Et n’a plus le droit de prélever les ADN, a décidé la Haute Cour
Londres: Le Musée d’histoire naturelle rend les restes de 17 aborigènes de Tasmanie
Londres, 13 mai 2007 (Apic) Le Musée londonien d’histoire naturelle (London’s Natural History Museum) a accepté de retourner les restes de 17 indigènes à la Tasmanie. Sans pouvoir continuer à faire des examens scientifiques sur les restes, les représentants des aborigènes s’étant élevés contre des actes jugés par leur culture sacrilèges, eu égard à la paix des morts.
«La décision prise par le Musée londonien d’histoire naturelle (London’s Natural History Museum) représente la volonté de rompre avec une pratique du passé», a déclaré Richard Lane, le directeur du département Sciences du musée londonien. Les restes de 17 aborigènes de Tasmanie y compris les dents, les crânes et autres os, qui furent autrefois emmenés de Tasmanie en Angleterre, seront retournés à leur origine par le biais d’une délégation du Centre d’Aborigènes de Tasmanie, après une cérémonie privée au musée londonien.
Le musée avait accepté de rendre les restes à la Tasmanie, mais pas avant que des examens soient entrepris sur les os et des échantillons d’ADN prélevés. Or les aborigènes de Tasmanie considèrent ces examens scientifiques comme un sacrilège par rapport à leurs croyances et ont amené leur cas devant la Haute Cour britannique. Cette dernière a limité les examens à entreprendre sur ces restes. Cela signifie que les scientifiques ne peuvent compléter les tests qu’ils avaient planifié de faire avant leur restitution.
Les chercheurs ne peuvent plus utiliser des méthodes dites invasives, comme extraire l’ADN ou analyser l’isotope. Ces investigations auraient donné des indications de type génétique sur les aborigènes, ainsi que sur leur nourriture, entre autres. Selon l’accord auquel sont parvenues les parties, les échantillons d’ADN des restes de 4 indigènes du 19e siècle seront conservés en Tasmanie. Ces échantillons avaient été prélevés avant la décision de la Haute Cour britannique. L’acide désoxyribonucléique (souvent abrégé en ADN) est une molécule que l’on retrouve dans tous les organismes vivants. On dit que l’ADN est le support de l’hérédité car il constitue le génome des êtres vivants et se transmet en totalité ou en partie lors des processus de reproduction.
Les ADN seront brûlés
Le représentant du Centre des Aborigènes de Tasmanie, Greg Brown, a expliqué à BBCNews que les échantillons d’ADN seront finalement brûlés, comme le souhaitent les leaders aborigènes.
Les restes des Tasmaniens ont été prélevés au cours du 19e siècle par George Augustus Robinson, qui était en charge par le gouvernement colonial de l’époque de faire place nette pour les colons européens. A la mort de Robinson, les restes sont devenus possession de différents collectionneurs avant d’être rassemblés au Musée d’histoire naturelle. Les scientifiques pensent que les restes des Tasmaniens auraient pu jeter une lumière sur l’évolution humaine et sur la colonisation de l’Australie. On pense en effet que la population de Tasmanie a sans doute vécu isolée des aborigènes d’Australie pendant 10’000 ans avant l’arrivée des Européens au 19e siècle.
Selon le Centre des Aborigènes de Tasmanie, il y avait environ 8’000 aborigènes en Tasmanie quand les Anglais ont pris possession de l’île en 1802. Mais vers 1850 il n’en restait que 47, après que des milliers eurent été tués ou soient emportés par des maladies amenées par les colons (apic/bbcnews/vb)