Maroc: Le gouvernement dénonce une fatwa d’oulémas
Rabat, 11 octobre (APIC) Le ministère marocain des Habous et des Affaires islamiques a dénoncé mercredi un avis religieux (fatwa) défavorable émis la semaine dernière contre une participation du pays à la campagne anti-terroriste menée par les Etats-Unis. Le ministère a rejeté ce document, le qualifiant de «pseudo fatwa», estimant que seul le roi a le droit de parler au nom des musulmans.
Dans le texte publié par la presse marocaine, les oulémas ont considéré que la participation du Maroc à l’alliance envers le terrorisme menée par les Etats-Unis «n’est pas permise» et cet engagement constituerait une «apostasie», car dirigé contre un Etat ou un groupe musulman. En outre, ils ont critiqué la participation de membres du gouvernement à la cérémonie œcuménique qui a eu lieu, au lendemain des attentats du 11 septembre, à la cathédrale Saint-Pierre de Rabat à la mémoire des victimes. «La prière d’un musulman ne peut se faire dans un lieu de culte chrétien ou juif», ont ils souligné dans leur texte.
Dans sa réponse, le ministère des Habous et des Affaires islamiques a précisé, sur ce point, qu’il s’agissait d’une «cérémonie oratoire où musulmans, juifs et chrétiens s’étaient réunis pour réaffirmer leur attachement à la paix (…) et pour dénoncer la violence et le terrorisme quel qu’en soit l’auteur et quels qu’en soient la cause et le motif».
Prêcheurs de la haine
Revenant sur l’avis religieux, il a affirmé qu’aucune «personne (au Maroc) n’est habilitée à émettre des fatwas en dehors du collège des oulémas dont le conseil supérieur est présidé par le roi Mohammed VI, commandant des croyants». Selon la loi marocaine, le souverain a le titre de «amir al moumine», c’est à de «commandant des croyants». Lui seul peut parler et agir au nom de l’islam qui est la religion d’Etat dans le royaume. Le Maroc dispose d’une Ligue des oulémas qui compte plus de cent membres. Celle-ci n’a pas encore pris position sur la «fatwa» controversée.
En revanche, elle a suscité d’autres mises au point. L’agence de presse officielle MAP (Maghreb Arabe Presse) a rapporté que neuf des théologiens cités comme signataires de la «fatwa» ont démenti tout lien avec l’avis religieux. Leurs noms ont été ajoutés de «manière frauduleuse». Cela relève du «pur mensonge», ont-ils souligné dans un communiqué. Ils accusent les auteurs de cette «fatwa» de recourir «à la falsification et à l’usurpation des signatures de ceux qui ne partagent pas leurs avis jurisprudentiels (ijtihad) et leurs maigres connaissances en matière de charia (ou loi islamique)», ont-il dit. Ils ont fustigé «l’improvisation et l’insuffisance intellectuelle» des auteurs de la l’avis religieux incriminé.
En début de semaine, le quotidien pro-gouvernemental, «Libération», avait déjà violemment réagi à la «fatwa», en écrivant en substance que «ces prétendus oulémas sont des prêcheurs de la haine». (apic/ibc/pr)