Le recteur de l’Université Al-Azhar aux Rencontres Sant’Egidio
Lyon: La civilisation islamique est fondée sur la justice
Lyon, 12 septembre 2005 (Apic) Lors de la 19e Rencontre internationale de la communauté Sant’Egidio, Ahmad Al-Tayyib, recteur de l’Université Al- Azhar du Caire, a déclaré que la civilisation islamique était «fondée sur la justice, l’égalité et le respect de l’autre».
Ahmad Al-Tayyib, recteur de l’Université Al-Azhar du Caire, s’exprimait au lendemain du 4e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, à l’occasion d’une table ronde ’Orient et Occident : religions et cultures’ organisée à Lyon (France) lors de la 19e Rencontre internationale de la communauté Sant’Egidio. La veille, le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, avait affirmé que «les terroristes sont des criminels», et qu’ils ne sont pas «des hommes de religion».
Défendant la civilisation islamique, le recteur de l’Université Al-Azhar a rappelé que ses concepts de base, «fondamentaux et essentiels», étaient construits sur «les rapports humains». «La liberté de l’être humain et l’égalité demeurent la véritable doctrine dans la religion islamique», a-t- il déclaré. Il a ajouté qu’elle était fondée sur «la justice, l’égalité, et le respect de l’autre».
Dans son allocution prononcée en arabe, Ahmad Al-Tayyib a insisté sur le fait que tous les musulmans étaient «fils d’un même père et d’une même mère» et «égaux entre eux». Il a aussi rappelé que le Coran souligne que «les femmes sont les soeurs des hommes» et élimine tout motif de discrimination. En réalité, l’islam considère que «le meilleur» est «le plus pieux» et que «le plus pieux» est «le plus proche de Dieu», ce qui compte, c’est donc «la piété, a affirmé le recteur.
Unicité du genre humain
«Les gens ont été créés avec une âme unique», a-t-il poursuivi, insistant sur l’unicité du genre humain malgré les différences. «Les civilisations voulant faire du monde ’une unique civilisation’ cherchent à changer la volonté divine. Pour lui, la différence entre les peuples, les sexes et les nations est «inéluctable» puisqu’elle répond à la volonté divine». «On ne peut tolérer une attitude qui soit le reflet d’une quelconque hégémonie», a- t-il encore ajouté.
Aux yeux de Ahmad Al-Tayyib, il n’y a «aucun conflit entre les civilisations, à la lumière de la religion islamique». Pour lui, la connaissance mutuelle, l’aide mutuelle réciproque et le dialogue sont constitutifs de l’islam. Pour Ahmad Al-Tayyib, il faut aussi agir «pour que les civilisations s’aident plutôt que de s’installer dans une situation conflictuelle». «Le dialogue entre les civilisations est possible», a-t-il ainsi conclu.
Pour sa part, Moneir Mahmoud Aly Al-Messey, imam du centre culturel islamique d’Espagne, a affirmé lors d’une table ronde intitulée ’Après le 11 septembre : les religions et le dialogue’, que «le Coran n’a jamais invité à perpétrer la violence et à tuer». «La guerre sainte n’existe pas au sein de l’islam», a-t-il affirmé. «Nous devons faire en sorte que les hommes aiment la paix et prêchent la paix», a-t-il renchéri.
«Toutes les religions sont des religions de paix»
Quant au théologien musulman Mohammed Amine Smaili, intervenant lors d’une conférence sur ’l’esprit d’Assise’, il a confié à l’agence I.MEDIA, partenaire de l’agence Apic, que «toutes les religions sont des religions de paix». «Je crois que nous avons le même destin, nous prions le même Dieu, nous n’avons qu’un seul paradis», a-t-il affirmé. «L’Islam par le Coran, le judaïsme par l’Ancien Testament et le christianisme par le Nouveau Testament disent la même chose en ce qui concerne la paix humaine», a-t-il argumenté. Pour lui, «c’est l’être humain, en essayant de traduire les livres sacrés de son point de vue personnel, y fait pénétrer des choses qui ne sont pas religieuses». «Qui donc transforme la paix religieuse en autre chose ? Ce sont les politiciens et non pas les religieux», a-t-il insisté.
Interrogé sur la poursuite par Benoît XVI du travail de Jean Paul II quant au dialogue entre les religions, il a répondu: «on ne connaît pas encore Benoît XVI ; (.) il faut attendre un peu avant de le juger». «Je suis convaincu qu’il va marcher sur le chemin de Jean Paul II».
Intervenant le 11 septembre 2005, le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, a affirmé que «les terroristes sont des criminels; ce ne sont pas des hommes de religion». «Nous devons enlever de leur visage le masque religieux, a-t-il ajouté, et montrer que, dessous, se profile le nihilisme». Le cardinal allemand a encore déclaré que «le terrorisme n’arrête pas le dialogue, mais pousse au contraire à l’intensifier pour lui retirer ses ressources». Des propos tenus lors de la cérémonie d’ouverture de la 19e Rencontre internationale de la communauté Sant’Egidio, intitulée ’Le courage d’un humanisme de paix’. (apic/imedia/ar/vb)