Les Eglises catholique et évangélique dénoncent

Maroc:Cinq missionnaires évangéliques expulsés du royaume pour prosélytisme

Rabat, 13 avril 2009 (Apic) Cinq missionnaires étrangers ont été expulsés du Maroc, début avril, pour prosélytisme. Les Eglise catholique et évangélique ont dénoncé cette propagande visant à apostasier des musulmans.

Ces missionnaires sont accusés de mener une «propagande évangélique» dans le royaume, a annoncé le ministère marocain de l’Intérieur. Il s’agit de quatre espagnols et d’une allemande, a précisé l’agence de presse amricaine AP (Associated Press). Ils ont été interpellés par les services de la police Judiciaire de Casablanca alors qu’ils tenaient une réunion avec des musulmans.

De nombreux supports d’évangélisation ont été saisis sur les lieux du culte, dont des Bibles, de la littérature chrétiennes, des cassettes vidéo religieuses en langue arabe et plusieurs autres objets de culte, a précisé le ministère de l’Intérieur.

Une semaine auparavant, le gouvernement marocain avait exprimé sa détermination de faire face, avec «fermeté et dans le cadre des lois en vigueur, à tous les agissements, écrits et livres visant à porter atteinte aux valeurs religieuses et morales de la société marocaine», en allusion au prosélytisme chiite au Maroc.

A la suite de ces expulsions, les «Eglises officielles» du Maroc ont réfuté tout lien avec des groupes de prosélytisme. Selon la correspondante au Maroc du journal algérien en ligne, «Magharebia», le gouvernement marocain a, lui aussi, réaffirmé son engagement envers la liberté de religion, malgré l’expulsion, dimanche 29 mars, des cinq missionnaires chrétiens. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Khaled Naciri a déclaré que son pays garantissait la liberté de religion, dès lors qu’aucun acte de prosélytisme ni d’évangélisation n’était constaté. Il a expliqué que les Eglises du Maroc sont parfaitement au courant de la situation.

Réactions des responsables catholiques

L’archevêque de Rabat, Mgr Vincent Landel, et le pasteur de l’Eglise évangélique du Maroc, le révérend Jean Luc Blanc, ont dénoncé toute activité de prosélytisme dans le royaume. Dans un communiqué rapporté par Maghrebia, ils se sont attachés à souligner le rôle essentiel joué par les «Eglises officielles» dans l’aide aux chrétiens vivant au Maroc.

Le chef de l’Eglise catholique au Maroc a nié entretenir de quelconques relations avec ces missionnaires et a dénoncé l’amalgame commis de certains médias. «Les missionnaires qui viennent convertir les musulmans n’ont aucun lien ni avec l’Eglise catholique, ni avec l’Eglise protestante. Ce n’est pas en notre nom qu’ils obtiennent leurs cartes de séjour au Maroc», souligné Mgr Landel.

L’archevêque a aussi expliqué que la mission de l’Eglise universelle au Maroc est d’aider les chrétiens à vivre leur foi, tout en sachant qu’ils se trouvent dans un pays musulman. «Nous les aidons à entrer dans un dialogue islamo-chrétien, à respecter leurs frères musulmans et avoir confiance en eux», a-t-il fait remarquer, ajoutant qu’un tel dialogue «exclut tout type de prosélytisme au niveau intellectuel et théologique».

Réactions musulmanes

De son côté, déclaré Khalid Cherkaoui Semouni, président du Centre marocain des droits de l’Homme, a déclaré que «tout comme les pays occidentaux protègent la laïcité et la foi chrétienne contre la propagation de l’Islam, le Maroc a le droit de protéger sa religion». «C’est ce qu’affirme la législation marocaine, en interdisant de tenter de convertir les individus. L’Etat a le droit d’appliquer la loi», a-t-il relevé.

Pour sa part, Lahcen Daoudi, responsable au Parti islamiste Justice et Développement (islamiste modéré), a fait noter qu’on ne peut pas «parler de liberté de religion dans ce cas (de prosélytisme), parce que le prosélytisme a pour but de convertir les gens». «Nous demandons aux autorités marocaines de soutenir les associations marocaines qui oeuvrent à la propagation de l’Islam, ainsi que les imams, et les groupes d’études du Coran», a-t-il plaidé. Selon lui, l’Etat, à lui seul, ne peut faire face à ces tentatives de prosélytisme et a besoin du soutien de la société civile pour surveiller ces activités et ces programmes d’enseignement. (apic/ibc/js)

13 avril 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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