Maroc: Le roi Mohammed VI interdit aux imams toute activité politique et syndicale

Lutter contre l’endoctrinement et l’obscurantisme salafiste

Rabat, 9 juillet 2014 (Apic) Le roi Mohammed VI a interdit, par décret du 1er juillet, aux leaders religieux, imams et prédicateurs, de participer à toute forme d’activités politiques et syndicales. Cette mesure entre dans le cadre de la stratégie adoptée par le Maroc, pour contrer l’extrémisme à sa source, a rapporté le journal en ligne «Al Magharebia», spécialisé sur l’Afrique du Nord, sur son site www.almagharebia.com.

Depuis une dizaine d’années, certains imams de mosquées ont été impliqués dans l’endoctrinement de jeunes jihadistes. Par exemple, le cheikh Mohamed Fizazi, icône du takfirisme (obscurantisme) salafiste, a été condamné à une peine de prison pour son implication dans les attentats de Casablanca en 2003.

Pour Mohamed Issef, président du Conseil supérieur des oulémas du Maroc (CSOM), les imams sont comme «des soldats qui veillent sur la religion, afin qu’elle ne soit affectée par aucune influence étrangère susceptible de conduire à des troubles». Le CSOM a pour entre autres objectifs, d’examiner les moyens de garantir l’inviolabilité des mosquées, considérées comme les centres névralgiques de la société.

Protéger la religion contre une exploitation islamiste

De l’avis de Abdenbi Aydoudi, directeur du Centre marocain des valeurs et du modernisme, le décret royal du 1er juillet vise à «préserver l’unité doctrinale de la Oumma (communauté musulmane), harmoniser le discours religieux et à qualifier les imams et prédicateurs pour qu’ils puissent faire face aux idées intégristes et préserver le caractère tolérant de l’Islam». Il vise également à «protéger la religion contre une exploitation politique, par des partis islamistes», a ajouté pour sa part, Khalid Adlaoui, membre du mouvement des jeunes de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

Le Maroc a donc adopté une approche tous azimuts pour éradiquer le radicalisme et dissuader les jeunes de mener le jihad à l’étranger. A ce sujet, le ministre des Habous (biens religieux) et des Affaires islamiques Ahmed Toufiq, déclarait le 24 juin dernier, que le gouvernement ne disposait pas de chiffres précis sur le nombre de jihadistes marocains en Syrie. « Mais, ce qui est sûr, c’est que nous travaillons en parfaite concertation avec le ministère de l’Intérieur pour lutter contre ce phénomène », avait-il souligné.

«Face à la montée en force du jihadisme et de l’intégrisme dans la société, le Maroc mobilise tous les services concernés par ce phénomène, en premier lieu les départements de l’Intérieur et des Habous», a fait remarquer El Bachir Ahid, journaliste spécialisé sur les affaires religieuses.

Contrôle des mosquées

Selon le politologue Omar Belhaj, grâce à la coopération institutionnelle, le ministre des Affaires islamiques dispose des moyens nécessaires pour contrôler quasiment toutes les mosquées du pays, estimées à plus de 50’000, y compris celles qui se trouvent dans des régions lointaines et enclavées, a expliqué Sanna Maktaoui, enseignante dans une école privée. «La promotion de la violence, de l’intolérance, de la haine et du rejet de l’autre est une ligne rouge qu’un imam ne doit en aucun cas franchir», estime-t-elle.

Le mois dernier, le gouvernement a lancé une stratégie de lutte contre l’extrémisme au Maroc. Dénommé «Plan de soutien à l’encadrement religieux», elle prévoit le déploiement de quelque 1’300 instructeurs au sein des lieux de culte, afin d’orienter les discours qui y sont tenus. (apic/ibc/bb)

9 juillet 2014 | 14:34
par webmaster@kath.ch
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