Marche de soutien pour les victimes d'abus commis par un ancien curé à Fully

À l’initiative de descendants de personnes victimes d’abus en Église, survenus plus particulièrement à Fully où un curé a commis de nombreux abus sexuels entre les années 1930 et 1978, et en collaboration avec le Groupe SAPEC, le diocèse de Sion organise une marche de reconnaissance et de soutien dimanche 14 décembre 2025.

Les participants de cette marche de mémoire et de réconciliation se rendront à pied de la croix de Saxé, à côté de l’école, à l’église de Fully, où une messe sera célébrée par l’évêque de Sion, Mgr Jean-Marie Lovey, et lors de laquelle des personnes victimes d’abus prendront la parole.

«Cette marche entend exprimer la reconnaissance des torts commis et des souffrances de toutes les victimes d’abus, avec une demande de pardon dans un esprit de repentance sincère», peut-on lire sur le site du diocèse. De nombreuses personnes continuent de souffrir de ces crimes commis dans le diocèse de Sion et notamment à Fully. «Cette manifestation voudrait aussi ouvrir un espace de libération de la parole pour un apaisement des personnes souffrantes», dit encore le communiqué.

Près d’un demi-siècle d’abus à Fully

En janvier 2024, des informations recueillies dans le cadre de son audit indépendant mené par Vicario Consulting sur la gestion des cas d’abus sexuel a fait état de témoignages concomitants troublants à propos d’abus sexuels perpétrés par un ancien curé de Fully. Le diocèse de Sion a alors invité à se manifester toute personne susceptible d’avoir des informations sur «un curé d’une paroisse de la partie francophone du diocèse, resté en poste dans cette paroisse pendant 48 ans et décédé en 1983, (qui) aurait abusé de plusieurs personnes, adultes et enfants».

Les témoignages recueillis de son côté par Le Nouvelliste au sujet de ce curé sont éloquents. Une dizaine de sources – une victime directe, des descendants de victimes et des témoins de l’époque – y dressent le portrait d’un homme tout-puissant (à qui on doit l’église de la paroisse), décrit comme «un voyou», «un tordu devant lequel on faisait la génuflexion», «le sixième conseiller d’État» ou «certainement l’un des plus grands prédateurs de l’époque».

Le journal valaisan en déduit que «durant près d’un demi-siècle, jusqu’à la fin des années septante, l’homme a sexuellement abusé d’adultes et d’enfants tout en usant de son autorité et de sa position pour régner sur la vie sociale, politique, spirituelle, associative, scolaire et même sexuelle et intime des paroissiennes et des paroissiens de Fully». A son actif: des viols, des mariages arrangées de filles qu’il aurait mises enceintes, des enfants de familles récalcitrantes «interdits d’instruction», des internement de force de paroissiens, des pressions sur les autorités communales…

La liste de ses méfaits répertoriés par Le Nouvelliste est large. Et cela sans qu’aucune plainte pénale n’ait jamais été déposée contre lui, a confirmé le Ministère public. Ce qui surprend aussi d’aucuns, c’est la longueur de l’exercice de son ministère dans une même paroisse: 48 ans, ça laisse le temps de tisser sa toile.

«Nous remercions toutes les personnes qui osent témoigner»

Certains de ces témoignages étaient connus depuis quelque temps à l’évêché, ce qui a motivé l’appel aux victimes lancé par le diocèse et l’audit Vicario. D’autres sont entièrement nouveaux. «Jusqu’ici, il était difficile d’obtenir des renseignements précis, et nous ne pensions pas qu’il y avait autant de personnes concernées, explique l’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion. Comme chacun sait, nos archives sont extrêmement lacunaires. Nous remercions toutes les personnes qui osent témoigner. Nous les croyons, nous leur demandons pardon, nous les assurons de notre compassion et nous voulons tout mettre en œuvre pour que de telles situations ne se renouvellent plus.»

La marche de ce dimanche 14 décembre est un pas de plus effectué dans cette direction. (cath.ch/com/le nouvelliste/lb)