Fribourg: Le Père Bruno Holtz est interdit de récolter des fonds depuis 2010

Malgré les avertissements de ses supérieurs, il a poursuivi ses agissements

Fribourg, 16 novembre 2011 (Apic) La Société missionnaire de Bethléem (SMB) vient d’avertir le public de Suisse romande que le Père Bruno Holtz, habitant la communauté de Torry, à Fribourg, n’a plus le droit de récolter des dons, que ce soit pour des œuvres ou pour des finalités privées. Le Père Holtz, membre de la SMB, est une personnalité bien connue dans les milieux d’Eglise et au sein de la presse catholique.

Agé de 78 ans, le Père Holtz a également été très actif au service des communautés germanophones dans les paroisses du district du Lac. Les prêtres dans ces paroisses ont été entre-temps avertis de la situation. Le Père Holtz a emprunté de l’argent au sein de son cercle d’amis, ainsi qu’auprès de paroisses et de donateurs de la SMB et de Mission Bethléem Immensee (MBI). Il voulait ainsi aider une personne de la région de Fribourg qui aurait des tendances suicidaires.

Les sommes récoltées, qui n’ont jamais été remboursées malgré les promesses du Père Holtz, se montent, selon plusieurs sources, à des dizaines de milliers de francs. Le prêtre, depuis plus d’un an, tient toujours le même discours: un héritage que doit recevoir la personne aidée devrait être débloqué dans les jours qui viennent, «qui permettra largement de rembourser les sommes empruntées».

Le public romand enfin averti

Après avoir publié cette mise en garde – en juillet dernier déjà – dans la «Schweizerische Kirchenzeitung» (SKZ), l’organe officiel des diocèses de langue allemande de Suisse, la SMB a finalement averti le public romand. Elle l’a fait dans un communiqué publié dans la dernière édition d’»Evangile et Mission», le bimensuel officiel des diocèses romands (N° 19, datée du 9 novembre 2011).

Le Conseil général de la Société missionnaire, dont le siège est à Immensee, dans le canton de Schwytz, avait interdit par décret – en 2010 déjà! – toute récolte de dons au Père Holtz. La mesure, qui fait suite à une affaire qui continue sans interruption depuis plus de deux ans, a été effectivement prise en date du 31 juillet 2010, après l’insuccès de toutes les autres démarches, peut-on lire dans le communiqué signé par le Père Josef Meili, supérieur général de la SMB. «Le Père Holtz ne tient pas compte de cette mesure et continue de récolter des fonds», écrit le Père Meili. «Il s’agit, entre autres, d’emprunts qu’il promet de restituer quand celle-ci (la personne aidée, ndr) aura reçu un héritage promis». De simples fidèles ont encore été abusés il y a quelques semaines, alors que les congrégations religieuses étaient depuis longtemps averties.

Vers une plainte collective des personnes lésées ?

«Pour éviter tout dommage à des tierces personnes et pour protéger le Père Bruno Holtz lui-même, nous nous adressons au public comme nous l’avions annoncé à notre confrère au cas où il ne respecterait pas le décret», écrit le Père Meili, qui précise que «la Société missionnaire de Bethléem ne répond en aucun cas pour les agissements du Père Bruno Holtz». La SMB a pris contact avec des avocats tant à Lucerne qu’à Fribourg.

Interrogé mercredi 16 novembre par l’Apic, le Père Meili a répondu que tout avait été entrepris pour que le Père Holtz cesse ses agissements, mais en vain. Il ne voit de solution que dans une plainte collective des personnes abusées. Nombre de ces dernières ont de la peine à envisager cette solution, s’agissant d’une personne pour laquelle ils ont eu longtemps beaucoup d’estime. D’autre part, beaucoup lui ont avancé l’argent en toute confiance, sans faire signer de reconnaissance de dettes.

Selon le supérieur de la communauté de Torry, la SMB avait offert une porte de sortie au Père Holtz en mai 2010 déjà, mais ce dernier n’en a jamais tenu compte, «toujours persuadé d’avoir raison contre tous». Contacté le 16 novembre par l’Apic, le Père Bruno Holtz s’est dit toujours convaincu de l’existence de cet héritage qui lui permettra de rembourser les emprunts faits auprès de ses amis, connaissances et paroissiens. Il se dit conscient du tort qu’il inflige à l’image de la SMB en particulier et de l’Eglise en général, mais s’est dit une nouvelle fois persuadé que «tout devrait bientôt s’arranger». (apic/be)