Malaisie: L’OCI refuse l’amalgame entre terrorisme et islam
Condamnation du «terrorisme d’Etat» pratiqué par Israël
Kuala Lumpur, 3 avril 2002 (APIC) Les pays musulmans ont refusé mercredi de qualifier de «terroristes» les kamikazes palestiniens auteurs d’attentats anti-israéliens et ont lancé un avertissement voilé aux Etats-Unis en cas d’attaque contre l’Irak.
Ces prises de position figurent dans la déclaration finale d’une session spéciale sur le terrorisme des 57 pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) réunis pendant trois jours à Kuala Lumpur au niveau des ministres des Affaires étrangères ou de leurs représentants.
Les délégués ont également averti que la guerre antiterroriste menée dans le monde était vouée à l’échec si les causes du terrorisme n’étaient pas combattues. Parmi ces causes, la déclaration cite «l’occupation étrangère, l’injustice et l’exclusion». La déclaration rejette «toute tentative d’associer Etats Islamiques ou résistance palestinienne ou libanaise et terrorisme».
Dans une référence à une éventuelle attaque des Etats-Unis contre l’Irak, les signataires se prononcent aussi contre «toute action unilatérale prise contre un pays islamique sous le prétexte de combattre le terrorisme international». La déclaration lance également un appel pour une conférence des Nations Unies destinée à «formuler une réponse commune et organisée de la communauté internationale au terrorisme dans toutes ses formes et manifestations».
Nouvelle définition du terrorisme
«La déclaration de Kuala Lumpur démontre notre réponse collective pour combattre le terrorisme et répondre aux défis qui affectent les Musulmans après les incidents du 11 septembre», a déclaré à la fin des travaux Syed Hamid Albar, ministre malaysien des Affaires étrangères et hôte de la conférence.
La déclaration de Kuala Lumpur «rejette toute tentative de faire un lien entre islam, musulmans et terrorisme, car le terrorisme n’est associé à aucune religion, civilisation ou nationalité». Les pays de l’OCI «condamnent sans équivoque les actes de terrorisme international sous toutes leurs formes et manifestations, dont le terrorisme» d’Etat, une accusation récurrente des pays musulmans contre Israël, poursuit le texte.
La recherche d’une définition large du terrorisme était l’un des objectifs du Premier ministre malaysien Mahathir Mohamad à Kuala Lumpur. «Tout le monde admet qu’il y a d’autres terroristes, d’autres extrémistes, partout dans le monde, qu’ils soient bouddhistes, hindouistes ou chrétiens», relevait Mahathir Mohamad dès le début de la conférence.
Terrorisme d’Etat
Les débats ont cependant été dominés par l’escalade de la violence au Proche-Orient et l’OCI n’a pas réussi à adopter une définition commune. M. Mahathir y avait inclus les attentats suicides de Palestiniens au même titre que les opérations israéliennes, qualifiant de terrorisme toute «attaque contre des civils». Cette définition recherchée s’est toutefois heurtée à de nombreuses objections de pays soutenant la cause palestinienne et refusant de condamner les attentats suicide palestiniens.
Dès l’ouverture du sommet, les participants ont adopté une position commune: «La conférence condamne fortement les attaques récentes de villes et villages palestiniens, de même que celle du quartier général de la présidence palestinienne mettant en danger la vie du président Arafat et des membres du gouvernement palestinien.» L’OCI voit là «une violation de toutes les lois internationales qui constitue le point culminant d’un terrorisme d’Etat.»
Selon Farouq al-Kaddoumi, chef de la délégation palestinienne à Kuala Lumpur, l’occupation subie par son peuple est la «pire forme de terrorisme». Il ajoute qu’elle est la source des attentats terroristes commis en Israël par des Palestiniens. (apic/ag/jpost/theind/fm)