Un million de Malgaches ont assisté à la messe du pape à Soamandrakizay | © Keystone
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Madagascar: appel du pape à «laisser triompher l’esprit de fraternité»  

Dans une homélie exigeante, le pape François a appelé, le 8 septembre 2019 à Madagascar, à fuir les «sécurités trompeuses» du pouvoir, de la carrière et de l’argent. Le pontife célébrait la messe en présence de plusieurs centaines de milliers de personnes à Soamandrakizay, en bordure de la capitale malgache.

Selon les estimations optimistes des organisateurs, pas moins d’un million de Malgaches s’étaient pressés à Soamandrakizay pour participer à la messe dominicale présidée en français par l’évêque de Rome. Tandis que la foule agitait des petits drapeaux blancs et jaunes – les couleurs du Vatican – le pape passait parmi eux à bord de sa papamobile, avançant parmi les allées à allure particulièrement lente.

Tirade contre «l’Evangile de la prospérité»?

Il ne faut pas croire, a affirmé le pape dans son homélie, que «tout provient exclusivement de nos forces et de ce que nous possédons». «Plus que d’une victoire personnelle, notre vie et nos capacités sont le fruit d’un don», a-t-il insisté. Et le pontife de dénoncer la «course à l’accumulation» qui finit par être «étouffante et accablante» et conduit à employer des «moyens immoraux».

Par ces paroles s’adressant à tous les Malgaches, le pontife a certainement voulu mettre en garde contre une certaine ›théologie de la prospérité’ qui lie Salut et richesses terrestres. Les «gloires humaines» – argent, pouvoir, carrière – sont des «sécurités trompeuses», a prévenu l’évêque de Rome. Au contraire, la base de la justice et de la vie doit être la «sagesse du détachement personnel».

L’évangile du jour (Lc 14,25-33), a poursuivi le successeur de Pierre, énonce ainsi des «exigences» pour se mettre à la suite du Christ. Celles-ci, a- t-il expliqué, demande de «mourir à nos enfermements, à nos individualismes orgueilleux» afin de «laisser triompher l’esprit de fraternité». Il est donc nécessaire de fuir la tentation de se replier sur son «petit univers» pour regarder l’existence de ceux qui sont privés de tout. «Cela ne fait pas partie du plan de Dieu!», a interpellé le pape.

L’Evangile ne doit pas être manipulé

Ainsi, a-t-il affirmé, qui n’est pas capable de voir l’autre comme un frère ne peut être disciple du Seigneur. Le Royaume de Dieu ne se limite pas à un clan. Et ceux qui croient cela, a-t-il tancé, finissent par consacrer le privilège, le favoritisme, le clientélisme, le copinage et in fine la corruption. Identifier le Règne des Cieux avec des intérêts personnels amène à «instrumentaliser le nom de Dieu», à manipuler l’Evangile par de «sombres réductionnismes».

Par ces mots, le pontife a certainement voulu s’adresser plus particulièrement aux castes les plus hautes de Madagascar, pays profondément inégalitaire. Ce clivage était d’ailleurs visible pendant la cérémonie: les fidèles les plus éloignés de l’autel et du pape semblaient issus des classes les plus pauvres.

Marie, «aurore du Salut pour l’humanité»

A la fin de la cérémonie, l’évêque de Rome a remercié toutes les autorités ayant participé à l’organisation de cette visite pastorale sur ›l’île Rouge’. Avant de prier l’Angélus avec les fidèles, il a rappelé la célébration, le jour même, de la fête de la nativité de la Sainte Vierge, «aurore du Salut pour l’humanité».

A l’issue de la célébration, le pape François doit retourner à la nonciature apostolique pour le déjeuner. Dans l’après-midi, il visitera la ›ville de l’amitié’-Akamasoa fondée par le Père Pedro Opeka. (cath.ch/imedia/xln/rz)

Un million de Malgaches ont assisté à la messe du pape à Soamandrakizay | © Keystone
8 septembre 2019 | 10:42
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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