprimés. Il a notamment enseigné épisodiquement à l’Université libanaise, à l’Université Saint-Esprit (Kaslik) et à l’AUB (l’Université américaine de Beyrouth), ainsi que comme professeur visiteur aux Universités d’Alexandrie, Genève, Francfort, Columbia, Harvard et Massachusetts. Il a prononcé des conférences à Alexandrie, Dijon, Tübingen, Fribourg, Naples et Milan. (apic/orj/be)