Lutte contre les abus: Mgr Verny appelle à un engagement renouvelé
Mgr Thibault Verny, nouveau président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a appelé à un engagement renouvelé en faveur de la protection des mineurs comme expression fondamentale de l’identité et de la mission de l’Église catholique. Il a admis des «lacunes systémiques persistantes» dans l’Église concernant le traitement des abus. La Commission pontificale, organisme fondé en 2014, a conclu le 3 octobre 2025 son assemblée plénière d’automne, à Cracovie, en Pologne.
Dans son premier discours en tant que nouveau président de la Commission, Mgr Thibault Verny, archevêque de Chambéry, a présenté une vision fondée sur quatre objectifs stratégiques: la promotion d’une culture universelle de la protection des mineurs, le développement d’un langage commun dans le cadre des Lignes directrices universelles (UGF – Universal Guidelines Framework) publiées en mai 2023, le renforcement des réseaux régionaux et l’engagement du dialogue avec les institutions civiles.
Écouter les victimes, promouvoir la transparence
Reconnaissant les progrès accomplis et les «lacunes systémiques persistantes» , le président a souligné l’importance d’écouter les victimes, de promouvoir la transparence et de mettre en place des systèmes de responsabilisation. Mgr Thibault Verny a encouragé à agir avec courage et compassion, conscients de l’urgence des défis non résolus en matière de protection et de l’attente mondiale, souhaitant que l’Église fasse preuve de clarté morale et de sollicitude pastorale.
Du 29 septembre au 3 octobre, la quinzaine de membres de cette instance, parmi lesquels des experts internationaux et des canonistes, ont évalué l’état d’avancement des différents chantiers ouverts par la Commission. Ils ont également précisé les priorités de leur action, dans un contexte où la lutte contre les abus reste un défi mondial pour l’Église.
Des «lacunes systémiques persistantes» dans l’Église
Le Français Thibault Verny, nommé le 5 juillet dernier à la suite du cardinal Sean O’Malley, a souligné l’urgence de se confronter aux «défis non résolus en matière de protection». L’archevêque de Chambéry a recommandé notamment de renforcer les réseaux régionaux et de dialoguer avec les institutions civiles.
Cette assemblée a eu lieu deux semaines avant la publication du deuxième rapport sur les politiques et les procédures de l’Église en matière de protection, prévue le 16 octobre. Ce document annuel demandé par le pape François, qui portera sur l’année 2024 et sera publié en cinq langues, inclura des données d’observateurs externes – une nouveauté par rapport à l’an dernier. Un brouillon du troisième rapport annuel, portant sur l’année 2025, a d’ores et déjà été approuvé pendant l’assemblée, informe la commission.
Intégrer les victimes: une discussion «animée»
Le communiqué fait état d’une «discussion animée sur la justice conversationnelle (restaurative)», qui a mis en évidence l’importance d’adopter des approches centrées sur les victimes, ainsi que de les intégrer de manière systématique dans chaque aspect du travail de la Commission.
Pendant ces cinq jours, ont été présentés les résultats des projets pilotes menés au Zimbabwe, aux Îles Tonga, en Pologne et au Costa Rica, dans le cadre de la phase d’expérimentation des Lignes directrices universelles (UGF). Ce document, dont on ne connaît pas la date de publication, en est à sa version finale et sera présenté aux dicastères compétents de la Curie romaine avant d’être soumis au pape.
L’assemblée a aussi évalué les progrès réalisés par l’initiative Memorare, un mécanisme de financement de la prévention et de la lutte contre les abus pour les zones de l’Église aux ressources limitées. Lancée en 2023, cette initiative, qui vise à promouvoir un écosystème de protection, compte 17 projets actifs dans les Amériques (10), en Afrique (6) et en Asie (1).
«Nous ne devons pas nous sentir à l’abri»
La session s’est conclue par une rencontre avec les membres de la Conférence épiscopale polonaise, récemment traversée par des divisions sur la façon de lutter contre les abus. En juin dernier, deux évêques avaient exprimé leur déception quant au retard pris par l’épiscopat pour la mise en place d’une commission nationale indépendante sur les abus
«Nous ne devons pas nous sentir à l’abri de nouveaux abus simplement parce que nous avons publié des lignes d’action et créé des bureaux», a déclaré devant eux Mgr Verny. Et de s’inquiéter: «Un sentiment d’autosatisfaction et de lassitude à l’égard de la protection est en train de se répandre, et c’est un facteur de risque important qui conduit à prendre de mauvaises décisions». Le président de la commission vaticane a insisté sur «la collaboration fraternelle» entre conférences épiscopales, y compris de continents différents. «Il existe des pays du Sud du monde qui, en matière de pratiques de protection, sont plus avancés que nous qui vivons dans le Nord», a-t-il lancé, invitant à «apprendre les uns des autres, sans jamais nous opposer les uns aux autres». (cath.ch/vaticannews/imedia/ak/be)