Liberté religieuse: l’AED publie son rapport 2025 et lance une pétition mondiale
Plus de 5,4 milliards de personnes vivent dans des pays où la liberté religieuse n’est pas pleinement garantie, s’alarme Aide à l’Église en détresse (AED), qui lance une pétition mondiale réclamant la défense de ce droit. Son dernier rapport, publié le 21 octobre 2025, indique que 62 pays présentent de graves violations de ce droit, et identifie l’autoritarisme comme principal moteur de répression religieuse.
«Le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion – protégé par l’article 18 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme – n’est pas seulement menacé, il est en train de disparaître dans de nombreux pays», a averti Regina Lynch, présidente exécutive d’AED international, lors de la présentation du rapport 2025. «La liberté religieuse est le thermomètre des autres droits humains. Sa détérioration annonce un effondrement plus large des libertés fondamentales», analyse-t-elle.
Il y a 25 ans, la fondation pontificale publiait son premier rapport sur la question. Publié depuis tous les deux ans, il offre une radiographie globale de l’état de ce droit fondamental. L’étude 2025, qui peut être consultée en ligne, analyse la situation dans 196 pays pour la période allant de janvier 2023 à décembre 2024. Elle indique que les deux tiers de l’humanité sont confrontés à des restrictions en termes de liberté religieuse. Seuls deux pays, le Kazakhstan et la Sri Lanka, ont montré des améliorations par rapport au rapport 2023.
Un autoritarisme montant dans le monde
Le rapport identifie l’autoritarisme comme le principal moteur de la répression religieuse. «Le contrôle de la foi est devenu un outil du pouvoir politique», indique l’AED, qui dénonce une «bureaucratisation de la répression religieuse» toujours plus sophistiquée.
Sur les 62 pays les plus incriminés, 24 sont classés comme des pays de «persécution» et 38 comme des pays de «discrimination». Et dans 52 d’entre eux, les gouvernements mettent en œuvre des stratégies systématiques pour contrôler ou réduire au silence la vie religieuse.
Ainsi en Chine, en Iran, en Érythrée ou au Nicaragua, les autorités utilisent des technologies de surveillance massive, la censure digitale, des lois restrictives et procèdent à des détentions arbitraires pour supprimer les communautés religieuses indépendantes.
Le djihadisme et le nationalisme religieux
L’étude montre aussi que l’extrémisme islamiste continue à se répandre, spécialement en Afrique et en Asie. Dans 15 pays, c’est le principal facteur de persécution, et dans dix autres il contribue à la discrimination. Le Sahel est devenu l’épicentre de la violence djihadiste, avec des groupes comme l’État islamique au Sahel (EIS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), qui causent la mort de centaines de milliers de personnes, le déplacement de millions d’autres et la destruction de centaines d’églises et d’écoles chrétiennes.
Le nationalisme ethnico-religieux, de son côté, alimente la répression des minorités en Asie. En Inde et en Birmanie, les communautés chrétiennes et musulmanes subissent des agressions et une exclusion légale. En Inde, le rapport qualifie la situation de «persécution hybride»: une combinaison de lois discriminatoires et de violences mises en œuvre par des civils, mais encouragées par des discours politiques.
Les conflits armés et le crime organisé
Le rapport identifie encore les guerres comme facteur de détérioration de la liberté religieuse, comme en Birmanie, en Ukraine, Russie, Israël et Palestine. «Les conflits et la violence fondée sur la religion ont entraîné une crise de migration silencieuse», dénonce la fondation pontificale.
Au Soudan, la guerre civile a rayé de la carte des communautés chrétiennes centenaires. Au Nigeria, les attaques de groupes armés liés à des bergers Fulani radicalisés ont fait des milliers de morts et conduit au déplacement de communautés entières. Au Sahel – en particulier au Burkina Faso, au Niger et au Mali –, des villages ont été détruits par des milices islamistes.
Autres violences armées, celles liées au crime organisé, qui est devenu un nouvel acteur de la persécution. Au Mexique et en Haïti, des groupes armés assassinent ou kidnappent des leaders religieux ou rackettent des paroisses pour imposer un contrôle territorial
Dégradation en Occident aussi
La détérioration de la liberté religieuse touche aussi l’Europe et l’Amérique du Nord, indique le rapport. En 2023, la France a enregistré environ 1000 attaques d’églises, la Grèce plus de 600 actes de vandalisme. Des pics similaires ont été observés en Espagne, en Italie et aux États-Unis, incluant des profanations de lieux de culte, des agressions physiques contre le clergé et des interruptions des cérémonies religieuses. Ces agressions reflètent, selon l’AED, «un climat d’hostilité idéologique envers la religion».
Le rapport fait également état d’une augmentation dramatique des actes antisémites et antimusulmans après les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre à Gaza. En France, les actes antisémites ont augmenté de 1000% et les délits de haine contre les musulmans de 29%. En Allemagne, 4369 incidents liés au conflit ont été enregistrés en 2023, alors qu’ils étaient seulement 61 l’année précédente. (cath.ch/aed/lb)
Une pétition mondiale pour la liberté religieuse
«La liberté religieuse est un droit humain, pas un privilège», rappelle Aide à l’Église en détresse. Pourtant elle ne cesse de se dégrader, et cette persécution religieuse détruit des communautés, alimente des conflits et oblige des millions de personnes à fuir.
Pour la première fois de son histoire, la fondation pontificale a donc décidé de lancer une pétition mondiale. Elle demande aux gouvernements et aux organisations internationales la protection effective de l’article 18 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme, qui garantit le droit de toute personne à la liberté de pensée, de conscience et de religion. LB
