Les professionnels du cinéma dénoncent l’intolérance islamiste
Maroc: Plusieurs films locaux interdits de projection sous pression de religieux
Rabat, 16 janvier 2003 (APIC) Une vive polémique a éclaté au Maroc, après la censure, sur initiative de députés islamistes modérés, d’un film qui, selon son réalisateur, traite de la «féminité de l’homme», de la corruption dans la police et l’armée, et de la vie dans la société. Mais, selon le groupe parlementaire fondamentaliste du Parti Justice et Paix (Pjd) qui compte 40 députés, l’oeuvre contient des scènes «obscènes», a rapporté l’AFP.
Le film controversé est un long métrage qui a pour titre: «Une minute de soleil en moins». Il a été réalisé par Nabil Ayouch. Le Pjd avait demandé à la commission de censure du Centre Cinématographique Marocain (CCM) d’interdire sa diffusion et de faire rembourser par son auteur l’aide publique qu’il avait obtenue pour sa réalisation. La commission a accepté de bannir le film. Le ministre marocain de la Communication en charge du département cinématographique, Nabil Benabdellah, a approuvé cette mesure. Il a précisé que la commission de censure «n’hésite pas à censurer les scènes attentatoires à la pudeur quelle que soit la nationalité du film et à interdire tout film qu’elle juge contraire à nos traditions et à notre religion».
En réaction à la mesure d’interdiction, le Groupement des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs de Ciméma Marocain (Garp) ont dénoncé la montée de «l’intolérance» islamiste dirigée contre la création cinématographique dans le royaume. Dans un communiqué, il a appelé l’opinion publique à couper court aux «visées obscurantistes des censeurs autoproclamés». Il faut s’opposer «aux fanatiques qui tentent d’imposer leur pensée unique et de semer l’intolérance et la zizanie dans la société».
Selon le Garp, un «groupuscule fanatique» a récemment empêché la projection, dans une université locale, d’un film intitulé «Femmes et Femmes» du réalisateur Saâd Chraïbi. «La guerre du pétrole», un autre film tourné par Souheil Benbarka, a lui aussi été censuré par les autorités marocaines.
Le groupement a critiqué cette censure officielle et déploré «les amalgames entre sexe et pornographie». Il a estimé, dans son communiqué, que les cinéastes, comme tous les autres créateurs sont libres de traiter du sexe dans leurs oeuvres. (apic/ibc/bb)