L'anthropologue des religions Malek Chebel, ici en 2014 lors de la manifestation Le livre sur la place. (Photo: Flickr/actuaLitté/CC BY-SA 2.0)
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Malek Chebel, défenseur de «l'islam des Lumières», n'est plus.

L’algérien Malek Chebel, psychanalyste, anthropologue des religions, défenseur de «l’islam des Lumières», est décédé à 63 ans, le 11 novembre 2016, des suites d’un cancer.

«C’est une grosse perte pour l’ensemble des musulmans de France», a annoncé à l’AFP Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Malek Chebel, Algérien d’origine, est né en 1953 à Skikda. Il a obtenu un bac en philosophie. Il s’est installé à Paris en 1977 pour y préparer, après une licence de psychologie clinique passée à Constantine, un doctorat en psychopathologie et psychanalyse qu’il obtiendra en 1980. Il y a ajouté deux doctorats en ethnologie et en sciences politiques deux ans plus tard. Il a enseigné dans de nombreuses universités. Il fut décoré en 2008 de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy.

Malek Chebel n’a eu de cesse de lutter contre le fanatisme religieux et le manichéisme des fondalmentalismes qui, disait-il, ramène l’islam au 7e siècle. Ces efforts pour expliquer l’islam avaient également pour but de le faire connaître à l’Occident en abattant les clichés que les Européens en avaient. Il a plaidé pour un «islam des Lumières» qu’il a exposé, en 2004, en 27 propositions dans Le Manifeste pour un islam des Lumières. Il s’est fait le théoricien d’un «autre islam» moderne et tolérant.

En tant qu’anthropologue et psychanalyste, il a consacré une partie de son œuvre à l’érotique: le corps, l’amour et la sexualité dans l’islam. En 2004, avec Le dictionnaire amoureux de l’islam, il s’est intéressé aux questions qui se rapportent à l’islam en matière de mariage et d’érotique. il y explique, entre autre, le voile, la sexualité. Suivront, dans cette thématique, Le Kama-Sutra arabe, 2000 ans de littérature érotique en Orient, en 2006 et L’érotisme arabe, en 2014.

En trente ans d’une inlassable pédagogie et un peu plus de 40 livres, Malek Chebel a expliqué, analysé l’islam et le Coran, qu’il a traduit, aux enfants, aux adultes, et même aux «nuls». Le Coran pour les nuls et l’Islam pour les nuls se sont arrachés en librairie après les attentats de 2015.


«Dans le bel islam que je défends, les femmes ont toute leur place»

En novembre 2013, sur le plateau de «Faut pas croire», Malek Chebel s’effarait du fait que les femmes n’avaient pas le droit de conduire en Arabie Saoudite. «Dans le bel islam que je défends, les femmes ont toute leur place. Il faut qu’elle la prennent. Tout le problème est là: ce n’est pas tant l’islam que la société qui bloque les femmes, pour qu’elle puissent accéder à des postes à responsabilité et même à une certaine liberté, voire à une certaine dignité», expliquait-il. Répondant aux questions d’Aline Bachofner, il développé sa conception de la place des femmes dans la société, bannissant la burka qui n’avait «rien à voir avec le Coran» et en respectant les femmes qui choisissaient de porter le voile.  >Vers l’émission. (cath.ch/ag/bh)

L'anthropologue des religions Malek Chebel, ici en 2014 lors de la manifestation Le livre sur la place.
14 novembre 2016 | 00:29
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
Coran (40), Islam (394), Religion (31)
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