Remise du Prix Jacques Hamel à Christelle Ploquin, avec Roseline Hamel et Mgr Dominique Lebrun | © Jacques Berset
International

Lourdes: remise du Prix Jacques Hamel aux Journées Saint François de Sales

«J’aurais tant aimé le serrer dans les bras, l’embrasser une dernière fois…» A la lecture de ce passage de son livre « « Jacques, mon frère (parution début février chez Bayard), Roseline Hamel, 78 ans, ne pouvait cacher son émotion. La sœur du Père Jacques Hamel, assassiné en son église de Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016, était à Lourdes, vendredi 1er février 2019, pour la remise du Prix Jacques Hamel.

Décerné pour la deuxième fois par la Fédération des Médias Catholiques (FMC) basée à Paris, ce prix, qui distingue un travail journalistique qui met en avant les initiatives de paix et les démarches de dialogue interreligieux, a été remis à la réalisatrice Christelle Ploquin. Elle a été récompensée pour la captation de la pièce de théâtre Le cinquième évangile, produite par le CFRT, le Comité Français de Radio-Télévision, qui produit des programmes audiovisuels grand public à vocation humaniste et culturelle, inspirés par les principes chrétiens.

Roseline Hamel avec la journaliste musulmane Nayla Tabbara et la catholique Marie Malzac | © Jacques Berset

Un «écrivain douloureux»

Le Prix était remis à l’occasion des 23èmes Journées internationales Saint François de Sales, par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen et président du jury. A cette occasion, devant près de 200 journalistes, éditeurs et communicateurs chrétiens réunis pour leurs travaux à Lourdes du 30 janvier au 1er février 2019, Mgr Lebrun a évoqué avec émotion la figure de ce prêtre «écrivain douloureux, qui, pour écrire une homélie, remplissait une corbeille à papier…»

Soulignant le parcours de Jacques Hamel, que le pape François a d’emblée qualifié de martyr, le qualifiant de prêtre «doux, bon, fraternel, qui cherchait toujours à faire la paix», et son amitié pour les musulmans, Mgr Lebrun n’a pas caché que la relation avec ces derniers n’était pas toujours facile. Et de relever que cette relation demande à être travaillée, avec le cœur, dans la charité, et de façon approfondie, car il ressent quelquefois une blessure à la pensée de ce qui s’est passé.

La crainte des musulmans de Saint-Etienne-du-Rouvray

Du côté musulman aussi, la gêne existe face à ce qui s’est passé. Le recteur de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray lui a dit: «Au fond, nous avons été un peu maladroits après cet attentat, parce que nous avons eu peur que les chrétiens ne nous aiment plus!».

Le pape François lui-même a été touché par le martyre de ce prêtre, accordant rapidement une dispense spéciale du délai canonique de cinq ans à respecter avant l’ouverture du procès en béatification du Père Jacques Hamel, lancé le 13 avril 2017. Le dossier de l’enquête diocésaine «est ficelé», a révélé Mgr Lebrun, et il sera clôturé le 9 mars 2019 à l’archevêché de Rouen.

Les lauréats du Prix Jacques Hamel| © Jacques Berset

L’islam pensé par une femme

Un prix spécial du jury a en outre été attribué au livre de la musulmane Nayla Tabbara et de la catholique Marie Malzac, journaliste au quotidien La Croix, pour leur ouvrage L’islam pensé par une femme, publié par Bayard Editions en octobre 2018.

Nayla Tabbara s’est dite «très émue comme musulmane de recevoir le Prix Jacques Hamel, un prêtre catholique tué par un musulman», soulignant que l’islam traversait actuellement une grave crise. «Marie et moi avons voulu présenter une vision inclusive de cette religion, contre les courants exclusivistes et extrémistes qui la traversent, soulignant les valeurs qu’elle contient et qui nous unissent».

Un autre regard sur l’islam

La lecture de ce livre, a déclaré Roseline Hamel, «m’a permis un autre regard sur cette religion, de voir une autre face de l’islam, différente de ce que m’en disaient des ‘amis mal intentionnés’. Cela a été pour moi un vrai cadeau…» Et de lancer ce message: «Que toutes les religions s’unissent pour former un arc-en-ciel!» JB


Le cinquième évangile

Ecrite par le frère Adrien Candiard, dominicain, et mise en scène par Francesco Agnello, la pièce Le cinquième évangile s’inspire de la vie et des écrits de Henri Vergès. Premier religieux assassiné en Algérie durant la décennie noire le 8 mai 1994 à Alger, ce frère mariste a été béatifié le 8 décembre 2018 à Oran.

Le cinquième évangile met en lumière la spiritualité et les grandes qualités d’éducateur du Frère Henri Vergès à travers ses échanges épistolaires avec Ahmed, un personnage fictif figurant son ancien élève devenu diplomate à Damas. Tous deux sont interprétés par le comédien Jean-Baptiste Germain, accompagné au hang (instrument de musique) par Francesco Agnello. La pièce a été filmée le 26 juin 2018 dans la chapelle Notre-Dame-des-Anges à Paris. Le sujet de la pièce de théâtre est considéré comme un excellent support pour sensibiliser vos publics à l’histoire des relations islamo-chrétiennes en Algérie. JB


Le Prix Jacques Hamel

Le Prix Jacques Hamel a été créé en 2017 et doté de 1’500 euros par la Fédération des Médias Catholiques après l’assassinat du Père Jacques Hamel dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime. Présidé par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, le jury du Prix est composé de Roseline Hamel, la sœur du Père Jacques Hamel, Christian Makarian (L’Express), Jean-Marie Montel (FMC) et Philippine de Saint Pierre (KTO). (cath.ch/be)

Remise du Prix Jacques Hamel à Christelle Ploquin, avec Roseline Hamel et Mgr Dominique Lebrun | © Jacques Berset
1 février 2019 | 13:09
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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