Campagne de conversion menée par des évangélisateurs français
Maroc: Près de 3’500 Marocains convertis au christianisme en 2007
Rabat, 25 avril (Apic) Près de 3’500 Marocains se seraient convertis au christianisme en 2007, a rapporté l’hebdomadaire «Maroc-Hebdo», dans sa dernière livraison. Parmi eux figurent des intellectuels, cible privilégiée de cette campagne d’évangélisation qui s’intensifie dans le royaume. L’Eglise catholique n’est pas impliquée.
Fin mars dernier, deux évangélisateurs français ont été arrêtés à Zagora (sud du pays). Les deux hommes étaient entrés au Maroc comme touristes. Au moment de leur arrestation dans un camping, ils étaient en possession d’un nombre important de livres et de CD rom en français et en arabe sur le christianisme. Ils sont soupçonnés de vouloir convertir la population. Selon la loi marocaine, ils risquent une peine de six mois à trois ans d’emprisonnement et une amende de 100 à 500’000 dirhams (dirhams (14 à 70’000 frs).
Ce n’est pas la première affaire du genre au Maroc. En 2006, un Allemand d’origine égyptienne, Sadek Noshi Yassa, a été condamné à six mois de prison ferme pour conversion de Marocains musulmans au christianisme par un tribunal de première instance à Agadir. Des rumeurs de plus en plus persistantes font état de multiplication des campagnes de prosélytisme au Maroc, rapporte Maroc-Hebdo, dans son enquête.
Plus de mille évangélistes auraient sillonné discrètement le pays depuis plus de dix ans pour «prêcher la parole de Jésus». Une situation qui ne laisse pas indifférent le ministère des Habous (Biens religieux) et des Affaires islamiques. Il a tiré la sonnette d’alarme et interpellé le ministère de l’Intérieur pour «identifier et contrôler» les mouvements de prêcheurs venus d’outre-mer.
Des promesses irréalistes
Au Maroc, les habitants des régions rurales les plus reculées, surtout les populations berbères, seraient les plus concernés par la reconversion religieuse. La stratégie des missionnaires consiste à leur miroiter la possibilité de quitter le pays en facilitant l’octroi d’un visa d’entrée en Europe ou une somme d’argent ou encore les deux. Ils ne se contentent plus des populations défavorisées, mais ratissent large, a expliqué le pasteur de la paroisse protestante française de Casablanca, Jean-Luc Blanc. Dans un entretien avec le site d’information, Afrik.com, repris par Maroc-Hebdo, il a déclaré qu’un «certain nombre de Marocains, anciennement de confession musulmane, qui se sont convertis au christianisme, sont des intellectuels, ou plutôt des personnes appartenant à la classe aisée».
La World Christian Database ou Centre pour l’étude du christianisme mondial (CECM), cité par Maroc-Hebdo, souligne que le christianisme est la religion dont le taux de croissance au Maroc est le plus élevé. Il donne le chiffre de 3’000 à 3’500 conversions en 2007, alors qu’en 2005, ils étaient 2’000 à 2’500. Des chiffres toutefois difficiles à vérifier du fait que les nouveaux convertis se font discrets par peur de sanction, puisqu’au Maroc comme dans les autres pays arabes, l’apostasie est punie de peine de mort dans l’islam.
L’Eglise catholique rejette ces formes de reconversion qui ne sont pas les leurs. Dans une interview au quotidien «Aujourd’hui le Maroc» et cité par Maroc-Hebdo, l’archevêque de Rabat, Mgr Vincent Landel, a déclaré en 2005: «Ma mission est de vivre ma foi et non pas d’essayer de convaincre qui que ce soit». L’ancien ministre des Habous et des affaires religieuses, Ahmed Taoufik, confirme que les responsables catholiques travaillent «pour l’encadrement de leurs frères chrétiens établis ou de passage au Maroc». (apic/ibc/bb)