Marko Rupnik renvoyé de la Compagnie de Jésus

Le Père Marko Ivan Rupnik, célèbre mosaïste slovène mis en cause dans plusieurs affaires d’abus sexuels, a été renvoyé de la Compagnie de Jésus le 9 juin 2023 «en raison de son refus obstiné d’observer le vœu d’obéissance». C’est ce qu’a annoncé le Père Johan Verschueren, délégué pour les Maisons et Œuvres interprovinciales de la Compagnie de Jésus à Rome, dans un communiqué publié le 15 juin. Plusieurs médias ont rapporté que le prêtre avait récemment voyagé hors de la capitale italienne malgré les restrictions qui lui étaient imposées.

C’est «avec le cœur brisé» mais «conformément au droit canonique» que le supérieur général de la Compagnie de Jésus, le Vénézuélien Arturo Sosa, a décidé de renvoyer le Père Rupnik, annonce le communiqué. La direction des jésuites, après avoir pris connaissance des plaintes de femmes adultes visant le prêtre slovène, l’avait contraint, en février dernier, à changer de communauté et à accepter une nouvelle mission, «dernière chance en tant que jésuite d’assumer son passé».

«Face au refus répété de Marko Rupnik d’obéir à ce mandat, il ne restait malheureusement qu’une seule solution: la démission de la Compagnie de Jésus», rapporte le Père Verschueren. Marko Ivan Rupnik dispose cependant de 30 jours, à compter du 14 juin 2023, pour faire appel.

Excommunié provisoirement

La Compagnie de Jésus assure ne pas souhaiter apporter de nouveaux éléments sur cette expulsion avant qu’elle soit effective – soit pas avant le 14 juillet prochain. Le Père Verschueren a aussi affirmé à l’agence I.MEDIA que les jésuites ne «communiquaient directement» sur cette affaire qu’avec deux médias: le quotidien italien La Repubblica et l’agence américaine Associated Press (AP).

À la fin de l’année 2022, après des révélations dans la presse italienne, les jésuites avaient admis que le Père Rupnik avait été déclaré excommunié en 2020 pour avoir utilisé le confessionnal afin d’absoudre une femme avec qui il avait eu des relations sexuelles. Il s’était cependant repenti et avait vu la sanction rapidement levée.

Voyage non autorisé

Après ces révélations, neuf femmes ont accusé le célèbre mosaïste, dont les œuvres décorent des églises et sanctuaires du monde entier, d’avoir abusé d’elles sexuellement, psychologiquement et spirituellement dans les années 1990. L’Église considère cependant que les faits sont prescrits. Quinze autres témoignages contre le Slovène seraient parvenus aux jésuites depuis, rapporte AP.

Selon le journal italien Domani, le Père Rupnik, à la tête d’un important atelier de mosaïque à Rome, se serait rendu à l’étranger – en Croatie et en Bosnie-Herzégovine – ces dernières semaines pour inaugurer une fresque et en restaurer une autre. Il aurait ainsi transgressé les ordres émis par la direction jésuite, qui lui avait demandé de ne pas quitter l’Italie centrale pour collaborer aux enquêtes en cours. (cath.ch/imedia/cd/rz)