Maroc: Intégristes musulmans «mangeurs de coeurs»

Accusés de mettre enceintes de plus en plus de jeunes filles

Rabat, 14 novembre 2005 (Apic) Les intégristes musulmans du Maroc sont des «mangeurs de coeur». Plusieurs jeunes filles-mères, des étudiantes, les accusent de leur avoir fait un bébé hors mariage, puis de les abandonner. Au nom de la fraternité islamiste, ont-elles expliqué, elles se sont laissées mettre enceintes, puis rejeter.

Le quotidien marocain, «Libération», paraissant à Casablanca, la seconde ville du royaume, a rapporté des témoignages émouvants de ces «filles-mères». Les barbus intégristes présentent le mariage comme une  » invention européenne destinée à porter atteinte aux croyances musulmanes». Ils veulent instaurer leur propre loi. Or, le Coran au nom duquel ils se battent, est strict en matière d’union. «Le mariage ne peut être reconnu comme liaison légitime que sous certaines conditions comme la dot, le libre consentement des époux et l’annonce devant des témoins», précise-t-il.

«Le malheur est que ce fléau touche les étudiantes et non comme on l’a toujours cru, les petites bonnes sans défense et les pauvres filles analphabète», a déploré la responsable de l’Association Solidarité féminine (Asf), à but social. Toutes les victimes sont des intellectuelles voilées. Elles ont dit avoir été trompées dans leur âme et dans leur conviction religieuse. Elles ont cru profondément et naïvement à ce que leur affirmait leurs «frères» intégristes. Face à l’ampleur du phénomène, l’Asf a mis en place programme d’information et de sensibilisation auprès de la jeunesse estudiantine.

Les circonstances de ces mésaventures se terminant par un bébé à la clé sont nombreuses. «C’est mon frère, intégriste lui aussi, qui m’a mariée à l’un de ses frères (islamiste)», a déclaré une jeune fille-mère. Une autre a été «donnée en mariage» par sa propre mère, alors qu’une malheureuse s’était laissée séduire par son amant fondamentaliste. Une jeune fille voilée a accepté, «par amour et conviction», de se marier en cachette en attendant que ses parents changent d’avis sur son prétendant.

Dupée par «l’aspect sérieux» de son abuseur

Elle dit avoir été dupée par l’aspect sérieux de celui-ci, qu’elle admirait par sa barbe et ses vêtements. Il était en outre sans travail et sans aucune situation lui permettant de fonder une famille. Une autre jeune fille fondamentaliste dit avoir été conduite à la mosquée où un chef de clan l’a immédiatement présentée comme l’une de ses multiples femmes. Mais une fois en état de grossesse, elle a été rejetée par celui-ci. Deux autres étudiantes abusées ont souligné comment leurs «amis» barbus ont voulu ensuite leur enlever leur enfant, pour, ont-ils dit, l’adopter.

«Ce n’est pas un pêché», a affirmé Houria, l’une de ces nombreuses victimes. «J’étais mariée à la seule différence que seul Dieu le savait. Devant Allah, mon enfant n’est pas un bâtard mais devant la société et ma famille, il l’est», a-t-elle dit.

Ces jeunes filles-mères sont maintenant prises en charge par l’Asf. Car, elles n’ont aucun droit. Elles ont été abandonnées très tôt par leurs faux maris qui se dérobent à toute responsabilité. Soudés entre eux, ces «frères» se protègent les uns les autres. Personne n’ose s’attaquer à eux en portant plainte ou en réclamant qu’ils reconnaissent l’enfant, affirme l’Asf.

La présidente de l’Asf, Aicha Ech-Channa, s’est déclarée «outrée» en découvrant cette triste réalité, à travers le témoignage des victimes. «Il faut savoir que ces filles abandonnées avec leur enfant ont très peur des représailles. Elles ne cessent de répéter qu’elles veulent tout oublier», a-t-elle indiqué.

«Notre association n’est pas seulement un refuge, mais nous tentons de corriger certaines situations et d’offrir ainsi à l’enfant conçu en dehors du mariage une famille et une reconnaissance juridique et sociale», a-t-elle ajouté.

En réponse à une question sur le test d’ADN, la présidente de l’Asf lance encore, sceptique: «si ces hommes ont été capables d’abuser des jeunes filles au nom d’Allah, pensez-vous qu’ils accepteraient de se prêter à ce type de test ?» (apic/Ibc/vb)

14 novembre 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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